Lundi soir, lors de la conférence de presse d'avant-match, Pep Guardiola, l'entraîneur de Manchester City, avait dit à propos de Monaco : "C'est super de les regarder jouer." Après le huitième de finale aller entre les deux équipes, qui s'est conclu mardi soir sur le score spectaculaire de 5-3 (une première pour un match aller de phase finale de la Ligue des champions), on serait tenté d'ajouter : c'est super de regarder jouer Monaco ET Manchester City.
Pourtant, une seule des deux équipes va se qualifier pour les quarts de finale à l'issue du match retour, prévu le mercredi 15 mars au Stade Louis-II de Monaco. Et la question qui se pose aujourd'hui après ce match incroyable est la suivante : en une grosse dizaine de minutes, durant laquelle elle a encaissé trois buts, l'ASM a-t-elle laissé filer sa qualification ? Pas si sûr.
2-0 et c'est bon. Les huit buts embuent quelque peu notre regard. 5-3, ça veut dire quoi ? D'abord que la probabilité d'assister à une prolongation dans trois semaines est très faible. Mais aussi que Monaco sait ce qu'il doit faire. Le milieu de terrain portugais des Rouge et Blanc, Bernardo Silva, une nouvelle fois excellent mardi soir, nous résume clairement la situation : "Pour le match retour à la maison, il faut marquer et n'en prendre aucun." 2-0 et l'ASM retrouvera effectivement les quarts de finale de la compétition, deux ans après.
Du fait des trois buts inscrits à l'extérieur, le club de la Principauté serait également qualifié en cas de victoire sur le score de 3-1 ou de 4-2. Ce 5-3 concédé à l'Etihad Stadium contraint donc les Monégasques à jouer l'offensive. Ça tombe bien, avec 76 buts marqués en Ligue 1 (2,92 buts par match en moyenne), l'équipe de Leonardo Jardim est la meilleure attaque d'Europe.
50% de chances selon les statistiques. 5-3 lors du match aller ? Les précédents européens sont peu nombreux mais ils existent. Depuis la saison 1970-71, c'est arrivé six fois, nous apprend L'Équipe. Et à trois reprises, le club qui s'était incliné à l'aller s'était finalement qualifié. Trois fois sur six, c'est une fois sur deux, soit 50%. Un autre site de statistiques, le Néerlandais Gracenote, retient lui le chiffre de 40% de chances. Malgré tout, ce que dit l'histoire des Coupes d'Europe, c'est que la balle est au centre avant le match retour.
Trois semaines pour s'en remettre. Conséquence de l'étalement des huitièmes de finale sur huit soirées différentes et cinq semaines - merci l'UEFA -, les deux équipes se retrouveront le mercredi 15 mars, soit 22 jours après le feu d'artifice vécu mardi, ce qui laisse le temps aux Monégasques de se remettre de cette douloureuse défaite mais aussi au rapport de forces d'évoluer.
Car pendant ces trois semaines, les deux équipes, encore engagées dans leur coupe nationale respective, vont jouer non pas trois, mais quatre matches. Monaco ira à Guingamp samedi, à Marseille mercredi prochain en Coupe de France, recevra Nantes le dimanche 5 mars et Bordeaux le samedi suivant. City a un calendrier à peine moins copieux, avec notamment un derby contre United dès dimanche. Et qui dit accumulation de matches, dit risques de blessure, possible méforme ou crise de confiance. Le match Monaco-City n'aura peut-être donc rien à voir avec le match City-Monaco.
Il faudra mieux maîtriser le scénario et… Une chose est acquise : ce ne seront pas les mêmes acteurs. Et pour cause, le défenseur polonais de l'ASM, Kamil Glik, a reçu mardi soir un deuxième avertissement dans la compétition, ce qui signifie qu'il sera suspendu pour le match retour. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la défense monégasque, bien mise à mal à l'Etihad.
En effet, si l'actuel leader de la Ligue 1 veut conserver des chances de qualification, il lui faudra certes marquer au minimum deux buts mais resserrer certainement aussi les boulons en défense et reprendre confiance. On pense notamment au gardien croate Danijel Subasic, coupable d'une énorme faute de mains sur le premier but de Sergio Agüero mardi et pas totalement maître de sa sortie au devant du même attaquant argentin, sanctionné d'une simulation, en première période. L'ASM devra être maîtresse de ses nerfs et mieux maîtriser la rencontre, ce qu'elle n'a jamais vraiment fait mardi soir. Car il est possible qu'un autre match tout fou, avec pléthore de buts, tourne une nouvelle fois en sa défaveur.
… travailler les coups de pied arrêtés. Il y a un point sur lequel le technicien portugais de l'ASM, Leonardo Jardim, va pouvoir travailler durant ces trois semaines : les coups de pied arrêtés. Mardi, les Monégasques ont concédé deux buts sur ces situations, ceux du 3-3 et du 3-4. Sur le premier, Djibril Sidibé défend derrière Agüero, libre de reprendre le ballon de volée, comme dans un fauteuil. Et sur le deuxième, Glik est devancé de la tête par Yaya Touré. Et puisqu'on parle de coup de pied arrêté, si Radamel Falcao, qui a totalement raté le penalty du 3-1 mardi soir, pouvait travailler son coup de pied de réparation - ou laisser faire Fabinho -, ce serait pas mal non plus…