L'équipe de France de natation a conclu ses championnats du monde en beauté, dimanche, avec sa seule journée à deux médailles : l'or pour Camille Lacourt sur 50 m dos et le bronze du 4x100 m 4 nages masculin. Ces deux nouvelles breloques portent le total des nageurs tricolores à six lors de ces Mondiaux et placent la France à la cinquième place du classement des médailles, derrière les Etats-Unis (23, dont 8 en or), l'Australie (16, dont 7), la Chine (13, dont 5) et la Grande-Bretagne, 4e (9, dont 5).
Deux nageurs, les seuls médaillés en individuel, ont été les éléments moteurs de la récolte française : Florent Manaudou (or sur 50 m, 50 m papillon et le relais 4x100 m) et Camille Lacourt (or sur 50 m dos, argent sur 100 m dos et bronze sur le relais 4x100 m 4 nages). Manaudou et Lacourt, les arbres qui cachent la forêt ? "Quand on regarde dans le détail, on n'est pas les seuls à construire de la médaille d'or sur deux athlètes", relève l'entraîneur en chef de l'équipe de France, Romain Barnier. "Les Hongrois ou les Anglais le font aussi, parce que les relais des Anglais, c'est James Guy (médaillé d'or sur 200 m nage libre, ndlr) et Adam Peaty (médaillé d'or sur 50 et 100 m brasse, ndlr)."
Seulement six finales en individuel pour la France. Reste que le bilan des Bleus lors de ces Mondiaux 2015 est moins volumineux qu'en 2011 (10 médailles, dont 2 en or) et 2013 (9 médailles, don 4 en or) et qu'une partie de ces breloques a été acquise sur des distances non olympiques, comme les 50 m dos et papillon. De quoi être inquiet pour les prochains Jeux olympiques, l'an prochain, à Rio ? "Il n'y a pas de raison qu'on soit inquiets, on a prouvé que les leaders seraient au rendez-vous", considère au micro d'Europe 1 le directeur technique national de la natation française, Jacques Favre. "On est à notre niveau, notre natation féminine est à son niveau, la natation masculine est à son niveau, Florent Manaudou est à son niveau, Camille Lacourt est à son niveau. On n'a pas gagné tous les combats qu'on voulait gagner mais on n'a pas à rougir, je crois qu'il n'y a pas eu de contre-performances majeures. On a surtout eu une équipe de France qui a tenu son rang, qui est restée digne avec les éléments qu'elle avait avec elle."
Sur 40 finales individuelles possibles, l'équipe de France, forte d'une délégation de 28 nageurs (14 filles et 14 garçons) mais privée de l'un de ses chefs de file, Yannick Agnel, blessé, n'a pourtant pris part qu'à six finales, dont une seule chez les filles, avec Lara Grangeon sur 400 m 4 nages (8e).
"Pas de filles assez talentueuses". Directeur de l'équipe de France féminine, Fabrice Pellerin reconnaît être confronté à un "vaste chantier". "C'est vrai qu'on n'a pas d'individualités qui se dégagent, qu'on n'a pas de filles assez talentueuses aujourd'hui pour se hisser sur les podiums et pourtant on a envie de podiums", a insisté l'ancien entraîneur de la regrettée Camille Muffat. "C'est vraiment le gros travail à fournir. Maintenant qu'on a une base saine de nageuses, qui ont les meilleures ambitions, il va falloir faire en sorte qu'on ait une nouvelle Manaudou, une nouvelle Camille Muffat, de manière à pouvoir enrichir notre bilan de médailles et de titres." Capitaine de l'équipe de France, double médaillé en relais (or sur 4x100 m, bronze sur 4x100 m m4 nages), Fabien Gilot est confiant en l'avenir. "Ça reste une belle semaine, les garçons confirment, que ce soit en individuel, avec nos têtes d'affiche. Les relais sont toujours là, et chez les filles, je vois une âme, des jeunes qui sont en train de s'unir, de se construire", insiste l'expérimenté nageur du Cercle des nageurs de Marseille. "Il ne faut pas oublier que nous, il nous a fallu deux-trois ans pour vraiment émerger sur les relais. Il faut leur laisser un peu de temps et elles vont briller rapidement. Mais il y a quelque chose qui est en train de se passer chez les filles aussi." Acceptons-en l'augure...