PSG-Manchester City. Dès cette affiche des quarts de finale de la Ligue des champions connue, le 18 mars dernier, les observateurs ont eu tôt fait d'en faire le choc des "nouveaux riches" ou encore celui… du Golfe. Puissances émergentes du football européen, le PSG et Manchester City sont en effet tous les deux la propriété de fonds venus du Moyen-Orient. Cette proximité géographico-financière vaut même à ce PSG-City d'être présenté par l'Agence France-Presse comme le "Golfico". Europe 1 détaille les traits de caractère de cette fratrie footballistique.
L'argent du Moyen-Orient. Manchester City, régulièrement présenté comme le club de la ville de Manchester (City=ville), à la différence de Manchester United, a été racheté en 2008 par le cheikh Mansour, membre de la famille régnante d'Abu Dhabi, plus grand émirat des Emirats arabes unis (EAU). De son côté, le PSG est devenu la propriété de Qatar Sports Investments en juin 2011. Ces deux rachats répondent à la même logique : Abu Dhabi, comme le Qatar, ont cherché à s'offrir une vitrine en Europe à travers un club historique en difficulté, au fort potentiel d'image (et donc commercial).
Un palmarès dépoussiéré. Après des débuts balbutiants, City a remporté en 2011 la Coupe d'Angleterre, son premier trophée depuis… 35 ans et la Coupe de la Ligue 1976. Mais, surtout, les "Citizens" ont réussi à remettre la main sur le trophée de champion d'Angleterre en 2012, après 44 ans de disette. Celle-ci a duré moins longtemps pour le PSG. Sacré champion en 1994, le club de la capitale a renoué avec la couronne en 2013, soit 19 ans plus tard "seulement". Depuis, les Rouge et Bleu sont inarrêtables sur la scène nationale, avec trois autres titres de champion (2014, 15 et 16), une Coupe de la Ligue, deux Coupes de France et trois Trophées des champions. Moins dominateur (la Premier League est bien plus relevée que la Ligue 1), City a tout de même raflé deux championnats (2012, 14), une Coupe d'Angleterre (2011), deux Coupes de la Ligue (2014, 16) et un Community Shield (2012) depuis l'arrivée aux affaires du cheikh Mansour.
Un public de spectateurs. Autrefois places fortes du "supportérisme", les deux clubs ont connu une mutation de leur public en même temps que leurs structures changeaient (et que l'argent arrivait ?). Comme d'autres endroits en Angleterre (Arsenal ou Manchester United), l'Etihad Stadium est devenu un endroit où l'on vient plus assister à une rencontre (si possible spectaculaire) que supporter son équipe. La mutation s'est également opérée au Parc des Princes, dans la foulée du plan Leproux et de la disparition des associations de supporters. Désormais, le Parc et l'Etihad Stadium font rarement le plein (les abonnés choisissent leurs matches) et l'ambiance y est très froide, même si l'enceinte de la porte d'Auteuil est capable de se réveiller les soirs de Ligue des champions…
La Ligue des champions comme objectif. QSI n'avait guère de doutes sur le fait que le PSG redeviendrait un géant de France. La Ligue des champions, voilà l'objectif réel du pouvoir qatarien. Depuis son arrivée, le PSG est resté bloqué en quarts de finale à trois reprises. Entre tirages malheureux et moins grande expérience européenne, City atteint lui ce stade de la compétition pour la première fois. Les deux clubs se sont en tout cas donné les moyens de briller au plus haut niveau continental. QSI a dépensé plus de 500 millions d'euros en transferts depuis 2011 et verse des salaires somptuaires à certaines de ses stars (Zlatan Ibrahimovic émarge à 15 millions d'euros annuels). City, lui, a dépassé le milliard d'euros en transferts depuis 2008. Le cheikh Mansour a fait d'une victoire en Ligue des champions un objectif, même si, pour les supporters de City, une victoire en Premier League a autant, voire davantage, de valeur qu'un sacre européen.
Des trajectoires sportives divergentes ? PSG et City, frères d'ambition, ne présentent pas la même courbe de progression. Alors que le PSG a installé une réelle dynamique sportive, avec une équipe type améliorée à la marge chaque année, City tarde à s'affirmer et à s'installer au top. Cette saison, les "Citizens" pointent ainsi à une décevante 4ème place en Premier League, à 15 points de Leicester (avec un match en moins), quand le PSG est déjà sacré depuis plus de deux semaines. Certes, le niveau de la Ligue 1 est inférieur à celui de la Premier League.
Mais, à la différence du PSG, brillant contre Chelsea (2-1, 2-1) et même à Madrid face au Real (0-1), City n'a pas convaincu cette année. Battus à deux reprises par la Juventus Turin, les "Skyblues" n'ont pas gagné une seule fois contre l'une des équipes du Top 6 de Premier League. Mais attention, City va changer de dimension la saison prochaine. En recrutant Pep Guardiola comme entraîneur, les dirigeants émiriens ont décidé d'offrir un grand ordonnateur à leur projet "sauce Barça". Certains diront que ce n'est pas trop tôt.