Blessé lors du dernier rassemblement des Bleus, Samir Nasri n'a pas pris part à la campagne victorieuse de Sarajevo. Pour autant, le joueur d'Arsenal, fort d'un début de saison probant avec les Gunners, aspire à une place de titulaire face à la Roumanie et au Luxembourg, futurs adversaires de l'équipe de France sur le route de l'Euro 2012. Sur le côté ou dans l'axe, en 4-3-3 ou non, avec ou sans Gourcuff ? Peu lui importe... Samir, Laurent Blanc estime que l'on parle trop de vous et de Yoann Gourcuff dans la presse. Qu'en pensez-vous ? Je ne sais pas trop... en Angleterre, ce n'est pas le cas, on ne parle pas tant que ça de nous. Les gens se posent beaucoup de questions, c'est vrai, sur notre compatibilité et il faut arrêter avec ça. Moi, je pense que nous le sommes. Mais c'est au sélectionneur d'en décider. Vous avez déjà évolué ensemble par le passé... Oui, ça s'est déjà fait, en Espoirs. On avait joué contre la Suisse et ça s'était bien passé. A l'époque, on évoluait en 4-5-1. Yoann était un peu plus en retrait et moi juste derrière l'attaquant. Globalement, j'apprécie de jouer avec des joueurs qui ont une certaine sensibilité technique. C'était le cas à Marseille avec Franck Ribéry et c'est aujourd'hui le cas à Arsenal avec Cesc Fabregas. Peut-on imaginer une entente entre vous comme le lien technique qu'entretenaient Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff à leur époque ? (Il coupe) On parle de Zidane et Djorkaeff là ! Laissez-nous déjà faire nos preuves au niveau international. On a fait beaucoup de comparaison par le passé et ça n'a jamais servi à rien. Ce que je sais, c'est qu'on peut être compatibles. Ça peut être Gourcuff ou Nasri mais aussi Gourcuff et Nasri. Quand on en a l'occasion, je crois qu'il est dommage de se priver de deux meneurs. Xavi et Iniesta ne le font-ils pas en Espagne ? "Il faut donner du crédit aux joueurs qui ont joué en Bosnie" Vous étiez absent lors du dernier rassemblement des Bleus en septembre. Avez-vous eu peur de perdre le fil ? Je n'ai pas eu le temps de penser aux Bleus à vrai dire. Je me suis posé des questions bien sûr, parce que je m'étais cassé la jambe un an plus tôt, mais on m'a vite rassuré. Depuis j'ai repris la compétition, j'ai pu enchainer quelques matches et tout va bien. Que vous inspire le fait que Laurent Blanc concède aux vainqueurs de Sarajevo une certaine avance par rapports aux autres appelés ? Chaque rassemblement a sa vérité. Il y a eu une belle performance accomplie en Bosnie, c'est vrai, mais quelques jours plus tôt le match avait été plus délicat contre la Biélorussie. Il faut donner du crédit aux joueurs qui ont joué en Bosnie, c'est une évidence, car c'est notre match référence vu qu'il s'est soldé par une victoire. Maintenant, le groupe évolue et d'autres joueurs sont appelés à revenir... Contre la Bosnie, l'équipe de France a joué avec un milieu à trois en triangle. Comment pouvez-vous vous intégrer à cette configuration ? Je ne me vois pas en sentinelle devant la défense en tout cas... C'est un système dans lequel j'ai joué la saison dernière avec Arsenal mais aussi à Marseille avec Gerets, donc je ne partirai pas dans l'inconnu si on garde une telle organisation contre la Roumanie ou le Luxembourg. Maintenant, peu importe le système, le plus important reste l'animation et l'entente entre les joueurs. C'est sûr que je suis plus à l'aise dans l'axe, en meneur ou milieu relayeur, mais je peux aussi jouer sur les côtés, ce n'est pas un souci. Vous êtes plus décisif cette saison. Comment l'expliquez-vous ? C'est mon rôle de joueur offensif: marquer et délivrer des passes décisives. Il y a peut-être eu aussi une prise de conscience de ma part. Et je suis plus en réussite devant les buts adverses. Arsène Wenger m'a aussi poussé à jouer davantage sur les côtés, à faire plus d'appels dans le dos de la défense en utilisant les couloirs. Je sais que j'ai les qualités pour ça. "L'objectif est clair, c'est six points !" Comment appréhendez-vous ce match face à la Roumanie, une sélection qui a eu le don de tenir en échec les Bleus ces dernières années ? L'objectif est clair, c'est six points sur les deux matches ! C'est vrai que ce n'est plus la Roumanie de l'Euro 2008, avec Mutu... mais ça reste quand même costaud. Maintenant, si l'équipe de France joue sur ses qualités, sur sa valeur, elle remportera ses deux prochaines rencontres. Et si on vous propose le brassard de capitaine ? Je le prends et de bon coeur ! Avec ce qu'il s'est passé cet été, on sait désormais qu'il y a des choses à ne pas faire. C'est beaucoup de pression sans doute mais après, c'est à chacun d'apporter sa touche, dans sa manière de parler et de gérer le groupe. On parle de l'arrivée d'un coach mental dans le staff. Qu'en dites-vous ? Chaque joueur se comporte différemment dans la préparation d'un match. Certains écoutent de la musique, et certains ont peut-être besoin d'un préparateur mental. Il y en a un à Arsenal. Il travaille surtout en début de saison, à travers des entretiens ouverts, mais je ne lui ai jamais vraiment parlé. Je n'en ressens pas le besoin. Quelle réflexion vous inspire la blessure d'Hatem Ben Arfa ? Les joueurs vous semblent-ils menacés en Premier League ? Je suis d'abord très déçu pour Hatem. Cela dit, quand on revoit le tacle, on se rend compte que c'est un tacle très engagé, certes, mais on ne peut pas le comparer avec le tacle qu'Eduardo avait pris contre Birmingham par exemple. Ce qui me choque en revanche, c'est que l'arbitre n'expulse pas De Jong alors qu'Hatem sort sur civière avec un masque à oxygène. On ne protège peut-être pas assez les joueurs en Angleterre, oui, mais je n'ai eu peur qu'une fois sur un terrain, c'était contre Joey Barton...