Son absence à lui était passée un peu inaperçue. Mais, à l'instar des deux protagonistes de ce qui est devenu l'affaire de la "sextape", Karim Benzema, blessé, et Mathieu Valbuena, "protégé", Alexandre Lacazette ne faisait pas partie, lui non plus, des 23 joueurs retenus jeudi par le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, pour les deux matches amicaux à venir, le 13 novembre prochain, contre l'Allemagne, et le 17 novembre, en Angleterre. "Je suis ses performances. Aujourd'hui, ce n'est pas suffisant. Il est capable de beaucoup mieux", avait indiqué Deschamps lors de sa conférence de presse. Visiblement, Lacazette l'a entendu. Et avait décidé dimanche, pour le dernier derby face aux Verts à Gerland, de prouver qu'il avait les moyens de rivaliser avec le revenant Hatem Ben Arfa, le débutant Kingsley Coman ou l'exilé André-Pierre Gignac pour une place chez les Bleus...
Un début de saison manqué avait fait oublier un peu vite les performances de Lacazette en 2014-15 avec l'OL : 27 buts, un titre de meilleur buteur et un de meilleur joueur. Dimanche, on avait retrouvé ce Lacazette-là : accrocheur, disponible, technique, capable sur un geste de déstabiliser une défense (quand bien même celle des Verts fut un peu en bois, dimanche). Alors, oui, il n'avait marqué que deux buts depuis le début de la saison en Ligue 1 - un seul dans le jeu -, une misère pour quelqu'un habitué à tenir le rythme d'un Zlatan Ibrahimovic.
"Une soirée inoubliable."L'expression de rage qui avait suivi son but contre Reims, le 3 octobre dernier (1-0), semblait indiquer qu'il était sur la voie de la guérison, lui qui a mal vécu les sorties de son président Aulas sur sa prolongation de contrat. La blessure de son compère d'attaque, Nabil Fekir, n'a pas aidé à son rayonnement. Mais, dimanche, il a semblé mettre définitivement de côté toutes les mauvaises ondes par la grâce d'un triplé de haut vol. Acte 1 : un contrôle dans la course pour effacer Loïck Perrin et un piqué pour tromper Ruffier, le tout effectué à vitesse grand V. Acte 2 : un sens de l'anticipation pour passer devant son défenseur et reprendre du gauche un ballon repoussé par le gardien. Acte 3 : un placement idéal, à la limite du hors-jeu, du sang-froid pour effacer Ruffier et marquer dans le but vide. Ouf !
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— Olympique Lyonnais (@OL) November 8, 2015
"Cela restera une soirée inoubliable", a confié le héros lyonnais. "On va encore profiter de ce match avant de passer à autre chose. J'ai eu un bon ressenti dans ce rencontre, qu'il soit personnel ou collectif." Dimanche, Lacazette est devenu le quatrième joueur lyonnais à réaliser un triplé lors d'un OL-ASSE, après Fritz Woehl (1951), Angel Rambert (1963) et Fleury Di Nallo (1971). "C'était un rêve de réaliser un triplé pour un derby à Gerland mais je n'aurai jamais pensé que ce serait pour le dernier dans ce stade. Je n'oublie pas les moments difficiles de cet été, personnellement ou les performances, et c'est parce que je suis passé par là que j'en suis là aujourd'hui."
Brillant dans un "gros match". Mais Lacazette n'a pas fait que répondre à Deschamps. Il a aussi répondu aux sceptiques qui, à son bilan comptable remarquable de la saison dernière, lui opposait le manque d'envergure de ses "victimes". Interrogé à la pause par Canal+, il notait déjà : "C'était mon défaut la saison passée, je ne marquais pas dans les gros matches. Cette année, on m'attend surtout lors de ces matches-là". Difficile, dès lors, de trouver "plus gros" qu'un derby, qui plus est le dernier disputé à Gerland. L'avenir de Benzema en Bleu restant encore un peu incertain à ce jour, alors que l'enquête sur la "sextape" de Valbuena se poursuit, la performance de Lacazette, dimanche soir, est une excellente nouvelle pour l'OL mais également pour l'équipe de France. Seulement et seulement si il est sélectionné, bien sûr.