Il a couru à corps perdu le long de la ligne de touche, en shootant au passage dans une bouteille d'eau, avant de rejoindre ses joueurs près du poteau de corner. José Mourinho a eu la joie démonstrative, mardi, après le but de Demba Ba qui envoyait son club de Chelsea en demi-finales de la Ligue des champions aux dépens du PSG (1-3, 2-0). "Ce n'était pas de la joie", a-t-il nuancé à l'issue de la rencontre. "J'allais indiquer à Fernando (Torres) et à Demba (Ba) les changements que nous devions faire parce qu'avec encore trois minutes de jeu et le temps supplémentaire, la façon dont nous jouions était trop risquée". La presse anglaise n'a pas manqué de noter que Mourinho avait déjà célébré de la même façon la qualification pour les quarts de finale avec Porto face à Manchester United, en 2004.
Mourinho court le long de la ligne de touche :
Huit quarts de finale, huit qualifications. En 2004, "Mou" s'était qualifié pour la première fois pour les demi-finales de la compétition. Depuis, il l'a fait à sept reprises, dont cinq fois sur les cinq dernières années (une fois avec l'Inter Milan, trois fois avec le Real Madrid et une fois, donc, avec Chelsea). Le PSG, qui semblait bien lancé après le match aller (3-1), a lui aussi cédé face à la réussite de Mourinho à ce stade de la compétition. Huit fois sur huit, l'actuel coach de Chelsea a réussi à passer le cap des quarts de finale en C1.
"C’était un bon match, une belle victoire, et autant de demi-finales pour moi et pour Chelsea, ce n’est au fond pas quelque chose d’extraordinaire", a analysé Mourinho, avec l'air mi-détaché mi-hautain qui le caractérise désormais. "C’est bien d’être en mesure d’inverser la tendance de cette manière, car c’est toujours difficile. Mais les joueurs ne sont pas fous de joie dans le vestiaire. Il y a eu deux minutes de bonheur, et ensuite nous sommes passés à autre chose." Comme si éliminer le PSG de Thiago Silva était quelque chose de normal...
La qualification de Chelsea est-elle d'abord celle de Mourinho ? Le Portugais, en échec lors du match aller, a cette fois réussi son coup. Il a eu le mérite de mesurer les ardeurs de ses joueurs, qui ne se sont pas jetés à l'abordage, et de doser sa prise de risque, avec l'installation de deux (66e) puis trois attaquants de pointe (81e), comme l'exigeait la nécessité de marquer un but supplémentaire.
Parler de "magie" ou de "génie tactique", comme le font les journaux anglais ou français, paraît néanmoins un brin exagéré, car "Mou" a eu une bonne part de réussite aussi. C'est André Schürrle, entré en jeu à la place d'Eden Hazard, blessé, qui a ouvert le score, et c'est Demba Ba, qu'il a laissé la plupart du temps au placard cette saison, qui a marqué le but de la qualification, après une action confuse.
"Schürrle entre, il marque. Demba Ba entre, il marque, comment ça s'appelle", lui a demandé un journaliste anglais de Sky Sport. "Du cul", a répondu Mourinho, sans que l'on sache s'il était sincère ou ironique. Car aujourd'hui, le Portugais est passé maître dans l'art de duper les journalistes mais aussi - et avant tout - ses adversaires. Et, quand on voit les potentiels demi-finalistes (son ancien club du Real, le Barça, où il a fait ses classes, et le Bayern, où il retrouverait "Pep" Guardiola), on se dit que le show Mourinho est loin d'être terminé.
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