Seul élément à surnager dans l'effectif provençal, Camel Meriem doit aujourd'hui se demander dans quelle galère il s'est engagé à Arles-Avignon. Pétri de talent mais sujet à des choix difficilement compréhensibles, le meneur de jeu espère arracher le maintien avec l'actuelle lanterne rouge ou, à défaut, continuer de briller pour relancer une carrière dans le dur. Son décollage passe par un déplacement à Saint-Etienne, samedi soir. Durant les douze printemps d'un parcours sinusoïdal, Camel Meriem a enfilé pas mal de costumes. D'abord, la tunique plutôt confortable du jeune espoir sochalien, technique et habile des deux pieds. Puis l'uniforme beaucoup trop large d'un possible héritier à sa Majesté Zinedine Zidane. Et enfin l'accoutrement très sombre d'un "mercenaire" enchaînant les piges comme Brice Hortefeux les dérapages verbaux. Mais le gamin d'Audincourt, passé successivement par Marseille, Bordeaux et Monaco, n'avait jusqu'alors jamais endossé l'habit du leader technique chez un promu, presque déjà condamné avant même d'entamer le championnat. Une mission pas si kamikaze pour un jeune trentenaire libre de tout contrat depuis son départ de l'Aris Salonique et rangé aux oubliettes par les autres clubs tricolores. C'est donc avec l'enthousiasme d'un jeune premier que le meneur de jeu aux trois sélections a signé à l'AC Arles-Avignon pour une saison, plus une année en option en cas de maintien. Autant dire qu'après 17 journées et sept petits points pris ici ou là, les supporters du club provençal feraient bien de profiter des prouesses techniques de leur treizième recrue. Car le Kabyle n'a jamais caché ses ambitions personnelles en posant son bagage technique et ses crises de doutes dans les Bouches-du-Rhône. "J'ai surtout envie de faire une bonne saison, d'aider le club dans son pari du maintien et de me relancer. J'ai 30 ans, je ne suis pas en fin de carrière et j'espère pouvoir rebondir", a ainsi déclaré l'ex-futur espoir lors de sa première conférence de presse. Depuis cette belle promesse estivale, de l'eau a coulé sous les ponts d'Arles-Avignon. Le "magicien" Michel Estevan a déserté les lieux pour incompatibilité d'humeur avec son nouveau président, le volubile Marcel Salerno, plusieurs "renforts" du mercato glouton sudiste ont été libérés de leurs contrats, faute de performances dignes de ce nom, et l'ACAA n'a remporté qu'une seule confrontation sur 17, se traînant depuis les premières journées au fin fond du classement. Frau: "Meriem est passé à côté d'une grande carrière" Pourtant, dans tout ce remue-ménage, Meriem est un des seuls acéistes à tenir son rang, malgré des statistiques assez pauvres avec un petit but et deux passes décisives. Aligné le plus souvent en soutien de l'attaquant de pointe, Kaba Diawara ou Yann Kermorgant, le Franco-Algérien ne ménage pas ses efforts pour apporter le liant technique qui manque terriblement aux Ciel et or. D'ailleurs, au sein du club, personne ne trouve à redire sur les performances et le comportement de ce joueur "avide de revanche", comme l'a qualifié son président, toujours à l'heure aux entraînements et premier à tous les tests d'efforts. Mais ce sont surtout ses potes de l'extérieur qui parlent le mieux du pur produit du centre de formation sochalien, dont est sorti également Pierre-Alain Frau, élogieux à son égard: "C'est un joueur qui est pétri de talent, qui a beaucoup de qualités, qui a les deux pieds. Il peut courir pendant 300 minutes sans problème. Il est peut-être passé à côté d'une grande carrière. C'est comme ça. Il est à Arles-Avignon et il montre qu'il a les qualités pour jouer en Ligue 1. J'espère qu'il va savoir rebondir." Camel Meriem le sait. Sa carrière n'a pas encore été à la hauteur des espoirs placés en lui à ses débuts. "Quelques circonstances défavorables", comme l'a rappelé son ancien coéquipier Manuel Dos Santos, l'ont en effet fait dévier d'un chemin qui le menait directement vers des compétitions internationales avec l'équipe de France. A la recherche du temps perdu, le meneur du promu mord maintenant dans chaque minute qui lui est donnée, pour prouver que son volume de jeu et sa vista sont restés intactes malgré ses expériences foireuses dans le passé. Une mission plutôt accomplie, au milieu des résultats comptables désastreux d'Arles-Avignon. Moins bonne attaque de l'exercice avec dix maigres réalisations, la formation de Faruk Hadzibegic tient souvent le change dans l'entrejeu, pêchant surtout par des erreurs individuelles impardonnables à ce niveau. Un manque d'expérience que Meriem tentera de combler encore et encore, lui qui a si souvent jeté des bouteilles à la mer.