Des mutations génétiques généralement associées à une maladie qui se traduit par un stockage excessif de fer dans l'organisme peuvent s'avérer bénéfiques dans certains sports comme le judo, le ski de fond ou l'aviron. C'est la conclusion d'une étude française conduite par l'Institut de recherche biomédicale et d'épidémiologie du Sport (Irmes), étude publiée dans la revue Biochimie et réalisée sur 170 athlètes de haut niveau, hommes et femmes, tous membres des équipes de France d'aviron, de judo et de ski de fond.
Elle a montré que la fréquence des mutations du gène HFE, associées à l'hémochromatose, était beaucoup plus grande chez ces athlètes de très haut niveau que dans la population générale. L'hémochromatose, maladie très fréquente (elle touche une personne sur 300 en France) se traduit par une augmentation de l'absorption intestinale du fer et aboutit à un excès de fer dans l'organisme qui, s'il n'est pas traité, peut entraîner différentes complications (cirrhose, diabète, troubles cardiaques...).
25% de la population, 80% des athlètes. La maladie s'exprime surtout lorsque les chromosomes reçus du père et de la mère portent tous deux une mutation du gène HFE. Environ un quart de la population française présente une mutation sur l'un des deux chromosomes seulement et n'exprime alors généralement pas la maladie. 80% des athlètes testés présentaient au moins une mutation du gène HFE...
Les chercheurs avancent l'idée que ces mutations qui augmentent l'absorption du fer pourraient contrecarrer les pertes qui interviennent dans ces sports très "physiques" par de multiples mécanismes, en améliorant l'efficacité du transport d'oxygène, en augmentant la production d'énergie, en facilitant une récupération plus rapide après un saignement ainsi que la régénération musculaire. Ils avertissent néanmoins qu'"une carrière sportive ne peut être prédite sur la seule base d'un séquençage ADN".