"Le Parc est à nous, Saint-Denis on s'en fout." Pendant très longtemps, cette banderole affichée dans la tribune Boulogne du Parc des princes a tenu lieu d'adage. Les supporters parisiens ne voulaient pas aller au Stade de France. A partir de l'été 2013, ils vont y être contraints et forcés non pas durant une mais deux saisons (2013-14 et 2014-15).
En effet, le quotidien Le Parisien annonce dans son édition de mercredi que les travaux de rénovation du Parc vont durer plus longtemps que prévu. Ces travaux, menés dans le cadre de la préparation de l'Euro 2016, que la France va organiser, concernent avant tout l'abaissement de la pelouse et la réalisation de loges qui vont faire passer la capacité du stade de 45.000 à 55.000 places.
"Le Parc, c’est le stade du PSG et ça le restera"
Ce déménagement de deux ans ne va pas sans poser de multiples problèmes de logistique pour le club (quid de la billetterie ?) comme pour le Stade de France (agencement du calendrier des différents événements). Mais il va surtout constituer un changement d'envergure pour les supporters des Rouge et Bleu. "Ce n’est pas si loin que ça, mais je me mets à la place des gens qui sont habitués au Parc", explique Rodolphe, rencontré à la sortie de la billetterie, mercredi.
En effet, il n'y a pas grand-chose de commun entre le Parc des princes, situé dans le sud-ouest de Paris, et le Stade de France, situé au Nord de la capitale et accessible via le RER. "Le Parc des princes, c'est le stade du PSG et le restera", tranche encore Magalie, autre supportrice du PSG. Le club parisien évolue depuis 1974 au Parc des princes, lieu de tous les exploits mais aussi théâtre de batailles rangées qui ont conduit à deux morts ces dernières années.
"On ne jouera plus à domicile"
Outre les contraintes liées au transport du déménagement au Stade de France, les fans parisiens craignent avant tout de perdre en ambiance ce qu'ils gagneront en places. Le SDF a une capacité de 80.000 places, contre 45.000 au Parc des princes. "On ne jouera plus à domicile, parce que jouer à Saint-Denis, ce n'est pas un avantage, surtout quand il y aura une grosse affiche type Marseille, là on sera carrément à l'extérieur", regrette Magic Nene sur paristeam.fr.
En effet, ici, ce n’est pas Paris, ici c’est Saint-Denis. L’exemple de la finale de la Coupe de France 2006 entre le PSG et l’OM est éloquent. Les tribunes latérales étaient divisées en parts quasi égales entre sympathisants parisiens et marseillais. Car si le PSG fait presque l'unanimité dans Paris intra muros, ce n'est pas le cas dans la grande banlieue où beaucoup lui préfèrent encore l'OM…
Malgré sa meilleure affluence de Ligue 1 (40.959 spectateurs), le PSG ne présente que le quatrième taux de remplissage, avec 86,4%. Le défi d'attirer des spectateurs à Saint-Denis est donc réel, pour un club qui a longtemps été estampillé XVIe arrondissement et qui peine à séduire l'immense bassin de population de l'Ile-de-France (plus de 11,5 millions d'habitants). Remplir le Stade de France pour les venues de l'OM, Lyon ou Lille ne posera sans doute pas de problème, mais quid des réceptions d’Evian, Caen ou Lorient…
Si les supporters craignent l'insuccès, ils craignent également, et paradoxalement, un trop grand succès. En août dernier, lors de l'arrivée de Qatar Sports Investment à la tête du club, un internaute du site planetepsg.com, Caiseb, redoutait le scénario suivant : "ils (les Qataris) ne le disent pas aujourd'hui car ce n'est pas encore d'actualité, mais je suis persuadé que dans le projet de faire du PSG un grand d'Europe (...), il y a l'idée de déménager au Stade de France. Je ne sais pas quand est-ce que ça va se faire, mais ils y pensent c'est sûr."
Pour le moment, les dirigeants qataris ont toujours avancé le côté chic du Parc pour souligner qu'ils ne souhaitaient pas le quitter, et surtout pas un Parc rénové. Mais s'ils arrivent à remplir le Stade de France chaque week-end, et donc à engendrer de fortes recettes de billetterie, ils pourraient être tentés d'y rester…