Arrivée en terre espagnole avec la volonté ferme de confirmer l'embellie entrevue au Canada avec la victoire au panache de Jenson Button, l'écurie McLaren n'a pas été en mesure de jouer les premiers rôles lors du Grand Prix d'Europe dominé par les écuries Red Bull-Renault et Ferrari. Si en qualifications la MP 4-27 de Lewis Hamilton était dans le coup, la course ne l'a pas confirmé. Loin de là. Qualifié en troisième position sur la grille de départ du Grand Prix d'Europe, Lewis Hamilton pouvait envisager une course d'attaque, lui qui a montré à Monaco et à Montréal, que dépasser était l'essence même de ce sport, même si cela pouvait lui coûter cher (dans ces deux courses, le pilote McLaren a été contraint à l'abandon sur deux tentatives de dépassements). Coincé entre les deux Red Bull et les deux Ferrari sur la grille de départ, le pilote britannique était plutôt confiant sur ses chances de victoire: "Nous pouvons gagner en partant de cette position (3e sur la grille, ndlr). Bien sûr, il faudra un peu de chance avec la stratégie et bien gérer les arrêts aux stands." Sur la stratégie, l'écurie de Woking n'a rien à se reprocher, puisqu'avec trois arrêts pour des changements de gommes, elle partait sur une stratégie identique à celle de ces adversaires. Une stratégie dictée par le manufacturier unique du plateau, qui en fonction des conditions de course inédite cette saison (47°C sur la piste au moment du départ), conseillait trois arrêts au minimum. Pour les deux pilotes, l'affaire était simple. "Bien entendu, je veux rejoindre l'arrivée pour l'équipe, c'est la clef. Mais je crois que je demeurerai toujours aussi agressif (...) Si j'en ai l'opportunité, je vais attaquer et tenter un dépassement", Lewis Hamilton n'était visiblement pas résigné à se laisser faire. Au départ, pourtant, le pilote de la McLaren n°3 se laissait surprendre par les deux Ferrari de Massa et Alonso. Excès de prudence ? En fait, victime du très bon départ de la Ferrari du Brésilien, le pilote McLaren devait laisser passer Alonso, mieux placé que lui dans l'enchaînement de virages succèdant à la ligne droite des stands. Coincé en cinquième position, il gardait néanmoins le contact avec la tête de course. Il profitait de la première vague de changement de pneumatiques (15e tour) pour prendre le meilleur sur Felipe Massa. Hamilton pointait alors quatrième...et toujours dans le coup à moins de six secondes du leader. "Essaie d'aller moins vite. Economise tes pneus" La McLaren marchait à merveille. Lewis Hamilton battait record du tour sur record du tour. La MP4-27 équipée de pneus neufs était la plus rapide en piste. Mais, dégradant ses enveloppes de manière prématurée, elle perdait en efficacité au bout de seulement six tours. Si bien que dès la 24e boucle, le pilote McLaren devait procéder à son deuxième arrêt. Usure prématurée ou train de pneus défaillants, chez Pirelli, l'inquiétude était de mise. Chez McLaren également. C'est la raison pour laquelle l'ingénieur piste recommandait à son poulain d'économiser ses gommes. En clair, rouler moins vite... Réponse de l'intéressé au micro de sa radio: "Mais je ne peux pas aller moins vite..." Lewis Hamilton devait pourtant obtempérer. En concédant près d'une seconde au tour sur les hommes de tête, il laissait échapper tout espoir de podium. Il terminait la course à plus de 46 secondes du vainqueur et sans réellement avoir pu se battre pour le podium. "Je me suis fait passer par les Ferrari. Mais ensuite, on s'est aperçu qu'elles étaient plus rapides que nous. Alors je ne suis pas sûr que nous ayons été en mesure de terminer devant elles." Le Canada est bien loin. Gageons que les hommes de Woking vont tenter de rétablir la barre à domicile, pour la prochaine course, sur la piste de Silverstone, située à quelques encablures seulement de l'usine McLaren. "Chaque circuit est différent, cependant, alors nous allons travailler pour nous rapprocher d'eux à Silverstone", déclarait un Martin Whitmarsh légèrement désabusé dans le paddock espagnol...