Chantal Jouanno a troqué le Grenelle de l'environnement contre le dossier sur l'Euro 2016 ou la candidature d'Annecy pour les JO d'hiver de 2018. L'ex-karatéka est la nouvelle ministre des Sports du gouvernement Fillon. Patrick Chêne, présentateur de Politique matin sur la Chaîne Parlementaire, revient sur cette nomination pour Europe1.fr.
Chantal Jouanno est-elle la bonne personne pour le ministère des Sports ?
J'ai tout d'abord une petite pensée pour David Douillet qui doit être déçu. J'espère que ce sera pour une prochaine fois. Quant à Chantal Jouanno, sa personnalité est légitime et incontestable. On dit souvent que les experts ne sont pas forcément de bons ministres mais aujourd'hui, il n'y a que des ondes positives autour de cette nomination.
Elle est légitime dans le domaine sportif (plusieurs fois championne de karaté) et en politique (sa formation mérite le respect). Elle a également beaucoup appris au ministère de l'Ecologie et elle n'hésite pas à donner son avis. Quand la taxe carbone a été retoquée par exemple, Chantal Jouanno a manifesté son désaccord vis-à-vis du gouvernement.
Quels seront ces chantiers prioritaires ?
Elle devra faire cohabiter deux mondes : le monde visible (celui de la candidature d'Annecy 2018, de l'Euro 2018 et des médailles) et le monde amateur. Ce dernier doit bénéficier d'une politique sportive générale qui prend en considération ces exigences. Il faudra qu'elle arrive à se faire accepter par les deux camps. Sa connaissance du monde associatif l'aidera certainement.
Le ministère des Sports devient un ministère à part entière. Quelles sont les incidences de ce changement ?
C'est une excellente nouvelle. Bernard Laporte et Rama Yade étaient obligés de faire davantage de diplomatie que de politique. Avec ce ministère totalement indépendant, Chantal Jouanno aura une plus grande marge de manœuvre. Quand elle décidera quelque chose, c'est elle-même qui appuiera sur le bouton. Le ministère des Sports aura désormais beaucoup plus de poids.
Quel bilan tirez-vous de Rama Yade ?
Rama Yade n'est pas restée suffisamment longtemps pour pouvoir tirer un réel bilan. Et puis, elle n'a pu prendre aucune décision. A chaque fois, c'est sa ministre de tutelle, Roselyne Bachelot, qui intervenait (comme pour le couac des Bleus à la dernière Coupe du monde de football). Sur les rares dossiers qu'elle a pris en main, Rama Yade ne connaissait pas les codes du monde sportif. Elle se bornait à lire les textes de ses conseillers.