Encore raté pour Richard Gasquet ! Trois ans après avoir été battu en huitièmes à Wimbledon par Andy Murray, le Français a vécu un scénario similaire lundi, dominé en trois manches (7-6, 6-3, 6-2) au même stade de la compétition. Si Gasquet n'a pas démérité, l'Ecossais, vainqueur du Queen's, a dégagé une telle impression de facilité que Fred Perry, dernier lauréat britannique à Londres, pourrait (enfin) trouver son héritier. Richard Gasquet a changé. Beaucoup plus confiant en son tennis, le Biterrois a incontestablement franchi un nouveau cap dans sa maturité depuis le début de la saison. Mais le passé, et les conséquences que peut traîner une défaite d'un point de vue psychologique, ont joué un mauvais coup à l'élève de Riccardo Piatti ce lundi. Après une première semaine expédiée vite fait, bien fait, le treizième joueur mondial retrouvait, lors de ce "Crazy Monday", une vieille connaissance en la personne d'Andy Murray. Pas forcément un bon souvenir... Lors de leurs deux dernières rencontres en Grand Chelem, l'Ecossais avait en effet battu "Richie" en remontant à chaque fois un handicap de deux manches. Le chouchou de Wimbledon, qui a également passé la vitesse supérieure depuis, n'a pas eu besoin cette fois-ci d'emprunter l'ascenseur émotionnel pour se défaire ce lundi de Gasquet en trois manches parfaitement maîtrisées (7-6, 6-3, 6-2). Le huitième de finale, disputé en 2008 sur un Centre Court en délire, et cette image d'un Murray transcendé, montrant son biceps gonflé à la foule, trottaient encore dans toutes les têtes au moment où les deux joueurs entraient sur le carré vert. Une évocation que l'Héraultais avait tenté de minimiser en jouant la carte de l'humour, en conférence de presse, à la veille de ce choc: "J'espère que je ne gagnerai pas les deux premiers sets cette fois". Murray vers un quart dégagé En quatre confrontations, le numéro quatre mondial n'avait en effet jamais empoché le premier set face à un Gasquet qui se plaisait à varier ses coups pour dérégler la machine britannique. Une statistique faite pour être battue puisque le récent vainqueur du tournoi du Queen's, malgré une mise en route difficile, conjurait cette fatalité en enlevant le tie-break (7-6 [3]) au terme de 55 minutes pleines, mais néanmoins dominées par le Français, qui n'aura pas su saisir sa chance sur son unique balle de break, avant de lâcher prise dans le tie-break, parfaitement maîtrisé par son rival... Devant les yeux du prince William et de sa chère épouse Kate, le joyau de la couronne britannique déroula ensuite son tennis royal, contrant les grandes diagonales de revers du Tricolore, jusqu'à le pousser régulièrement à la faute. C'est en conservant ce rythme assez hallucinant que Murray breaka son adversaire, pourtant pas déméritant, lors du huitième jeu de la deuxième manche d'une merveille d'arabesque (6-3) avant de conclure la partie avec une aisance impressionnante (6-2) et une petite révérence au couple princier. Feliciano Lopez, désigné comme le prochain adversaire de l'Ecossais pour son quatrième quart de finale successif à Londres, peut déjà trembler. Au moins autant que Fred Perry, dernier britannique vainqueur sur ce même gazon en 1936, dont l'héritage ne tient plus qu'à un fil si Murray conserve ce niveau toute la semaine.