Il n'avait plus parlé en public depuis le 30 avril dernier, soit au surlendemain de l'éclatement de l'affaire des quotas. Vendredi soir, et durant une dizaine de minutes, le sélectionneur des Bleus est revenu sur l'affaire des quotas et ses conséquences dans le 20 Heures de TF1. Ce qu'il faut en retenir en cinq points.
Un homme blessé. Laurent Blanc n'avait pas encore parlé qu'on avait déjà saisi son état d’esprit. La mine grave, les sourcils froncés, le sélectionneur national a montré d'emblée combien il avait été affecté par ces deux semaines de polémique. Les premiers mots ont confirmé le langage corporel. "J'ai très mal vécu cette affaire, je la vis encore très mal même si j'ai eu beaucoup de témoignages de soutien", a confié le sélectionneur. "L'épreuve, c'est moi qui la vit. On est allé au-delà du sélectionneur, on a touché l'homme, et ça a été une épreuve difficile à supporter. (...) Heureusement, votre entourage vous rappelle qui vous êtes." A lire : Blanc : "j'y crois encore"
La tentation de la démission. Même s'il n'a pas présenté sa démission, comme cela avait pu être avancé par certains médias, Laurent Blanc a confié qu’il avait hésité à quitter ses fonctions de sélectionneur national. "Ça m'a effleuré l'esprit", a-t-il concédé. "On ne devient pas sélectionneur pour être au milieu de cette tempête, mais démissionner n'aurait pas été la bonne solution. Le moral et l'envie de continuer ont repris le dessus." Jeudi, lors de son conseil extraordinaire, le conseil fédéral de la Fédération française de football a décidé de ne pas sanctionner Laurent Blanc et d'ouvrir des enquêtes disciplinaires contre le DTN François Blaquart et le directeur général adjoint de la FFF André Prévosto, qui avait reçu l'enregistrement de la réunion du 8 novembre 2010 sans en avertir sa hiérarchie.
Des excuses renouvelées. Le sélectionneur des Bleus a réitéré ses excuses pour les mots prononcés lors de cette réunion sur la mise en place éventuelle de quotas dans les centres de formation français. "Je tiens à m'excuser pour les propos tenus lors de cette réunion qui a complètement dérapé", a déclaré Blanc. "Je suis en colère vis-à-vis de moi pour avoir tenu ces propos, qui, sortis de leur contexte, peuvent entraîner un amalgame blessant pour les gens que je connais et pour ceux que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas, mais qui ont pu se sentir blessés. Je m'excuse auprès d'eux." Au cours de cette réunion, Laurent Blanc avait déclaré, selon les enregistrements mis en ligne par Mediapart : "on a l'impression qu'on forme vraiment le même prototype de joueurs: grands, costauds, puissants (...). Qu'est-ce qu'il y a actuellement comme grands, costauds, puissants? Les Blacks (...) Les Espagnols, ils m'ont dit: "nous, on n'a pas de problème. Nous, des Blacks, on n'en a pas."
Un débat qui s’envenime. Cette réunion du 8 novembre sur la formation française, Laurent Blanc n'en avait pas été à l'origine. Mais le sélectionneur a expliqué vendredi qu'il ne regrettait pas d'y avoir participé. "C'est le rôle du sélectionneur de réfléchir à l'avenir du football et des problématiques à solutionner". Sur la question des joueurs binationaux sous-tendue par la polémique des quotas, Laurent Blanc s'est interrogé - "ou c'est un faux débat et c'est un faux problème ou alors vous l'admettez et il faut échanger" - avant de regretter : "dans notre pays, il est difficile de débattre, d'échanger sans que l'interprétation soit différente de ce que vous pensez". Dans un entretien accordé à l’AFP, Laurent Blanc a ajouté : "s'il y a débat, comme c'est un sujet sensible, il faut faire très, très attention à l'utilisation des mots".
Une mission à accomplir. Après avoir songé à démissionner, Laurent Blanc s'est recentré sur son objectif, à savoir qualifier les Bleus pour le prochain championnat d'Europe des nations, en 2012. "Je vais m'écarter de ça (les débats qui sont du domaine de la DTN ndlr) et me concentrer sur mon unique objectif, à savoir la qualification." Fatigué par cette polémique, Laurent Blanc a semblé n’attendre qu'une seule chose : que l'on reparle du terrain, à l'occasion du primordial Biélorussie-France du 3 juin prochain.