Le PSG, vainqueur mardi soir de Dijon, sera de nouveau sur le pont, vendredi, à Toulouse, pour la 7ème journée de Ligue 1. En dépit de la répétition des matches, il se pourrait qu'Hatem Ben Arfa, recrue phare du mercato parisien, ne soit encore ni sur le terrain, ni même sur le banc. Depuis trois matches (Arsenal en Ligue des champions, Caen et Dijon en Ligue 1), l'ancien Niçois est écarté du groupe parisien. Et cela pourrait durer. Sans lui, le PSG vient de marquer neuf buts, sans en encaisser un seul, lors sur ses deux derniers matches. En début d'après-midi jeudi, l'intransigeant technicien basque a expliqué qu'il prendrait sa décision concernant "HBA" après l'entraînement. "Je traite tous les joueurs de la même façon, je travaille de la même façon avec tous les joueurs", s'est-il contenté de rappeler. Soit le même discours, très ferme, qu'il tient depuis le début de cette "affaire". Et qu'il tient aussi visiblement auprès de son fantasque n°21…
"Tu n'es pas Messi !"Dans son édition de jeudi, le quotidien L'Équipe rapporte ainsi les mots qu'Emery aurait déjà prononcés à l'encontre de son joueur lors des séances d'entraînement : "Tu n'es pas Messi", "Si c'était le cas, je ne te parlerais même pas" ou "Tu n'es pas capable de faire gagner l'équipe à toi tout seul". Que Ben Arfa ne soit pas Messi relève de l'évidence. Mais il y a des façons de dire les choses. Et visiblement, Emery a choisi la méthode musclée. Ce que tend en tout cas à confirmer L'Équipe, c'est qu'il n'y a eu aucun "clash" entre le joueur et son entraîneur, élément sur lequel l'entourage de "HBA" avait insisté à notre micro. Selon le quotidien sportif, les deux hommes auraient même eu un entretien la semaine dernière. Non, si Ben Arfa ne joue pas, c'est parce qu'Emery n'aime pas ce qu'il voit de lui. Ou ce qu'il a vu.
Trois titularisations en début de saison. Car il ne faut pas oublier que Ben Arfa a été titulaire à trois reprises depuis l'arrivée d'Emery, lors du Trophée des champions (4-1 face à Lyon, un but), à Bastia (1-0) et contre Saint-Étienne (1-1). C'est sans doute cette dernière sortie, décevante mais pas catastrophique non plus, qui pèse le plus dans la balance. Aligné sur le côté droit de l'attaque parisienne, son poste préférentiel, "HBA" n'avait pas marqué beaucoup de points auprès de son coach. Mais de là à ne même pas le mettre sur le banc des remplaçants… Ce qui cloche visiblement, c'est l'entraînement. Selon L'Équipe, Ben Arfa "manque d'application, ne fait pas ou mal ce qu'il (Emery) attend de lui, notamment le repli défensif". Et ça, ça ne pardonne pas avec un entraîneur adepte du travail, qui avait sans doute déjà guère apprécié en début de saison les quelques kilos superflus de sa nouvelle recrue…
Une question de méthode. La gestion du cas Ben Arfa par Emery divise. Il y a ceux qui, d'un côté, estiment qu'il ne faut pas gérer Ben Arfa comme un autre joueur. Ceux-là mettent en avant le témoignage de Claude Puel, son entraîneur à Nice, qui lui accordait plus de latitude à l'entraînement et le mettait en confiance. Et puis, il y a de l'autre côté ceux qui estiment que Ben Arfa est un joueur comme un autre, d'autant plus au PSG. Ceux-ci citent plus volontiers un autre entraîneur espagnol, Pep Guardiola (l'un des modèles d'Emery) qui, lors de son arrivée à Manchester City, n'a pas hésité à évincer l'un des cadres de l'équipe, l'Ivoirien Yaya Touré, du groupe disputant la Ligue des champions. On s'en rend compte : le débat sur la gestion d'Emery ravive l'opposition qu'on avait déjà pu observer lors du passage de Marcelo Bielsa à l'OM sur les fameux bienfaits d'une gestion sans concession ni passe-droit.
Des soutiens au sein du club. Le problème pour Ben Arfa, c'est qu'aujourd'hui Unai Emery est en position de force. Recruté pour gagner la Ligue des champions, le Basque a les coudées franches pour manoeuvrer à sa guise. Et en dehors d'une série de mauvais résultats, il n'y a pas de raison pour que cela change du jour au lendemain. Mais tout espoir n'est évidemment pas perdu pour Ben Arfa. Au FC Séville, Emery avait également écarté un temps l'Argentin Ever Banega, avant d'en faire l'un de ses joueurs de base.
Vu mardi en loge avec le comédien Jamel Debbouze, fervent supporter du PSG, Ben Arfa bénéficie également - et ce n'est pas rien - du soutien du président du PSG, Nasser Al-Khelaïfi, qu'il aurait demandé à voir, selon L'Équipe. Il a aussi visiblement celui des joueurs, même s'il est toujours difficile de démêler le vrai du politique dans de telles déclarations publiques. Mais quand même. Mercredi, comme Thiago Motta ou Adrien Rabiot avant lui, le défenseur du PSG Marquinhos a soutenu sans retenue son coéquipier. "Hatem a des qualités différentes", a insisté le champion olympique brésilien sur RMC. "Il peut faire la différence dans un match. Il travaille bien à l'entraînement. C'est un choix d'Unai. À nous de comprendre ce choix. Tout le monde le connaît, Hatem. Il a déjà démontré de quoi il est capable (à Nice). Ici il fait la même chose." Des mots forts, et sans doute très doux aux oreilles de Ben Arfa et de son entourage.