Michalak déjà désavoué ?

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Apparu pour le moins prématuré, le coaching de Philippe Saint-André, qui n’a pas hésité dimanche, à Cardiff, à renvoyer sur le banc dès la 55e minute de jeu sa charnière et avec son meneur de jeu Frédéric Michalak, a privé les Bleus du seul joueur français capable de renverser la rencontre à un moment où les Bleus, bien que dominés, restaient au contact de l’Irlande. 

"Autant mourir avec ses idées", avait déclaré Philippe Saint-André durant le dernier Tournoi. Déjà que le sélectionneur tricolore en manque cruellement pour inspirer le jeu de l’équipe de France, le voilà atteint de coaching précoce. A l’heure où l’on est habitué à voir du sang neuf irriguer les premières lignes, PSA n’a pas hésité dimanche, à Cardiff, alors que ses Bleus restaient au contact de l’Irlande (14-6), à renvoyer Frédéric Michalak et Sébastien Tillous-Borde, sa charnière titulaire, sur le banc dès la 55e minute de jeu. Pour envoyer au feu Morgan Parra et Rémi Talès. Avec le résultat que l’on sait…   

Passe encore pour Parra, qui n’échappera pourtant pas au désastre de la fin de match, mais on peine à comprendre le choix, alors que ce XV de France était en retard au score et dominé, de lancer Talès, ouvreur gestionnaire et pas franchement réputé pour ses capacités de « match-winner », au détriment de Michalak. L’ouvreur titulaire des Bleus, en échec sur ses deux premières tentatives de pénalité - "ça arrive, il y a un poteau", le dédouanera PSA- et forcément desservi par un pack mis sans cesse sur le reculoir, ne réalisait sans doute pas le match de sa vie. Mais qui d’autre que lui pour espérer encore créer l’étincelle dans une équipe si peu pourvue de joueurs capables de faire la décision.

" Honnêtement, je suis frustré de n’avoir passé que 60 minutes à plaquer.  On ne s’attendait pas à souffrir autant, à défendre autant, à ne pas tenir le ballon plus de deux temps de jeu… "

Rare Tricolore à franchir avant la pause, le Toulonnais, au premier vent contraire, a perdu la main. "On est déçus de perdre ce match, de ne pas avoir pu exprimer ce qu’on souhaitait. Honnêtement, je suis frustré de n’avoir passé que 60 minutes à plaquer", expliquera-t-il, visage fermé. On ne s’attendait pas à souffrir autant, à défendre autant, à ne pas tenir le ballon plus de deux temps de jeu… C’était très compliqué. A chaud, c’est dur de trouver du positif." L’heure n’est pas encore à l’élimination, mais il nous revient l’image du Michalak de 2007. Celui d’un Mondial en France où, dans un tout autre contexte, la doublure de Lionel Beauxis à l’époque, avait fini, au lendemain d’une défaite en demi-finale face à l’Angleterre, par dénoncer le système de jeu de Bernard Laporte.

Parce qu’il est jusqu’à aujourd’hui le choix n°1 de Saint-André, Michalak se gardera bien de ruer dans les brancards. Surtout à six jours des retrouvailles face aux All Blacks en quarts de finale. Mais on sent la frustration affleurer derrière chacun de ses mots. "On a la tête à l’envers. On voulait gagner. Maintenant, c’est terminé, il ne faut pas refaire le match. Un gros challenge nous attend." En 2007, c’est lui qui, en sortant du banc, avait envoyé Yannick Jauzion inscrire l’essai de la victoire face aux Néo-Zélandais (20-18). Huit ans plus tard, en aura-t-il seulement l’occasion, Saint-André se refusant à commenter à chaud les conséquences de ce fiasco irlandais sur les contours de l’équipe à aligner face aux All Blacks. Parce qu'à tout choisir, et si l'on a bien suivi PSA, autant mourir avec Michalak... 

Europe 1 avec Sports.fr