Le PSG qui écrase le Barça, le Bayern qui essore Arsenal, Manchester City et Monaco qui se livrent à une orgie offensive : les huitièmes de finale de la Ligue des champions donnent lieu depuis la semaine dernière à un spectacle assez démentiel, avouons-le. La dernière soirée de ces matches aller approche, mercredi, avec au programme, Porto-Juventus Turin, alléchant duel d'anciens champions d'Europe, et Séville-Leicester*. Séville-Leicester ? Oui, oui, Séville-Leicester.
Cette affiche entre le triple tenant de la Ligue Europa et le vainqueur sortant (notez le "sortant" car ça ne risque pas de se reproduire cette année) du championnat d'Angleterre surprend un peu, forcément. Et pourtant, sur le terrain, on prend le pari que ce match ne va pas dépareiller en termes de spectacle et d'intérêt, notamment pour nous Français.
Séville, la troisième force espagnole. En Espagne, il n'y a pas que le Real, le Barça et l'Atlético. Il y a aussi maintenant le Séville FC. Le club andalou, qui pointe actuellement à la 3ème place de la Liga espagnole, à trois points seulement du Real (avec deux matches en plus), semble poursuivre l'ascension entamée ces dernières années avec Unai Emery, l'actuel entraîneur du PSG. La transition sportive a été bien gérée et les performances du nouveau coach, le Chilien Jorge Sampaoli (ex-sélection chilienne), sont bonnes, voire très bonnes. Demandez donc à l'Olympique lyonnais, qui s'est cassé les dents sur cette équipe sévillane (défaite 1-0 à Sanchez-Pizjuan et 0-0 au Parc OL), présente pour la première fois au stade des huitièmes de finale de la Ligue des champions depuis 2010.
#luchar#pelear#creer#placer#corazón#soñar#VamosMiSevillapic.twitter.com/n1zgZh6mUm
— Rami13officiel (@Rami13officiel) February 22, 2017
"Combattre. Se battre. Y croire. Plaisir. Coeur. Rêver. Allez mon Séville !"
Une belle colonie française. Avec le PSG et Monaco, le Séville FC est presque le troisième club français à participer à ces huitièmes de finale. Sur les 18 joueurs retenus dans le groupe pour affronter Leicester, ils sont un tiers à avoir connu les terrains de Ligue 1 ou de Ligue 2. Il y a les très connus du grand public - Adil Rami et Samir Nasri, que l'on revoit toujours avec plaisir -, les un peu moins connus - l'ancien Toulousain Wissam Ben Yedder, l'ex-Bordelais Mariano, et le Franco-Congolais Steven N'Zonzi - et puis, depuis cet hiver, le pas du tout connu Clément Lenglet.
Nuevo pollito a la casa @sevillafc bienvenido @clement_lenglet ! #vamosmisevilla
— Wissam Ben Yedder (@WissBenYedder) January 6, 2017
"Nouveau poussin dans la maison Séville FC. Bienvenue Clément Lenglet."
L'international Espoirs, âgé de 21 ans et passé par toutes les équipes de jeunes chez les Bleus, a disputé la première partie de saison à Nancy (actuel 18ème de L1), avant d'être transféré en Andalousie pour cinq millions d'euros. En l'absence du titulaire argentin Nico Pareja, il devrait être titulaire mercredi soir face au champion d'Angleterre. Mais pourquoi le Séville FC aime-t-il tant la France ? "C'est un football où on travaille bien la formation, où le profil physique est bon", insiste Monchi, le directeur sportif du club andalou, courtisé par l'Europe entière. "Ajoutons à cela que c'est un marché qui n'est pas excessivement cher et que nous avons déjà beaucoup de Français au club, cela facilite l'adaptation." Et les résultats.
Mahrez-Vardy, pardi ! Mercredi soir, Lenglet aura face à lui Jamie Vardy et Riyad Mahrez, "la" paire de la saison passée outre-Manche. À eux deux, ils ont tourmenté bien des défenses de Premier League, avec 24 buts pour le premier, 17 et 11 passes décisives pour le second. Problème, cette saison, la mayonnaise ne prend plus. En Premier League, Vardy en est à cinq réalisations et Mahrez à trois. Et le classement de Leicester - qui n'a pas marqué un seul but en Premier League en 2017, soit six matches de silence total ! - est catastrophique : le champion est 17ème, avec un point d'avance sur le premier relégable. Mais Monchi le dit : "Leur place actuelle en Championnat ne reflète pas la qualité de l'équipe et de leur encadrement technique." On est d'accord avec lui. Il y a d'abord ce beau parcours en Coupe d'Europe, avec une première place de groupe à la clé.
Mais il y a surtout des joueurs qui ont fait rêver l'Angleterre - voire l'Europe entière et même l'Afrique pour Mahrez, élu meilleur joueur de Premier League - ne sont pas devenus des joueurs de seconde zone du jour au lendemain. Claudio Ranieri, grand ordonnateur du miracle Leicester, a lâché deux mots à son joueur vedette : "come back". "Reviens". Un huitième de finale de Ligue des champions est le moment idéal pour "revenir".
Deux clubs affamés. De fait, ce huitième de finale aller, le tout premier de l'histoire de Leicester, peut prendre une sacrée dimension. "Si nous perdons, ce n'est pas grave, rien ne se passera", a insisté Ranieri. "Et si nous gagnons, quelque chose pourrait changer en nous." Leicester, éliminé de la Coupe d'Angleterre le week-end dernier, n'a plus que l'Europe pour sauver sa saison. "Nous devons nous battre la tête haute et le torse bombé", a tonné Ranieri. Voilà qui promet, d'autant qu'en face, Séville aura tout aussi faim.
Non pas que les Andalous n'ont rien mangé ces dernières années, mais ils aimeraient changer de mets. Car ils ont remporté la Ligue Europa en 2014, 2015 et 2016 et aimeraient bien maintenant jouer les premiers rôles en Ligue des champions. "Ce serait un palier supplémentaire pour la croissance du club", confie Monchi, dont le club n'a plus connu un quart en C1 depuis 1957-58.
Une dernière touche Ligue 1. Et puis, après le PSG et Monaco, la Ligue 1 aura mercredi soir un troisième représentant en la personne de l'arbitre de la rencontre, Clément Turpin. Espérons simplement qu'il fera un petit moins le spectacle que les deux clubs français dans cette compétition…
*Le match est diffusé en direct à partir de 20h45 sur BeIN Sports 1.