"Ce soir (mardi soir), dans les demi-finalistes, il y a le FC Barcelone et le Bayern Munich. Ces clubs-là ont mis du temps pour arriver dans le gotha. Paris y sera certainement un jour, il faut être patient et se dire que cela prendra du temps." Quelques minutes après l'élimination de son équipe en quarts de finale de la Ligue des champions, mardi, face au Barça (3-1, 2-0), l'entraîneur du PSG Laurent Blanc n'avait pas la défaite amère mais plutôt le verbe juste. Le coach parisien a relevé que le double champion de France a cédé face à un monstre centenaire, quadruple vainqueur de l'épreuve, dont il est un habitué du dernier carré ces dernières années : il l'a atteint sept fois sur huit ! Il aurait pu rappeler également que le Chelsea du milliardaire russe Roman Abramovitch a mis dix ans à gagner la C1.
Le président qatarien du club parisien, Nasser Al-Khelaïfi, tenait le même discours que son coach, et n'oubliait pas de faire allusion à l'exploit réalisé au tour précédent contre Chelsea (1-1, 2-2 a.p.) : "Le club de Barcelone a plus de 100 ans, nous on commence quelque chose. Mais on reste motivé et on sait qu'on a montré beaucoup de choses positives, même si on voit qu'il nous manque encore quelque chose." Reste à savoir maintenant comment obtenir ce fameux petit quelque chose en plus...
Résister aux effets du fair-play financier. Le PSG est en train de connaître un destin à la Manchester City, revenu rapidement au sommet du foot anglais mais qui patine en Ligue des champions. Certes, le PSG patine plus haut mais patine quand même, avec une troisième élimination de rang au stade des quarts de finale, ce qui n'est pas exactement l'objectif du propriétaire, Qatar Sports Investments (QSI). Mais surtout, l'écart semble s'être creusé avec l'élite du football européen. Il y a deux ans, le PSG était passé tout près de la qualification face au Barça (2-2, 1-1). Cette saison, il n'en a jamais été question.
Limité dans son recrutement l'été dernier - avec un seul gros transfert possible -, le PSG sera encore sous la contrainte du fair-play financier lors du prochain mercato. Bridé au niveau investissements, il ne pourra dépenser que 55 millions d'euros en transfert, un montant certes important mais bien loin de la somme nécessaire pour attirer dans ses filets des "top joueurs" susceptibles de donner un nouvel élan au PSG. Le transfert de Paul Pogba (Juventus), cible prioritaire des dirigeants parisiens, est ainsi estimé à plus de 80 millions d'euros. Des préoccupations que ne connaît pas, par exemple, le FC Barcelone. Le géant catalan a dépensé des sommes folles pour s'attacher les services de Suarez ou Neymar - dont le transfert a été épinglé par la justice -, tout en étant surendetté. Les règles du fair-play financier ne sont entrées en vigueur qu'en 2011 et depuis, le Barça, aux revenus annexes (billetterie, sponsoring, merchandising) bien plus grands que ceux du PSG - présente des bilans équilibrés. Alors...
Renforcer un effectif limité. Cette saison, l'effectif du PSG est apparu limité, en quantité comme en qualité. Soumis à un encadrement de sa masse salariale par l'UEFA, le PSG ne peut pas faire n'importe quoi. Et ne peut donc surtout pas acheter n'importe qui. Pour attirer des stars, le PSG devra peut-être avoir recours à un subterfuge qui consiste à accueillir des joueurs en prêt, ce qui évite de payer une indemnité de transfert. Cette hypothèse pourrait s'appliquer à de grands noms en difficulté dans leur club, comme l'Argentin Angel Di Maria à Manchester United, voire pourquoi pas à son coéquipier Radamel Falcao, qui appartient toujours à Monaco. Les deux matches contre le Barça (mais aussi quelques autres, cette saison, il faut l'avouer) ont montré que le PSG avait besoin d'autre chose, de nouvelles têtes et de sang frais. Plusieurs joueurs, comme Edinson Cavani, Ezequiel Lavezzi, Yohan Cabaye, Gregory van der Wiel, déçoivent, match après match. Mais ils sont sous contrat. A qui les vendre ? Et bien les vendre ? Pas évident. Alors, si le PSG ne peut pas bien vendre, qu'il essaie au moins de bien acheter.
Son seul joueur digne du rendez-vous, mardi soir, fut Marco Verratti (photo ci-dessus), un joueur venu de deuxième division italienne. C'est aussi le plus "bankable". Mais il paraît aujourd'hui hors de question de le laisser partir, sous peine d'affaiblir encore un peu plus un effectif vieillissant. Les cadres de ces dernières années - Thiago Silva, Thiago Motta et Zlatan Ibrahimovic - ont dépassé la trentaine et ont connu cette année beaucoup de pépins physiques. Le cas "Ibra", icône du club, est symptomatique des soucis parisiens. Sans lui, le PSG n'est pas grand-chose. Avec lui, le PSG ne fait plus grand-chose, notamment dans les grands matches. Et la question de sa succession se pose.
Mieux choisir ses priorités. La domination éclatante du Barça sur les deux matches des quarts de finale ne doit pas faire oublier que le PSG a disputé le match aller avec une équipe amputée de certains de ses meilleurs éléments. La faute aux suspensions mais aussi aux blessures. La saison a été longue et le PSG, en lice pour un triplé inédit en France, a joué jusqu'ici tous les matches possibles puisqu'il a remporté la Coupe de la Ligue et disputera le 30 mai prochain la finale de la Coupe, face à Auxerre. Fallait-il mieux cerner les objectifs ? Changer la préparation ? Sacrifier certaines compétitions, comme l'avait menacé un temps Laurent Blanc ? Peut-être.
Mais le PSG est en perpétuelle représentation et ne peut pas se permettre de "balancer" un match. Pour résister à un calendrier surchargé, il lui faut renforcer son effectif, peut-être, mais sans doute aussi faire davantage confiance à ses jeunes. Mieux les former, peut-être aussi, car on ne peut pas dire que ceux qui ont eu leur chance ces derniers temps ont brillé, à l'exception d'Adrien Rabiot. En cela, le Barça est là aussi un exemple à suivre.
Se faire davantage respecter. Il y a les problèmes objectifs du PSG, quantifiables. Et puis, il y a tout le reste. Et, de ce point de vue, le visage offert mardi soir sur la pelouse du Camp Nou a de quoi effrayer. Peu d'envie, guère d'engagement, les Parisiens n'ont pas vraiment donné l'image d'une équipe prête à suer sang et eau pour arracher un résultat positif. Cela pose également la question de la responsabilité de l'entraîneur, Laurent Blanc, auteur d'une saison assez remarquable sur le plan domestique, mais qui paraît souvent subir son groupe. Les coups de sang (et de pub) d'Ibrahimovic ou la guérison éclair de David Luiz ont montré que le "Président" (et le club) ne maîtrisaient pas tout. Le PSG a indéniablement besoin d'un nouveau souffle. Il peut venir du banc, mais pas nécessairement.
Depuis son départ du poste de directeur sportif, Leonardo (photo) n'a pas été remplacé. C'est un souci, on l'a vu, sur le recrutement, avec quelques arrivées guère marquantes (Aurier, Cabaye, voire Cavani) mais aussi pour la "respectabilité" du PSG, qui n'a plus de personnalité pour faire le tampon entre presse, joueurs et instances. Pas pour donner des coups d'épaule dans les couloirs mais pour donner des coups de poing sur la table, ce dont le PSG a, malgré tout, bien besoin.
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