Quatre ans après sa finale surprise à Wimbledon, Marion Bartoli va disputer une deuxième demi-finale majeure, sur la terre battue de la porte d’Auteuil. Elle rêve d’imiter Mary Pierce qui remporta les Internationaux de France en 2000. Mais pour reproduire cet exploit, il faudra déjà passer l’obstacle Schiavone. Tenante du titre, l’Italienne ne lâchera pour rien au monde une place en finale pour la deuxième fois consécutive. Europe1.fr apprécie pour vous les chances de Marion Bartoli.
Un parcours très convaincant. A la veille du premier tour, les inquiétudes étaient nombreuses sur son état de forme après son abandon en finale du tournoi de Strasbourg. La Française perd le premier set et son service dans le début du deuxième contre la modeste Géorgienne Tatishvili, 106e au classement WTA. Mais Marion s’accroche et passe. Scénario quasi identique aux deuxième et troisième tours. Bartoli joue au courage et finit ses matches sur un très bon rythme. La mise en route terminée, elle impressionne en huitièmes de finale face à Gisela Dulko. Enfin, en quarts, la numéro un française écœure Svetlana Kuznetsova, lauréate de l’édition 2009. De son côté, Francesca Schiavone a été beaucoup moins convaincante, voire laborieuse, frôlant l’élimination aux deux précédents tours.
Un jeu atypique. Si vous ne l’avez pas encore vu jouer, vous serez certainement un peu surpris. Marion Bartoli s’agrippe au manche de sa raquette et joue tous ses coups à deux mains. Résultat : plus de force mais peut-être un peu moins de précision. Des frappes à plat, un bon service et une prise de balle précoce : un jeu résolument offensif. Dans les colonnes de L’Equipe, Guy Forget analyse son jeu : "elle arrive à mettre ses adversaires en difficulté sans faire trop de fautes". Mais la grosse force de Bartoli, c’est son abnégation. C’est une besogneuse. Elle s'entraîne toujours plus que les autres. Très exigeant avec elle, son entraîneur de père, Walter, analyse également toutes les faiblesses de leurs adversaires. Ces derniers mois, Marion a aussi appris à varier son jeu. Elle monte plus souvent à la volée et diversifie ses attaques.
Le public avec elle. Marion et "Roland", une histoire d’amour vache. En dix participations, la Française ne s’est jamais trop donnée les moyens de se mettre le public dans la poche avec un timide huitième de finale (2007) pour meilleur résultat. En refusant de jouer pour la France en Fed Cup, Bartoli n’a rien arrangé. Mais la cassure avec le public français s’est vite réparée. Cette année, elle est la chouchou des supporters. Elle l’a compris et s’en sert : "ces dernières années, je sentais la pression ici, mais de façon négative car je rentrais sur le court sans confiance. Cette année, je me suis dit qu’il fallait que j’essaye d’en profiter et que je devais utiliser cette foule justement pour mettre la pression sur l’adversaire". Opération séduction réussie puisque sur tous les points délicats, la Française n’a pas hésité à haranguer à l’instar de Gaël Monfils.
Elle n’est pas favorite. La pression est un des facteurs essentiels d’une demi-finale d’un tournoi de Grand Chelem. Francesca Schiavone est la tenante du titre. Elle doit donc défendre sa couronne et des points WTA. Certes, Marion Bartoli est la dernière représentante du tennis français mais elle a déjà atteint son meilleur résultat à Roland-Garros. Elle ne peut donc qu’améliorer cette performance. Une chance que ne connaît pas son adversaire.
L’expérience contre elle. Un petit bémol tout de même dans cette opposition franco-italienne, l’expérience. Dans les moments clés de la rencontre, Francesca Schiavone saura serrer le jeu et faire front. En quarts de finale, elle était en immense difficulté contre la Russe Anastasia Pavlyuchenkova. Quasi imperméable aux émotions, la numéro cinq mondial saura s’extirper du piège tendu par Bartoli. Il en faudra donc beaucoup pour la faire craquer.