En s'inclinant 2-0, mercredi dernier, sur le terrain de Wolfsburg, en quarts de finale aller de la Ligue des champions, le Real Madrid s'est mis dans l'embarras. Et son entraîneur Zinédine Zidane avec. Pour rejoindre les demi-finales, les "Merengue" doivent désormais s'imposer avec trois buts d'écart (ou 2-0 en espérant se qualifier aux tirs au but). Une élimination, après cinq présences consécutives dans le dernier carré, serait évidemment perçue comme une énorme déception du côté du stade Santiago-Bernabeu.
"Zizou" est le premier à en avoir conscience : "Le Real ne se prépare jamais à ne pas se qualifier. C'est le club qui compte le plus de Coupes d'Europe (10 Coupes des clubs champions ou Ligue des champions, dont la dernière acquise en 2014, ndlr) et il y a une raison. Ce club a une grande histoire. Quand je dis que je ne suis pas préoccupé, c'est que pour moi la meilleure manière d'aborder un match est d'être tranquille. Je reste toujours positif".
"Il faut garder la tête froide". Comme d'habitude en pareilles circonstances, le discours d'avant-match se veut volontariste. Mais "Zizou" le veut mesuré. "Il y a beaucoup de gens qui s'échauffent mais nous, nous devons faire tout le contraire", a insisté le coach madrilène, lundi, en conférence de presse. "C'est un match important, nous le savons tous, mais en jouant ce match, il faut garder la tête froide. Ce match, nous n'allons pas le gagner en seulement 15 minutes. Et si (Wolfsburg) marque, c'est vrai que ça peut se compliquer davantage (en cas de but allemand, le Real devra marquer quatre fois, ndlr)."
L'appel à la mobilisation, d'autres se chargent pour lui de le lancer, à commencer par sa star, Cristiano Ronaldo, meilleur buteur de la compétition avec 13 réalisations. A la Une du quotidien sportif madrilène As de lundi, le Portugais lâche "Ce sera une nuit magique et parfaite". "Il faudra avoir la tête froide à tout instant et savoir souffrir", dit-il également. "CR7" en appelle au soutien du stade Santiago-Bernabeu. "Je crois que le public va être avec nous", a insisté "Zizou" ce week-end. "Mardi, nous jouons notre saison mais nous le savons clairement. C'est un match important et le public aime ça. Moi, j'aime quand les choses deviennent difficiles et je crois que le public aussi."
La culture de la "remontada". Le public de Madrid possède la culture de la "remontada", celle où tous les exploits deviennent possibles. Le Real l'avait fait en 1975-76 contre Derby County (1-4 puis 5-1 a.p.), en 1984-85 face à l'Inter Milan (0-2 puis 3-0), en 1985-86 encore, contre le Borussia Mönchengladbach (1-5 puis 4-0), et contre le Bayern Munich, en 2001-02 (1-2 puis 2-0). Cette saison-là, le Real avait pu compter sur un certain Zinédine Zidane. "Je me souviens surtout que nous avions gagné le match...", a déclaré "Zizou". "Mais ce n'est pas qu'une question de joueurs, c'est le propre de ce club. Ce club a toujours été comme ça, il a réussi des 'remontadas' extraordinaires et des matches importants au stade Bernabeu. Demain (mardi), c'est un match de plus. C'est peut-être le plus important de cette saison mais c'est un match de football et nous sommes prêts à le jouer."
Mardi soir, face aux "Loups" de Wolfsburg, Zidane devrait pouvoir aligner sa ligne d'attaque "BBC" (Benzema-Bale-Cristiano Ronaldo), l'attaquant tricolore étant à nouveau disponible. Par rapport à l'aller, le seul changement dans le onze de départ devrait concerner le poste de latéral droit. Très critiqué après le match aller, Danilo devrait laisser sa place à Dani Carvajal. Voilà pour la composition.
Mais quels sont les mots que "coach Zizou" a employés ? "Je n'ai pas parlé beaucoup, les joueurs savent ce qui nous attend et ce que nous devons faire", a confirmé le technicien français lundi. "Ma préoccupation ces derniers jours était de voir les visages de mes joueurs et je les ai trouvés très concentrés. Cela m'enlève de la pression. Nous avons perdu 2-0 mais nous avons 90 minutes ou plus pour y parvenir, pas cinq minutes. Le message, c'est : 'Patience !'. Dans le football, tout peut arriver. Par exemple en Liga, lorsque nous perdions 1-0 dans le Clasico (finalement gagné 2-1 à Barcelone le 2 avril dernier, ndlr), nous étions (virtuellement) à 13 points de Barcelone au classement, et maintenant nous sommes à 4 longueurs." Vainqueur de Eibar samedi (4-0), le Real est en effet revenu à 4 points du Barça, battu sur le terrain de la Real Sociedad quelques heures plus tard, le tout à six journées de la fin. Et si le fol espoir d'une "remontada" en Liga était finalement le meilleur carburant pour une "remontada" mardi soir ?