Un adversaire du ventre mou de la Liga, Getafe, un Camp Nou à moitié vide, une victoire facile du Barça (4-0). A priori, ce huitième de finale aller de la Coupe du Roi, disputé en milieu de semaine, aurait dû passer presque inaperçu. Oui, mais voilà, "il" était là. "Il", c'est Lionel Messi, qui effectuait à l'occasion de cette rencontre son retour sur les pelouses, après deux mois d'absence en raison d'une blessure à une cuisse. Observé, scruté, flashé sur le banc de touche, où il avait d'abord pris place, Messi est entré en jeu peu après l'heure de jeu, provoquant un rugissement de plaisir chez les 39.299 spectateurs catalans.
"Messi, Messi, Messi !" Le refrain, quasi religieux, n'a pas changé. Et le quadruple Ballon d'Or non plus. Dès ses premiers ballons, il est allé percuter, multipliant les courses échevelées et exerçant un pressing haut sur une défense de Getafe rapidement aux abois. Après un gros quart d'heure de rodage, Messi a fini au sprint. Il a d'abord délivré une merveille de centre pour Pedro, qui a manqué le ballon d'un cheveu (82e).
Puis, à la 89e minute, sur une action avortée de Martin Motoya, Messi a récupéré le cuir dans la surface avant de trouver instantanément le chemin des filets sur une frappe réflexe du gauche. Trois minutes plus tard, il manquait le doublé d'un coup franc splendide, des 20 mètres. Ce n'était que partie remise. Sur la dernière action de la rencontre, Alexandre Song lançait "Leo" qui s'en allait battre le malheureux Jordi Codina à l'issue d'un raid aussi classique qu'exceptionnel.
Messi inscrit un doublé contre Getafe :
La presse barcelonaise a évidemment salué la performance du prodige : "Le n°1 est de retour" pour El Mundo deportivo ou encore "Un retour triomphal" pour Sport. "Ce roi n'abdique pas", salue encore le quotidien catalan El 9, dans une référence implicite au titre de Ballon d'Or, qui sera décerné lundi prochain et dont Messi est quadruple tenant du titre. La palme de l'originalité revient néanmoins au quotidien argentin Olé, qui a réalisé un anagramme avec le surnom de la star de l'Albiceleste : Leo.
"La carrière de "Leo" est comme ça, c'est un scénario de cinéma", a souligné en conférence de presse l'entraîneur argentin du Barça, Gerardo "Tata" Martino. "Au moment où on pense qu'il n'est pas bien, qu'il a des blessures, hop, en deux ou trois minutes... Ce qui s'est passé ce soir, c'est un résumé de toute sa carrière ici." Le principal intéressé, interrogé par Barça TV, n'a pas caché sa joie d'avoir retrouvé les pelouses.
"L'envie de jouer ne m'a jamais quitté. C'est pour ça que ces deux mois ont été aussi durs, je m'entraînais seul, je courais mais je ne pouvais pas jouer sur un terrain, la chose que j'ai toujours aimé faire", a reconnu Messi, qui s'est entretenu pendant la trêve hivernale en Argentine. "J'ai passé beaucoup de temps éloigné des terrains mais je me sentais très bien à l'entraînement. Petit à petit, je me suis senti mieux (dans le match), je me suis lâché. J'ai joué sans douleur. De ce point de vue, je suis très heureux." Heureux, "La Pulga" l'est visiblement au Barça. Il a en tout cas mis fin aux spéculations sur son avenir. "Je veux jouer toute ma carrière à Barcelone si les gens d'ici le veulent bien", a-t-il souri.
Même si le Barça a réalisé de bonnes performances sans lui (sept victoires et deux défaites, dont une sans conséquence), le retour de Messi est évidemment une bonne nouvelle pour le club catalan. Et ses coéquipiers n'ont d'ailleurs pas manqué de le souligner. "Le monstre est de retour", a insisté Alexandre Song, passeur sur le deuxième but de l'Argentin. "C'est le meilleur joueur du monde et avec lui, nous sommes meilleurs", a abondé le défenseur central Carles Puyol. "Enorme Messi. Et maintenant l'Atlético !", a ajouté Jordi Alba.
Le latéral blaugrana a raison d'évoquer l'Atlético. Car, au-delà de la belle soirée vécue mercredi soir, l'entraîneur du Barça, "Tata" Martino, a déjà dans le viseur le choc face aux Colchoneros, samedi, dans le cadre de la 19e journée du championnat d'Espagne. "L'idée est d'y aller peu à peu, je ne sais pas (si je jouerai). Nous allons en discuter avec "El Tata" et l'encadrement", a précisé Messi. Martino doit en effet prendre des précautions avec sa pépite. L'Atlético n'est qu'un premier écueil : Manchester City, qui multiplie les cartons dans son Etihad Stadium (6-0 contre West Ham, mercredi), attend le Barça le 18 février prochain, en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions.