"Si on perd là-bas, c'est presque fini." Le constat est signé Thiago Silva, capitaine d'un PSG qui, s'il navigue tranquillement en Ligue 1, affronte de sérieux vents contraires en Europe, cette saison, au moment de se déplacer à Naples, mardi soir, en Ligue des champions. Le tout alors que la tempête des "football leaks", liée au "fair-play financier", continue de menacer…
Une défaite d'entrée à Liverpool (3-2) et un match nul face à Naples (2-2) ont en effet mis en difficulté le luxueux navire PSG à l'approche du match retour en Campanie, mardi soir, dans ce duel à trois pour les deux places qualificatives pour les huitièmes de finale de la compétition. Avec quatre points seulement en trois matches, le club de la capitale ne peut pas se permettre de perdre, et ainsi laisser filer son adversaire, qui pourrait compter huit points en cas de victoire, tandis que Liverpool, qui se déplace sur le terrain de la modeste Étoile rouge de Belgrade plus tôt dans la soirée de mardi, devrait logiquement en compter neuf au coup d'envoi de la rencontre au stade San Paolo.
"Porcherie". C'est donc "là-bas", dans un stade vétuste, qualifié régulièrement par le président du club napolitain de "chiottes" ou de "porcherie" - le stade appartient à la ville et fait l'objet de tensions récurrentes entre la mairie et le club - que le PSG va jouer son avenir en Europe. "Bien sûr qu'il est vieux, bien sûr qu'il a des problèmes", a reconnu auprès de l'AFP Daniele "Decibel" Bellini, le speaker du stade. "Mais il est effrayant pour les adversaires. Ils sentent le poids de ce stade et la passion des tifosi. Quand il est plein (sa capacité est de 60.000 personnes, ndlr), il est exceptionnel."
Un stade désuet, vieux, abîmé, avec une piste d'athlétisme goudronnée et des entrailles d'un autre temps. Mais c'est ce qui fait son charme. Demain soir, il y aura 50 000 personnes. Et une ambiance volcanique. #NAPPSG@Europe1@Europe1Sport#Europe1pic.twitter.com/XFy1eZwHiX
— Julien Froment (@JulienFroment) November 5, 2018
Et plein, il le sera à coup sûr, mardi soir, pour la venue du PSG, deux semaines après un match aller durant lequel les Parisiens ont terriblement souffert et n'ont dû leur salut (et le point du match nul) qu'à un exploit d'Angel Di Maria dans le temps supplémentaire (2-2). Il leur faudra en faire plus, et faire mieux, pour espérer l'emporter au San Paolo, 26 ans après leurs glorieux aînés, Weah, Ginola et compagnie. Le 21 octobre 1992, le PSG l'avait emporté 2-0 au deuxième tour de la Coupe de l'UEFA, l'ancêtre de la Ligue Europa, avec un doublé de l'actuel président du Liberia. Cette victoire reste à ce jour le seul succès parisien en terre italienne, en sept déplacements. Un exemple à suivre.
"Notre meilleur match de la saison". Cet exemple, l'entraîneur du PSG, Thomas Tuchel, l'a peut-être en tête. Mais il a sans doute aussi celui du match de vendredi dernier. Face à Lille, lors du "choc" de la Ligue 1 entre le premier et le deuxième (2-1), le PSG a rendu une copie aboutie. "Je pense que c'était notre meilleur match de la saison", s'est félicité le technicien allemand à l'issue de la rencontre. "C'était nécessaire contre cet adversaire et ce sera aussi nécessaire mardi soir. Naples, c'est un autre style et ça sera un défi super important." Depuis le match au Parc des Princes, le Napoli a disputé deux matches à domicile, avec un nul face à l'AS Rome (1-1) et une victoire contre Empoli, vendredi dernier (5-1), avec un triplé du Belge Dries Mertens et un but de Lorenzo Insigne, qui avaient déjà marqué à Paris. De son côté, le PSG a disputé deux rencontres, pour autant de victoires, en Ligue 1, à Marseille (2-0) et contre Lille (2-1).
Quelles conclusions peut-on en tirer ? Ces deux succès ont d'abord montré que Tuchel tenait visiblement à asseoir sa défense à trois, déjà utilisée en cours de match face à Naples le 24 octobre. Le PSG, dont le gardien sera Gianluigi Buffon, mardi, pour son retour de suspension, a concédé très peu d'occasions et un seul but, sur penalty et en fin de match, contre Lille. Par ailleurs, la mise au ban d'Adrien Rabiot, en retard lors de la causerie d'avant-match à Marseille, pourrait se poursuivre. Julian Draxler, buteur à Marseille, a été excellent contre Lille. Si l'Allemand voulait gagner sa place pour le choc à Naples, il ne s'y serait pas pris autrement.
Cavani titulaire ou sur le banc ? Enfin, premier buteur à Marseille, après être sorti du banc, Kylian Mbappé a remis ça face à Lille. Le PSG ne peut pas se passer de sa jeune pépite tricolore et l'on ne dira pas forcément la même chose d'Edinson Cavani, le plus grand buteur de son histoire, en recherche d'alchimie cette saison avec ses compères d'attaque. Touché à une cuisse, "le Matador" s'est entraîné normalement ces derniers jours et espère sans doute des retrouvailles avec son ancien jardin, lui qui a porté les couleurs du Napoli entre 2010 et 2013, avec 104 buts en 138 apparitions. Tuchel en fera-t-il un titulaire au détriment du héros de l'aller, Angel Di Maria, ou abandonnera-t-il sa défense à trois pour faire à nouveau jouer ensemble les "quatre fantastiques" (Neymar-Mbappé-Cavani-Di Maria) ? Ce serait aventureux.
État d'ébriété et "fair-play financier". "Je pense que si on arrive à trouver cette structure, cette organisation, qui va mieux de jour en jour, on a la possibilité de faire un bon match et de ramener à la maison les trois points qui seront vraiment très importants", a insisté vendredi Marco Verratti, qui avait souffert à l'aller face à l'impact du milieu napolitain Allan. Un Marco Verratti symbole d'une semaine agitée en coulisses pour le PSG. Trois jours seulement avant la réception de Lille, l'international italien a été arrêté en état d'ébriété au volant (0,49 mg/l contre les 0,20 mg/l autorisé pour jeune conducteur). Et, quelques heures avant le match face à Lille, le spectre du "fair-play financier", serpent de mer de la vie du PSG, est réapparu. Le club aurait été "couvert" par l'UEFA, et notamment par ses deux anciens patrons (Michel Platini, président déchu, et Gianni Infantino, devenu depuis président de la Fifa), pour échapper aux sanctions les plus graves, notamment l'exclusion de la Ligue des champions, en dépit d'entorses au "fair-play financier" selon lequel un club ne peut dépenser plus d'argent que ce qu'il n'en génère sur un nombre de saisons donné.
L'"exclusion" de la Ligue des champions, c'est bien sur le terrain, et dès cette saison, qu'elle menace le PSG. Et le ticket promis pour la Ligue Europa au troisième du groupe ne satisferait évidemment personne au club, alors que plus de 400 millions d'euros ont été dépensés depuis août 2017 pour acquérir deux des meilleurs joueurs du monde, Neymar et Kylian Mbappé, et atteindre enfin le dernier carré de la Ligue des champions.