Nous sommes le 2 août 2007. Le Russe Nikolay Davydenko, tête de série n°1 et membre du Top 5, affronte au deuxième tour du tournoi de Sopot, en Pologne, l'Argentin Martin Vassallo Argüello, qui navigue au-delà de la 80e place mondiale. A priori, Davydenko, vainqueur l'année précédente à Paris-Bercy, joue sur du velours. Il remporte d'ailleurs la première manche sur le score de 6-3 et mène d'un break dans la deuxième manche. Mais, à la fin de la deuxième manche, le Russe se plaint d'une douleur à un pied et fait appel au médecin. Il abandonne en début de troisième set et laisse donc la victoire à son adversaire du jour (2-6, 6-3, 2-1 abandon).
Le lendemain de la rencontre, le site de paris en ligne Betfair suspend les paiements liés au match, ce qui oblige l'ATP à ouvrir une enquête. Selon Betfair, qui a prévenu en direct l'ATP mais également le directeur du tournoi, environ 3,4 millions de livres, soit 4,5 millions d'euros, auraient été misés avant la rencontre et durant le premier set, soit dix fois fois plus que le montant total des paris en temps normal pour un match de ce type. Les paris sont tels sur une défaite de Davydenko que sa cote passe de 1,20 au matin du match à 2,44 au début de la rencontre.
Regardez le rapport de la British horseracing authority (en anglais) :
"Tout est OK", écrit Vassalo Arguello. Comme le montre ce document, les enquêteurs parviennent à identifier plusieurs comptes bancaires suspects, en Russie et en Sicile. Si Davydenko refuse de donner son portable, celui de Vassallo Argüello va fournir de précieux indices aux enquêteurs. Ils parviennent à retrouver d'anciens messages qui ne laissent guère de place aux doutes. "Il ne veut pas le faire", écit Vassallo Arguello à un contact italien, avant de conclure, quelques minutes seulement avant le début de la rencontre face à Davydenko : "Tout est OK".
Regardez le résultat de l'enquête de l'ATP (en anglais) :
Malgré un faisceau d'indices concordants, l'enquête menée par l'ATP (ci-dessus) ne permet pas de conclure à la culpabilité des deux joueurs, qui s'en sortent sans aucune suspension. Mais l'ATP semble prendre l'affaire au sérieux et créé l'année suivante l'Unité pour l'intégrité du tennis (TIU). Cet organisme anticorruption a depuis conduit à la condamnation de 18 joueurs, des sans grade, dont cinq ont été bannis à vie. Depuis dix ans, le TIU a également signalé régulièrement seize joueurs qui ont fait ou font partie du Top 50 mondial pour des faits de corruption. Parmi les joueurs cités, figurent des vainqueurs de tournois du Grand Chelem, en simple et/ou en double. L'ATP n'a jamais diligenté d'enquête à leur encontre. C'est ce fait que pointe du doigt l'article publié par la BBC et BuzzFeed News.