Neuf abandons, des vomissements, des évanouissements : depuis lundi, l'Open d'Australie se dispute sous une canicule qui met à mal spectateurs, ramasseurs et surtout joueurs. Un pic de chaleur à 43,4°C a même été observé jeudi, ce qui a contraint les organisateurs à interrompre temporairement les matches disputés sur les courts extérieurs. Car oui, la santé des joueurs est bel et bien en jeu.
"Il y a une mise en danger de l'organisme qui ne peut plus évacuer la chaleur produite par l'effort", explique au micro d'Europe 1 Jean-Pierre Rifler, médecin du sport à Dijon. "On augmente les risques de coup de chaleur surtout dans le tennis où on a vraiment des charges très importantes et une grande consommation d'énergie."
Coups de chaud et risques tendineux
Quand il fait chaud, le joueur transpire davantage. A la différence d'autres sports où le corps est en perpétuel mouvement (athlétisme ou cyclisme par exemple), le tennis, lui, facilite moins l'évaporation de la sueur, qui contient à la fois eau et minéraux. A fortiori lorsque la température extérieure maintient celle à la surface du corps à un niveau élevé. La chaleur corporelle ne cesse alors d'augmenter et le débit sudoral itou. La déshydratation, qui correspond à un manque d'eau et de sels minéraux dans le corps, menace. C'est ce qui est arrivé mardi au Canadien Frank Dancevic face au Français Benoît Paire.
Dans ces cas, boire ne permet pas toujours d'éviter les coups de chaleur. "De plus, une équation est parfaitement connue des spécialistes de la physiologie de l'effort", explique Jean-Jacques Menuet, médecin du sport, dans une chronique publiée sur Le Plus. "Si je perds 1% de mon poids en eau, alors je perds 10% de ma force physique". Un joueur de 70 kg qui perd 2 litres d'eau perd donc 30% de sa puissance." Et un corps qui perd de la puissance est aussi un corps davantage exposé aux blessures. "Les muscles, moins irrigués et hydratés, se blessent plus facilement, le risque de tendinites sera donc élevé."
De la responsabilité des joueurs
Coups de chaleur, blessures musculaires, l'organisme est mis à rude épreuve, jusqu'à l'extrême limite. "A partir du moment où on ne peut pas dissiper la chaleur corporelle, on a effectivement un risque vital qui s'ensuit, allant jusqu'à la mort subite", souligne Jean-Pierre Rifler. Pour le médecin du sport, les joueurs ont aussi une part de responsabilité dans leur mise en danger. "Ce sont aussi les tennismen qui se mettent en danger eux-mêmes. C'est à eux aussi de dire : "non, on ne peut pas jouer dans ces conditions-là." Et, effectivement, au-delà de 40°C, c'est quand même inconscient de jouer un match de tennis".
La vague de chaleur qui touche Melbourne et le sud-est de l'Australie devrait se poursuivre dans les prochains jours. Et contraindre la direction du tournoi, qui a déjà lancé le plan "grosses chaleurs" jeudi, à prendre de nouvelles mesures afin de préserver la santé des joueurs, confrontés à la répétition des efforts.
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