PSG : supporters et bientôt propriétaires?

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FOOT - Deux fans du club souhaitent créer un groupe de socios à Paris.

"Quel est le point commun entre le PSG d'il y a 20 ans, le PSG d'aujourd'hui et le PSG de 2030 ? Les supporters !" C’est sur cette formule accrocheuse que deux fans parisiens ont monté leur projet. Il y a deux ans, ils se sont lancé le pari un peu fou de faire des supporters les propriétaires d'une partie du club, de créer au PSG un groupe de socios, à l’image de ce qui existe au Barça ou au Real Madrid.

Obtenir une petite part du gâteau pour mieux dire son mot (sur le projet sportif de l'entraîneur ou sur l'élection du président), c’est leur idée de base. Stéphane Billon, l’un des cofondateurs du projet, voit les socios comme une "manière de percevoir le supporter différemment". Et de dresser un constat actuel : "aujourd’hui, le supporter est soit considéré comme un client qui paye sa place, soit comme un délinquant qui crée des débordements dans le stade. Je pense qu’il n’est pas que ça et qu’il peut très bien prendre part dans la vie du club de manière intelligente".

La rencontre avec Nasser Al-Khelaïfi

Stéphane Billon, 45 ans, travaille dans une société de capital-investissement. Baptiste Morvillez, 32ans, est employé dans une agence de publicité pour internet. Tous les deux sont des fans inconditionnels du PSG. Abonnés au Parc des Princes, ils n'ont pour autant jamais appartenu à un club de supporters. En 2009, ils décident de créer un groupe Facebook, "Projet de rachat du PSG par ses supporters". Deux ans et demi plus tard, l'idée a fait son chemin. Déjà plus de 100.000 personnes ont adhéré à l'idée.

Les deux amis  prennent sur leur temps libre pour peaufiner le projet. Ils créent un site internet et tentent même de rencontrer les dirigeants parisiens. Alain Cayzac et Robin Leproux sont tour à tour séduits par l’idée mais choisissent de ne pas donner suite.  Récemment, un petit coup de chance va les aider. Stéphane Billon tombe nez à nez dans une pizzeria du 8e arrondissement de Paris avec  Nasser Al-Khelaïfi, l’actuel "boss" du PSG. "Je suis parti en courant à mon bureau pour imprimer notre projet et je lui ai remis en mains propres". Très aimable, le dirigeant qatari a gardé le dossier. "Mais aucune réponse pour le moment", confie Stéphane Billon. Contactée par Europe1.fr, la direction du club n’a souhaité faire aucun commentaire sur le projet des socios. Mais, pour commencer, est-il viable ?

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Entre 70.000 et 100.000 inscrits d'ici 5 ans

Le système des socios qui existe en Espagne (le Barça en compte par exemple 150.000) n’est pas "transposable en l’état en France", explique Didier Primault, économiste au Centre de droit et d’économie du sport. "Le cadre juridique n’est pas le même. En Espagne, les clubs sont des associations et les membres (les socios) élisent le président. En France, ce sont des sociétés anonymes sportives (SAS)".

Cette incompatibilité juridique n’est pas un problème pour Stéphane Billon et Baptiste Morvillez, co-fondateurs du projet de socios pour le PSG. "On a pensé autrement. On crée une association qui, elle, pourrait prendre une part dans le capital du club", détaille Stéphane Billon. Deux modèles virtuels d’inscription existent déjà : soit une cotisation de 10 euros par mois avec droit d’entrée fixé à 200 euros, soit une cotisation à vie avec un droit d’entrée à 2.500 euros. Et la formule semble séduire les fans du club de la capitale. Sur le site, 3.500 personnes se sont déjà inscrites. "Tant que le projet n’est pas acté par le club, ça ne sert à rien de créer l’association. Mais avec ces promesses de signatures, on a potentiellement 3,5 millions d’euros déjà levés". Convaincu que les socios existeront un jour au PSG, Stéphane Billon table sur 70.000 à 100.000 inscrits d’ici cinq ans.

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© Socios du PSG

Le coup de main de Platini ?

Didier Primault, économiste du sport, est assez pessimiste sur l’éclosion d’un tel projet : "la culture du foot n’est pas aussi forte en France qu’en Espagne, en Italie ou en Angleterre. Mais cette réflexion est très intéressante car il faut repenser d’une manière plus globale l’implication des supporters dans la vie d’un club".

Un dernier détail pourrait peut-être donner un petit coup de pouce à ce projet. "Avec le fair-play financier voulu par Michel Platini qui entrera en vigueur en 2014 et qui imposera aux clubs un équilibre entre les recettes et les dépenses, notre idée pourrait les intéresser", pense Stéphane Billon. "Si on leur assure entre 7 et 10 millions d’euros de rentrée financière par an (avec les 70.000 à 100.000 inscrits), la direction du PSG pourrait être séduite".