PSG : l'entourage de Ben Arfa ne comprend pas sa mise à l'écart

Hatem Ben Arfa à l'entraînement (1280x640) Franck FIFE/AFP
Hatem Ben Arfa, ici à l'échauffement, n'a plus porté le maillot parisien depuis le 9 septembre dernier. © Franck FIFE/AFP
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avec Cyrille de la Morinerie , modifié à
LIGUE 1 - Pour la troisième fois de rang, la recrue vedette du mercato parisien n'a pas été retenue dans le groupe pour affronter Dijon, mardi. Son entourage s'inquiète.

Arsenal, Caen et maintenant Dijon. Hatem Ben Arfa ne figure pas dans le groupe du PSG pour la troisième fois de suite. Cela signifie donc que l'entraîneur basque du club de la capitale, Unai Emery, estime que la recrue vedette du PSG, qui sort d'une saison flamboyante avec Nice (17 buts, 6 passes décisives en Ligue 1), n'a même pas le niveau suffisant pour figurer parmi les remplaçants pour affronter le promu dijonnais. La sanction commence à ressembler à une humiliation. Car en dehors de Ben Arfa, seuls les jeunes du club ont connu un sort identique. Pas des joueurs qui émargent à dix millions d'euros par an. Pas des joueurs de 29 ans d'aussi grand talent.

Un choix illisible. "Une décision uniquement sportive". C'est sur ce critère qu'Emery a expliqué son choix, lundi, en conférence de presse. Comme il l'avait fait après le match face à Arsenal ("Les meilleurs étaient là") ou après le déplacement à Caen ("Ceux qui étaient les meilleurs pour ce match étaient ici"). Pourtant, ce raisonnement tient difficilement. Pourquoi ? Parce que Jesé, par exemple, autre recrue parisienne de l'intersaison, n'a pas été à son avantage à Caen et figure pourtant dans le groupe pour la réception de Dijon. Évidemment, cette façon de faire agace l'entourage du joueur. Pour le moment, à défaut de ballon rond, Ben Arfa fait le dos rond. Et travaille. À l'entraînement, mais aussi en salle de musculation. Incrédule, son entourage envisagerait d'aller demander des explications au directeur sportif du PSG, le Néerlandais Patrick Kluivert. "À un moment donné, ça va péter", estime même un proche du joueur, cité par le quotidien L'Équipe.

Quid de la raison réelle ? Visiblement, l'entourage ne comprend pas sa mise à l'écart. Étant donné le pedigree du joueur, qui est allé au clash avec quasiment tous ses coaches durant sa carrière, on se dit qu'il y a peut-être eu un incident avec Emery. "Rien du tout", nous assure-t-on du côté du joueur. On n'est évidemment pas obligé de le croire. De son côté, le PSG assure le minimum côté communication sur ce dossier. On sait depuis l'affaire Serge Aurier la saison dernière que les cas individuels ne sont pas toujours bien gérés.

Il faut donc essayer de lire entre les lignes. Ou de revenir quelques chapitres en arrière. Il y a un mois, Emery avait parlé de Ben Arfa en ces termes : "Pour l’équilibre de l’équipe, avec le rythme et la condition physique, je veux plus de sa part en ce qui concerne le travail de pression, en défense. Je veux qu’il travaille pour s’améliorer." Ben Arfa ne travaillerait donc pas assez à l'entraînement. Ce que son ancien coach à Nice, Claude Puel, a laissé entendre, en lâchant sur TF1 : "Ben Arfa est un joueur de match, pas d'entraînement". Ce dont on se doutait un peu. Ben Arfa n'est pas un débutant, c'est un joueur de 29 ans dont on connaît les qualités. Et c'est plus la fulgurance que l'abnégation. "C'est un joueur comme les autres", répète à l'envi Emery. Mais non justement, Ben Arfa n'a jamais été un joueur comme les autres, que ce soit sur ou en dehors du terrain. On espère quand même qu'Emery ne l'a pas découvert en le faisant évoluer sous ses ordres ces dernières semaines au PSG…

Est-il possible alors que Ben Arfa paie ses performances du début de saison ? Car avant de le mettre sur la touche (ou plutôt en tribunes), Emery a fait jouer Ben Arfa pendant cinq matches, 152 minutes en tout, parfois à un poste d'avant-centre qui n'est pas le sien. S'il n'a pas brillé de mille feux - il fut toutefois buteur lors du Trophée des champions face à Lyon (4-1) -, "HBA" a été loin d'être ridicule, notamment contre Saint-Étienne, sa dernière apparition en date sous le maillot parisien, lors de la 4ème journée de Ligue 1 (1-1).

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Ce n'est un secret pour personne : Ben Arfa était un choix prioritaire pour le président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi. Français et talentueux, originaire de la banlieue parisienne (il est né à Clamart, dans les Hauts-de-Seine), l'ancien joueur des Aiglons a (ou avait ?) le profil pour faire passer un cap au PSG en termes de popularité. Il a signé le 1er juillet, soit trois jours après l'arrivée d'Emery au poste d'entraîneur. Selon Le Parisien, le technicien basque répète en privé qu'il "n'aime pas" Ben Arfa (ce qui serait une explication fort logique à tout cet épisode). Mais accepte-t-on dans son nouveau club un joueur qu'on n'aime pas ? Les deux hommes ont même été présentés ensemble, le 4 juillet…

Une question de méthode ? "Ça fait trois matches (qu'il ne le retient pas dans le groupe), ça veut dire qu'il a eu 21 occasions de le mettre sur le banc (à chaque match, sept joueurs prennent place sur le banc, ndlr)", insiste notre consultant Guy Roux. "Et là, il (Unai Emery) fait le cake, peut-être pour aller contre son président (Nasser Al-Khelaïfi). Il n'aurait pas fait ça à un joueur plus carne." En mettant Ben Arfa à l'écart de manière aussi spectaculaire, Emery chercherait-il à marquer son territoire par rapport à ses joueurs, lui qui se trouve également en position de force par rapport à son président (vous êtes venus me chercher pour gagner la Ligue des champions, alors laissez-moi faire !) ? Pas impossible. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'Emery l'a déjà fait dans son précédent club, le Séville FC. Lors de son arrivée au club en 2014, l'Argentin Ever Banega était hors de forme. Emery, qui connaissait bien le joueur, qu'il avait entraîné auparavant à Valence, l'avait pourtant laissé au placard pendant plusieurs mois avant d'en faire un élément clé de son équipe. Voilà qui doit donner de l'espoir à Ben Arfa.

Une mise à l'écart jusqu'à quand ? Le souci est maintenant de savoir combien de temps "HBA" va tenir dans cette position inconfortable, lui qui a besoin de jouer pour se sentir bien, mais aussi de se sentir aimé. Visiblement, Ben Arfa s'est bien inséré dans le groupe parisien, qui l'apprécie également en retour. "Je considère qu'un entraîneur est le chef d'un groupe et d'une entreprise et qu'il faut qu'il utilise tous ses salariés au maximum. S'il en écarte un, il affaibilit le groupe", considère encore Guy Roux. "Là, il (Emery) va être un mois sans le faire jouer et quand Ben Arfa va jouer, son entraîneur va dire : 'il est moins bien'." Pour éviter cet écueil - et peut-être même un transfert lors du mercato hivernal, qui sait -, Ben Arfa sait désormais ce qui lui reste à faire : prendre son mal en patience en tribunes puis se rendre indispensable sur le terrain.