Alors, oui, c'est vrai, trois des principaux chouchous du public français ne seront pas à Bercy cette semaine : Roger Federer a depuis longtemps écourté sa saison pour soigner ses problèmes de dos, Rafael Nadal l'a imité en raison de ses soucis récurrents à un poignet et enfin, vendredi, Gaël Monfils a jeté l'éponge à cause de douleurs aux côtes. Malgré tout, le Masters 1000 qui s'ouvre lundi à l'AccorHotels Arena de Paris-Bercy ne manque pas de sel. Europe 1 vous présente les trois enjeux majeurs du tournoi.
La place de n°1 mondial. Le 5 juin dernier, Novak Djokovic remportait Roland-Garros, le dernier Majeur qui manquait à son palmarès, et réalisait du même coup le Grand Chelem à cheval sur deux ans. Il était alors difficile d'imaginer que, cinq mois plus tard, le Serbe serait sous pression pour défendre sa place de n°1 au classement ATP. Mais, entre aveu de démobilisation et éliminations prématurées (notamment à Wimbledon, où il a été sorti au 3ème tour), le "Djoker" a peu à peu perdu son sourire, en même temps que son avance au sommet du tennis mondial.
Et voilà donc son dauphin, l'Écossais Andy Murray, celui-là même qu'il avait battu en finale de Roland-Garros, en position de lui ravir cette place de n°1 qui est la sienne depuis juillet 2014 maintenant. Si Murray est dans cette position, c'est aussi parce que l'Écossais a lui, a contrario, aligné les performances de premier choix, avec notamment un succès à Wimbledon et une médaille d'or aux Jeux olympiques. Dimanche, il a remporté le tournoi de Vienne aux dépens de Jo-Wilfried Tsonga, signant un 42ème succès sur ses 45 derniers matches !
Malgré cette incroyable deuxième partie de saison, à peine entachée par une élimination en quarts de finale de l'US Open par le Japonais Kei Nishikori, Murray n'a pas tout à fait les clés pour déloger Djokovic de son trône. Pour être assuré d'être n°1 mondial lundi prochain, l'Écossais, seul membre du "Big Four" (Federer, Nadal, Djokovic et lui) à ne l'avoir jamais été, devra remporter le tournoi de Bercy et espérer que Djokovic ne soit pas finaliste. Ou être finaliste et espérer que Djokovic ne soit pas dans le dernier carré. Ce duel à distance pourrait donc pimenter la semaine jusqu'à la finale, dimanche.
L'avis de Guy Forget, directeur du tournoi : "J'espère que Novak vas nous montrer une belle réaction dans ce BNP Paribas Masters. C'est aujourd'hui le seul qui peut battre Andy Murray quand celui-ci joue son meilleur tennis. On a vu Andy retrouver son plus haut niveau grâce, entre autres, à (son coach) Ivan Lendl, dont il s'était séparé. Quand on voit ses résultats sur les derniers mois, il est époustouflant. Novak sait qu'il peut le faire. Il lui suffit de se recentrer, de retrouver son jeu, de jouer l'esprit libéré. Il a déjà gagné en indoor, il a déjà gagné à plusieurs reprises (en 2009 et de 2013 à 2015), il a déjà gagné le Masters (cinq fois, dont les quatre derniers, ndlr). On sait que c'est un des meilleurs joueurs du monde en indoor et on espère qu'il va retrouver l'inspiration sur les derniers jours du tournoi. Après, Murray n°1 mondial, ce serait mérité. Finaliste à Roland-Garros, vainqueur à Wimbledon, champion olympique, il gagne des Masters 1000… Physiquement, c'est un roc. Son jeu est encore un peu plus abouti qu'auparavant, et c'est le plus constant."
Les deux derniers tickets pour le Masters. Dernier grand tournoi du calendrier avant le Masters, qui réunit les huit meilleurs joueurs de l'année à Londres, Bercy est traditionnellement le lieu de l'ultime bataille pour prendre place dans l'Eurostar. Sauf pépin de dernière minute, Novak Djokovic, Andy Murray, le Suisse Stan Wawrinka, le Japonais Kei Nishikori, le Canadien Milos Raonic et Gaël Monfils (s'il est remis de ses douleurs aux côtes) sont assurés d'être du voyage. Nadal, 6ème joueur mondial, étant d'ores et déjà forfait, il reste donc deux places à prendre. Ils ne sont pas moins de sept à y prétendre : l'Autrichien Dominic Thiem, le Croate Marin Cilic (vainqueur du tournoi de Bâle dimanche), le Tchèque Tomas Berdych, le Belge David Goffin, l'Espagnol Roberto Batista Agut et deux Français, Jo-Wilfried Tsonga et Lucas Pouille.
On ne va évidemment pas vous détailler les scénarios qui conduiraient un tel ou un tel à franchir la Manche mais sachez tout de même que, pour rejoindre Monfils, Tsonga et Pouille n'ont d'autre choix que de remporter le tournoi pour ne serait-ce qu'avoir une chance de se qualifier… Cela dépendra alors des résultats des autres candidats dans l'AccorHotels Arena.
La succession de Tsonga. Avec le forfait de Gaël Monfils, la France a sans doute perdu sa meilleure chance de briller à Bercy. À domicile, le Parisien avait déjà atteint la finale à deux reprises, en 2009 (battu par Djokovic) et 2010 (battu par Robin Söderling). Mais le dernier Tricolore à avoir soulevé le trophée, c'est bien Tsonga, qui fut également finaliste malheureux en 2011 (battu par Federer). Le Manceau l'avait emporté en 2009, après être venu à bout en finale de l'Argentin David Nalbandian. Peut-il refaire le coup cette année ? Si l'on s'en tient à son parcours à Vienne la semaine dernière, où il fut seulement vaincu en finale par Murray, on peut répondre par l'affirmative.
Un autre Français sera observé de près : Lucas Pouille, brillant quart de finaliste lors du dernier US Open. Mais il n'a jamais fait mieux encore qu'une demi-finale en Masters 1000 (cette année à Rome, sur terre battue). Contraint à l'abandon la semaine dernière à Bâle en raison d'une douleur au dos (décidément…), Richard Gasquet bénéficie d'un tableau dégagé jusqu'aux quarts de finale, où il pourrait retrouver Stan Wawrinka. Les autres Français présents à Bercy : Gilles Simon, Benoît Paire, Paul-Henri Mathieu, Nicolas Mahut, Adrian Mannarino, Stéphane Robert, Julien Benneteau et Pierre-Hugues Herbert. Un sacré contingent tricolore, dont on espère qu'il va pouvoir jouer les arbitres entre Djokovic et Murray, qui s'étaient affrontés en finale l'année dernière…