L’espace d’une double confrontation, le foot français est retourné dans le passé. Monaco n’a pas démérité, Monaco a poussé, mais Monaco est éliminé par une équipe italienne. Mercredi soir en quart de finale retour de la Ligue des champions, les Monégasques ont été incapables de remonter leur handicap, au terme d'un match sans grande saveur (0-0). La Juventus, de son côté, s’est contentée de gérer son but d'avance acquis au match aller (1-0 à Turin). Les hommes de Leonardo Jardim, malgré leur domination, n'avaient pas les armes offensives pour perforer la redoutable machine défensive turinoise. Récit, en trois actes, d'une comédie italienne, où, à la fin, l'équipe tricolore finit (presque) toujours par pleurer.
Acte 1 : L'espoir
Pourtant, tout avait bien commencé pour l'ASM. Poussés par un stade Louis-II plein à craquer et en feu, les Monégasques mettent d'entrée une pression terrible sur la Juventus. Poussés dans leurs retranchements, les Turinois sont proches de rompre au quart d'heure de jeu. Bernardo Silva, le virevoltant ailier portugais, se joue de la défense adverse avant de centrer fort devant le but. Barzagli, le défenseur central italien, est tout proche de dégager dans ses propres filets et de marquer contre son camp (15e minute).
Les Monégasques continuent de dominer largement leurs adversaires, dans le sillage d'un Geoffrey Kondogbia impressionnant à la récupération, dans l'impact et à la passe. Mais, hormis une lourde frappe du milieu de terrain français directement dans les bras de Gianluigi Buffon, l'ASM se heurte systématiquement au mur italien. La Juventus, placée très bas dans un schéma à cinq défenseurs, se montre totalement inoffensive, hormis une frappe de Carlos Tevez juste à côté du but de Subasic (45e).
Acte 2 : L'injustice
Face à la fougue monégasque, la Juventus oppose sa redoutable organisation défensive, mais aussi de la roublardise et une expérience du plus haut niveau qui manquent aux jeunes joueurs de la Principauté. Premier exemple ? Cette main volontaire de Giorgio Chiellini, à la deuxième minute, pour empêcher Joao Moutinho de partir seul au but. Alors que les Monégasques réclament le rouge, le défenseur central italien n'écope que d'un carton jaune.
Chiellini, décidément dans tous les (mauvais) coups mercredi soir, est aussi impliqué dans la deuxième action litigieuse de cette première période. A la 36e minute, Geoffrey Kondogbia s'élance dans la surface de réparation entre Vidal et Chiellini, qui le prennent en sandwich. Le Français s'écroule, mais l'arbitre ne bronche pas, malgré les nouvelles protestations de ses coéquipiers. Comme au match aller, un sentiment d'injustice traverse les rangs monégasques.
Acte 3 : L'implacable logique
Au retour des vestiaires, l'ASM jette toutes ses forces dans la bataille. Sur un centre de Layvin Kurzawa, Gianluigi Buffon passe au travers, mais Patrice Evra parvient à dégager devant la ligne (49e). Quelques minutes plus tard, le gardien italien sauve cette fois-ci son camp, en sortant très vite devant Dimitar Berbatov (54e). On croit alors Monaco capable de faire sauter le verrou turinois. On se trompe : les Italiens tirent le rideau, il n'y a plus rien à voir.
La dernière demi-heure, insipide, se résume à une froide et clinique gestion du score par les Turinois. La Juve, sûre de sa force et de la faiblesse offensive de Monaco, se contente de (bien) défendre. Les romantiques en sont pour leurs frais, mais la logique est implacable. Plus solide, plus expérimentée, plus réaliste dans les zones de vérité, la Vielle Dame assure sa qualification pour les demi-finales, 12 ans après sa dernière apparition à ce stade de la compétition. A la dernière minute, Andrea Pirlo est même tout proche d'offrir la victoire à son équipe, mais son coup-franc heurte la barre de Subasic. Sans génie, sans convaincre, la Juve se qualifie aux dépens d'un club français. Comme d'habitude, en somme.
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