De retour en équipe de France, pour le match amical des Bleus en Norvège mercredi soir, Samir Nasri espère bien y rester. Le milieu de terrain d'Arsenal, conscient que l'image des Tricolores est "ternie", souhaite faire partie de ceux qui tourneront la page. "On tient à nos couleurs, on a envie de faire partie du changement", assure-t-il. Samir, comment s'est déroulée la préparation avec Arsenal ? Ça va, je ne me suis pas blessé pendant les matches amicaux. J'ai eu de la réussite dans mes performances et je suis prêt à débuter la saison. J'ai effectué une vraie préparation d'avant-saison, tout le contraire de l'an dernier, puisque je m'étais cassé la jambe (au mois de juillet). Ça m'avait handicapé lors de la suite de la saison. Cette fois-ci, j'ai pu me fixer dans l'axe du milieu de terrain, ce qui est plus facile pour avoir des repères par rapport à un poste de milieu excentré. Pour ce match contre la Norvège, avez-vous des points à marquer ? Il ne faut pas se tromper d'objectifs. On n'est pas là pour jouer pour sa gueule. Nous avons besoin de jouer pour le collectif et de gagner tous ensemble. Il y a une opportunité qu'il faut saisir et ne pas laisser échapper. Ça ne se représentera pas une deuxième fois. Avez-vous parlé entre joueurs ? On n'a pas eu le temps. Mais dans le groupe, on se connaît quasiment tous. Au niveau de la communication, il n'y aura pas de problème. Vous devez montrer un autre visage de l'équipe de France. Cela semble compliqué... Oui, mais l'expérience en Afrique du Sud est un mal pour un bien. Depuis, il y a eu des changements à tous les niveaux, que ce soit en matière de sélectionneur comme à la présidence de la Fédération. Ce sera plus structuré désormais. Les joueurs sont revanchards, notamment ceux qui jouent à l'étranger, car les journaux disent beaucoup de mal de l'équipe de France. L'image de la France est ternie par ce qu'il s'est passé. On tient à ces couleurs et à ce maillot. On a envie de faire partie du changement. On suppose que cela a fait beaucoup jaser en Angleterre... Pendant la Coupe du monde, j'étais aux Etats-Unis, un pays qui n'aime pas particulièrement le foot, et l'équipe de France faisait la une des journaux. En Angleterre, on connaît la manière d'extrapoler de la presse. Les Bleus ont eu leur place dans les tabloïds. "Je n'attends pas un tyran" Vous retrouvez notamment vos coéquipiers de la génération 1987... Je suis très content. Cela représente mes plus beaux souvenirs (l'équipe de France des moins de 17 ans avait remporté l'Euro 2004). Ensuite, j'ai signé mon premier contrat pro et cela s'est passé très vite. On s'était dit qu'on allait se retrouver tous ensemble en A. Aujourd'hui, c'est une chance pour nous. J'espère que ça se passera bien et que l'on sera présent en septembre. Laurent Blanc montre-t-il plus d'autorité que Raymond Domenech? Déjà, il a une crédibilité, une aura. Il impose le respect de par sa carrière de joueur et d'entraîneur. Je n'attends pas un tyran. Il a des règles de vie et des principes auxquels il faut adhérer. Celui qui n'acceptera pas les règles s'auto-exclura. Comment accueillez-vous sa philosophie de jeu? Ça me plait! Pour gagner, on ne peut pas faire que défendre, même s'il faut avoir une certaine rigueur. Une équipe a besoin de faire du jeu, de pratiquer un football offensif pour mettre en difficulté son adversaire. Comme à Arsenal. C'est ma conception du football. On a la même philosophie. Aviez-vous un style de jeu auparavant? Vous avez regardé les matches comme moi... On avait un système, voilà. Après, il ne faut pas non plus lancer la pierre sur Domenech, car ce sont les joueurs qui font l'animation. Le sélectionneur n'est pas sur le terrain. Mais il faut trouver des mots pour pouvoir libérer les joueurs. On verra bien avec Laurent Blanc. La France est tombée dans un groupe plutôt facile dans les éliminatoires de l'Euro. Est-ce une aubaine? Oh, il faut se méfier de la Bosnie. Il y a de nombreux joueurs de qualité. J'en parlais avec Fabregas il y a quelques jours. Il ne faudra pas calculer par rapport à l'adversaire. Mentalement, il faudra l'emporter peu importe l'adversaire. Qu'attendez-vous de Zinedine Zidane (invité à s'exprimer auprès de Laurent Blanc en septembre prochain)? Ce sera une séance comme les autres, mais c'est une chance qu'il vienne nous parler. Je n'ai pas eu l'honneur de jouer avec lui, alors ce sera intéressant de discuter avec, afin qu'il nous fasse partager son vécu. On est arrivé à un stade où on ne peut plus refuser de l'aide. Il faut avoir un regard critique sur l'équipe de France pour améliorer les choses. Quels sont les chantiers des Bleus? C'est au sélectionneur de répondre à cette question. De notre côté, nous devons l'emporter en Norvège et essayer de conserver notre place pour septembre. Est-ce un coup d'envoi ou seulement une période de transition? C'est un coup d'envoi. Ce qui est fait est fait. Désormais, il y a un nouveau départ. Aux 22 joueurs de saisir cette chance. "J'ai étoffé mon bagage en Angleterre" Arsène Wenger a-t-il évoqué ce retour en équipe de France? Pas spécialement. Il m'a laissé partir sans me parler. Je pense qu'il a assez de soucis avec la vie en club. On l'a entendu vous défendre pendant la Coupe du monde... J'ai une très bonne relation avec lui, il m'a toujours défendu. Après la liste des 30, il m'a appelé et m'a dit que je pouvais lui téléphoner pendant les vacances. Bon, je n'ai pas eu besoin. Le coach est très psychologue. Votre retour semblait une évidence... Lors de cette période de pré-saison, je me suis préoccupé de ma forme physique et de mes prestations avec Arsenal. Je n'ai pas pris pour acquis le fait que des joueurs n'allaient pas être appelés pour la première de Laurent Blanc. Vous savez, je pensais faire partie de la liste des 30. Donc maintenant, j'attends la liste comme tout le monde. Y avait-il un signe annonciateur de votre non-sélection pour l'Afrique du Sud? Non. Je l'ai appris sur TF1, au journal de 20h, comme vous. Quelle a été votre réaction? Je ne pense pas que je puisse le dire (rires). Pour rester poli, j'ai crié "Oh, purée!" Ça a été un coup dur. En quoi le football anglais vous a-t-il apporté? Il y a plus d'intensité, alors j'ai appris dans la spontanéité, mais aussi dans l'aspect défensif. A Marseille, je n'étais pas un grand défenseur car je n'aimais pas trop ça. En évoluant sur les côtés, j'ai étoffé mon bagage. En jouant en Angleterre, vous ne pouvez que progresser. Il faut élever son niveau de jeu car sinon, on vole en éclat. Que connaissez-vous de la Norvège? Je connais quelques joueurs qui évoluent en Premier League, comme Carew et Hangeland, ou encore Riise. Ça va être costaud.