Lucky loser. Littéralement "Perdant chanceux". C'est avec ce statut que Stéphane Robert a atteint les huitièmes de finale de l'Open d'Australie, où il retrouvera le 4e joueur mondial, l'Ecossais Andy Murray, lundi (le match a lieu dans la nuit de dimanche à lundi, en France, ndlr). C'est la première fois dans l'histoire du tournoi qu'un "LL" atteint la deuxième semaine. Que signifie "lucky loser" ? Il s'agit d'un joueur éliminé en qualifications mais repêché par la grâce d'un forfait : en l’occurrence ici celui de l'Allemand Philipp Kohlschreiber. "Je n'ai appris le retrait de Philipp Kohlschreiber que dix minutes avant d'aller sur le court pour mon premier tour", confie Robert dans le quotidien L'Equipe. "J'étais en train de faire de la paperasse et on m'a dit : "Court 7. Go !"
Et sur ce court n°7, Stéphane Robert a éliminé le Slovène Aljaz Bedene (104e mondial), le premier de ses trois succès cette année jusqu'ici à Melbourne, lui qui n'avait jamais fait mieux qu'un deuxième tour en Grand Chelem. Puis le Polonais Michal Przysiezny (64e à l'ATP) et le Slovène Martin Klizan (106e) sont tombés sous les coups de Robert, classé lui 119e mondial. "J'ai gagné trois matches, j'ai battu des joueurs qui, sur le papier, étaient à ma portée." Ce ne sera pas le cas d'Andy Murray, 4e mondial, triple finaliste sur les quatre dernières années à Melbourne et vainqueur du dernier tournoi de Wimbledon.
Malgré le palmarès imposant de son adversaire du jour, Robert considère qu'il a une "chance sur deux" de passer en quarts de finale. Le natif de Montargis, 33 ans, a même avoué préférer jouer l'Ecossais que Feliciano Lopez, que Murray a éliminé au troisième tour. Et, pour cause, l'Espagnol avait battu Robert à Johannesburg, en février 2010, lors de sa seule finale sur le circuit ATP.
En gagnant ces trois matches dans le grand tableau, Stéphane Robert a réalisé une bonne performance sportive mais également financière. En effet, cette place en deuxième semaine correspond à 85% de l'ensemble de ses revenus sur l'année 2013. "Je ne regarde pas ces histoires de classement ou d'argent", souligne dans le quotidien L'Equipe Stéphane Robert, qui a découvert le tennis de haut niveau sur le tard. "Chaque fois que je l'ai fait, j'ai perdu."
Robert estime avoir déjà atteint "le seul objectif qu'il avait réellement dans sa carrière". "C'était de faire un coup à Roland-Garros et je l'ai fait", insiste-t-il. Au printemps 2011, il avait battu Tomas Berdych au premier tour, porte d'Auteuil. "C'était pas non plus le coup du siècle, mais j'étais content, j'avais fait mon truc. Maintenant, je prends ce qui vient." Une chose est sûre : Robert n'aura pas la pression au moment d'entrer sur la Hisense Arena, lundi.