L'OM, club le plus populaire de France, n'avait plus remporté de trophée depuis 17 ans. Alors, quand, le 27 mars 2010, le club phocéen soulève enfin une coupe, en l’occurrence celle de la Ligue, la liesse populaire s'empare du Vieux-Port. Des dizaines de milliers de personnes saluent les vainqueurs des Girondins de Bordeaux (3-1) sous un soleil de plomb. Un an après, les joueurs de Didier Deschamps retrouvent le Stade de la France et la finale. En un an, le club a changé, les attentes également. Des hommes se sont affirmés, d'autres sont arrivés, certains ont été débarqués. Tour d'horizon.
L'OM a été sacré. La célébration de la victoire en Coupe de la Ligue l'an dernier avait quelque chose de démesuré. Frédéric Thiriez ne nous en voudra pas (et le PSG non plus) mais la compétition qu'il faut remporter en France, c'est d'abord et avant tout le championnat. Et après 18 ans de disette, c'est ce que l'OM est parvenu à faire en mai 2010 en réussissant à déposer notamment Lyon et Lille (tiens, tiens...) dans le sprint final. Fini le spectre du titre perdu en 1999, l'OM a réussi l'an dernier à gagner les matches qu'il fallait, notamment à l'extérieur. Cette saison, les champions de France en titre restent sur cinq succès consécutifs hors de leurs bases. Cet OM-là est rôdé. Et les Dogues, qui ne disposent plus que d'un point d'avance à sept journées de la fin, commence à sentir le Mistral sur leurs nuques...
L'appétit a augmenté. Les supporters marseillais, qui considèrent que le titre 1993, entaché par l'affaire VA-OM, leur a été injustement retiré, avaient réalisé un tifo l'an dernier pour célébrer le dixième titre de champion de France. Mais c'est bien cette saison que l'OM peut ajouter un dixième titre à une dixième Coupe de France, ce qui, avouons-le, rendrait assez bien dans le palmarès. Difficile, donc, de se contenter d'une deuxième Coupe de la Ligue. Au club et à la mairie de Marseille, aucune fête n'a d’ailleurs été prévue en cas de succès, samedi soir, face à Montpellier. L'OM est devenu gourmand. Et même un huitième de finale de la Ligue des champions perdu avec les honneurs face à Manchester United ne l’a pas rassasié.
Deschamps s'est imposé. Premier entraîneur à ramener le titre sur la Canebière depuis Raymond Goethals, Didier Deschamps a acquis une belle légitimité au sein du club. Malgré la tempête du début de saison (deux défaites d'affilée, face à Caen et à Valenciennes, quand même), l'entraîneur est resté droit dans ses bottes et a réussi à ramener l'OM dans le droit chemin. Celui du but. Dixième fin août, 6e fin septembre, 2e fin octobre, l'OM occupe cette place encore six mois plus tard et ce, malgré quelques matches moyens voire médiocres. Et "DD" ne s'est jamais caché pour le dire. Au sortir d'un piteux match nul (0-0), à Monaco, en janvier dernier, il avait ainsi lâché "On a été nul". Libre de ses paroles, le capitaine des champions d'Europe 1993 l'a moins été au niveau des transferts…
Niang s'est exilé. Buteur lors du match pour le titre (Rennes) puis lors de la dernière journée (Grenoble) et meilleur réalisateur de la saison (15 buts), Mamadou Niang a quitté l'OM à l'intersaison. Attiré par la Ligue des champions (qu'il ne disputera pas) et (peut-être) par la Turquie, le Sénégalais s'en est allé. Et avec lui une partie de la fluidité du jeu offensif de l'OM. L'ancien Strasbourgeois, parti trop tôt mais surtout trop loin pour remplacer Didier Drogba dans le cœur des supporters phocéens, n'a pas été remplacé. Son talent devant le but, son sens du placement et des déplacements, sa technique en mouvement manquent. Même si replacé en pointe, Loïc Rémy, a plutôt assuré et rassuré. Mais il sera suspendu samedi…
Gignac est arrivé. Pour remplacer Niang au poste d'avant-centre, l'OM a déboursé 16 millions d'euros. C'est beaucoup pour André-Pierre Gignac, un bon joueur de Ligue 1 mais pas un grand attaquant de niveau européen. En 2009-10, "Dédé" avait marqué 8 buts en 31 matches avec Toulouse. Avec sept buts en 24 matches, il fera sans doute un peu mieux cette année. Mais sa maladresse, ses supposés kilos superflus, son statut d'(ancien ?) international, sa farouche volonté de réussir et sa relation de "Je t'aime, moi non plus" avec les supporters en font désormais un personnage essentiel du club. Mais pas forcément de l’équipe.
Brandao a été viré. Moqué pour ses contrôles approximatifs, Brandao n'en avait pas moins été l'un des joueurs clés de l'OM la saison passée, notamment en Coupe de la Ligue. Il avait inscrit un doublé à Saint-Etienne, en huitièmes de finale (3-2) et un autre à Toulouse, en demi-finales (2-1 a.p.). Cette saison, il s'était montré à nouveau décisif, à Auxerre, en demies, en ouvrant le score (2-1). Mais l'"affaire Brandao" est passée par là. Et, au contraire de l'an dernier, Brandao ne sera pas titulaire, samedi, au Stade de France. Pas de "L'ai pas touchée, l'ai pas touchée" cette année, donc. Transféré à Cruzeiro, Brandao, c'est une certitude, ne touchera pas la Coupe de la Ligue cette année. Oui, des choses ont changé à l'OM.