La classe politique n'apprécie pas le spectacle offert par l'équipe de France en Afrique du Sud.Le mélodrame de l'équipe de France lors de la Coupe du monde en Afrique du Sud fait réagir jusqu'aux plus hautes sphères de l'Etat. Les insultes de Nicolas Anelka, la fronde des joueurs qui boycottent l'entraînement... autant de faits qui parviennent à allier tout le spectre politique dans une condamnation quasi-unanime. Réunion de criseEric Besson a ainsi demandé lundi sur i-Télé que la "mascarade cesse". "Se rendent-ils compte de l'image que les joueurs renvoient?", s'est-il interrogé. "A l'étranger, tout le monde se moque de nous", a déploré le ministre, dénonçant le "climat délétère au sein de l'équipe de France". Les joueurs doivent "retourner sur le terrain et jouer au ballon." Dimanche soir, Roselyne Bachelot avait déploré que "l'indignation des Français (était) grande". Une réunion de crise se prépare : "lundi, je réunirai à Bloemfontein le capitaine, Patrice Evra, Jean-Pierre Escalettes (le président de la FFF), et puis évidemment Raymond Domenech, parce qu'il faut que nos joueurs se ressaisissent", a indiqué la ministre des Sports sur TF1."Je suis comme tout le monde navré par ce spectacle pitoyable", a lâché le ministre du Travail, Eric Woerth, amateur déclaré de ballon rond. Son collègue Bernard Kouchner (Affaires étrangères) y a vu "une caricature de la France", "vraiment un feuilleton épouvantable". "Je ne veux pas que la France ressemble à notre équipe de football", a dit un de ses prédécesseurs au Quai d'Orsay, Dominique de Villepin. Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, a de son côté pointé le devoir d'exemplarité des joueurs : "Comment voulez-vous que des jeunes respectent leurs professeurs s'ils voient Anelka insulter l'entraîneur ?", s'est-elle demandée."Un climat que Sarkozy a exalté"A gauche, la condamnation est tout aussi franche. "On est un peu abasourdis parce que là, c'est la faillite générale", a déclaré Pierre Laurent, le nouveau secrétaire national du Parti communiste. "On est à mille lieues des valeurs du foot, à mille lieues de ce qu'on attend en termes de solidarité des uns et des autres", a-t-il déploré, estimant que "la Fédération française de football (avait) l'air d'être complètement à la rue".D'autres ont fait le lien avec la France de Nicolas Sarkozy. "Il règne en équipe de France un climat qu'au fond Nicolas Sarkozy a exalté: c'est l'individualisme, l'égoïsme, le chacun pour soi, et la seule échelle de valeur de la réussite humaine c'est le chèque touché en fin de mois", a ainsi déclaré le socialiste Jérôme Cahuzac sur Radio J. Et le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale de dénoncer une équipe contaminée par le "bling-bling".La tonalité est la même chez François Bayrou. "Le naufrage de l'équipe de France, à mon sens, nous dit quelque chose des faiblesses de la France, d'un modèle de société fondé sur l'argent plus fort que tout, adulé, institué en valeur" et sur la promotion de "fausses stars", a déclaré sur RTL le leader du MoDem, qui prend toutefois soin de ne jamais citer le chef de l'Etat, avec qui il s'est récemment réconcilié."Pas d'intervention politique"La question des responsabilités est également sur toutes les lèvres. Pour Dominique Paillé la Fédération française est fautive. "Que les responsables qui ont conduit à ce qui est aujourd'hui un fiasco sachent en tirer les conclusions eux-mêmes, c'est une question d'honneur", a affirmé le porte-parole de l'UMP sur RTL. Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique Georges Tron a lui abondé, mettant aussi en cause à mots couverts Raymond Domenech. "On a sans doute eu tort de maintenir un entraîneur qui était déjà décrié il y a deux ans" après la contre-performance de l'Euro 2008, a-t-il dit sur BFM.Roselyne Bachelot a elle choisi de temporiser. "En ce moment, l'heure n'est pas à tirer des bilans, mais l'heure viendra très vite", a assuré la ministre de la Santé et des Sports. A la question de savoir si "une intervention politique" était nécessaire pour remettre de l'ordre le conseiller spécial de l'Elysée Henri Guaino l'a toutefois exclue. "Je ne vois pas que de quelle décision politique la situation actuelle pourrait relever : on ne peut pas décréter la cohésion de l'équipe de France", a fait remarquer ce très proche de Nicolas Sarkozy sur i-TELE.Martine Le Pen va elle plus loin que tout le monde. La vice-présidente du FN est allée jusqu'à demander la démission de la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, pour "l'humiliation mondiale" subie par le pays.REAGISSEZ - Et vous, comment qualifiez-vous l'attitude des Bleus ce week-end ?