Edinson Cavani, en mesure de devenir le meilleur buteur de l'histoire du PSG (il compte 156 buts, comme Zlatan Ibrahimovic), a tout manqué ou presque, mercredi soir, face à Guingamp, en seizièmes de finale de la Coupe de France (4-2). Pourtant, cette fois, Neymar n'était pas là pour lui disputer le droit de tirer les coups de pied arrêtés. Le Brésilien n'était même pas au Parc des Princes, contrairement aux autres absents, comme Marco Verratti, Kylian Mbappé, Daniel Alves, Thiago Motta ou Lassana Diarra, tout juste recruté, et aperçus en tribunes. Le Brésilien, recruté 222 millions d'euros l'été dernier, était officiellement forfait pour une petite élongation à la cuisse droite et, selon son entourage, cité par Le Parisien, se "soignait chez lui" devant le match…
Neymar n'était pas donc pas là mercredi, comme ce fut déjà le cas dimanche dernier à Lyon, en Ligue 1 (défaite 2-1). On ne l'a plus vu sur un terrain depuis sa démonstration face à Dijon, le mercredi 17 janvier (8-0, quatre buts et deux passes décisives), et sa sortie express du terrain, visiblement irrité par les sifflets qui ont précédé son quatrième but, sur penalty, alors qu'une partie du stade appelait de ses vœux Cavani sur le point de réparation. "Il continue la récupération avec le kiné", a précisé après la rencontre le coach du PSG, Unai Emery. "J'espère qu'il va retrouver le groupe très vite. C'est un joueur dont il faut profiter, il est ici à Paris et c'est un grand joueur. Nous devons lui donner de l'affection."
Banderole en #Auteuil : siffler nos joueurs est à l'encontre de nos valeurs. Cc @Co_Ultras_Paris@Europe1Sport@Europe1pic.twitter.com/nm49Ua7QIx
— Julien Froment (@JulienFroment) January 24, 2018
Avec en dessous "Neymar-PSG-CUP Unis pour Paris".
— Julien Froment (@JulienFroment) January 24, 2018
Les ultras du PSG l'ont bien compris. Avant le match face à Guingamp, ils ont déployé deux banderoles : "siffler nos joueurs est à l'opposé de nos valeurs; Neymar-PSG-CUP (pour Collectif ultras Paris, ndlr), unis pour Paris". Contacté par nos soins, un responsable du CUP nous assure qu'il ne s'agit pas là d'une demande du club. Pourtant, la direction du club a dû accueillir ce message avec un certain soulagement.
Car Neymar est évidemment devenu l'été dernier le centre névralgique du projet parisien. Et que son adaptation ne se fait pas franchement dans la facilité. Avant les sifflets de Dijon, il y a eu le premier penaltygate avec Cavani face à Lyon, l'exclusion à Marseille et ce sentiment d'être maltraité par les défenses adverses. "Pour l’adaptation, c'est encore en mode galère", reconnaît la journaliste brésilienne Isabela Pagliari, qui suit le PSG. "Je comprends ses critiques sur la Ligue 1. Il prend des coups, ils sort souvent blessé, avec des courbatures. Et puis quand tu déménages d'Espagne, où il y a du soleil, pour Paris, où il fait froid, où il pleut, ça peut déprimer un peu le joueur."
Sa double absence à Lyon et face à Guingamp ne manque pas d'interroger. À la veille du choc face à l'OL, il s'entrainaît encore. Mais on n'est peut-être loin de la bouderie évoquée ici ou là. "On sait que la saison va être longue au PSG, et qu'il faut le gérer pour les matches plus importants", confie Isabela Pagliari. "Je pense qu'il en parle avec le club mais il ne va pas en parler avec la presse. Il y a aussi la Coupe du monde avec le Brésil en fin de saison."
Que le club et le joueur échangent, cela ne fait aucun doute. Neymar reste un salarié qui touche 37 millions d'euros brut par an. D'après L'Équipe, le président parisien, Nasser Al-Khelaïfi, serait ainsi très proche du Brésilien. Aujourd'hui, Neymar semble d'abord être traité comme une star, plus que comme un footballeur. Le danger, comme toujours dans ce genre de cas, est que ce traitement de faveur avec agenda aménagé finisse par fragmenter le vestiaire.
Mais, pour le moment, les quelques joueurs qui ont pris la parole sur la question ont pris la défense du Brésilien. Après les sifflets contre Dijon, Thomas Meunier avait évoqué l'ingratitude du public. Mercredi, Kevin Trapp a insisté : "Je peux dire qu'il est content ici, qu'il se sent très bien. Il connaissait déjà beaucoup de joueurs avant d'arriver. Je crois que le PSG est l'un des meilleurs clubs actuellement, je ne crois pas qu'il soit triste ou pas content, je n'ai pas l'impression. Je ne sais pas d'où ça vient. Il y aura toujours des choses qui seront écrites, des rumeurs."
Et parmi les rumeurs, il y a celle d'un départ plus tôt que prévu. Neymar a signé l'été dernier pour cinq ans, mais beaucoup d'observateurs doutent d'ores et déjà qu'il aille au bout de son contrat. "Mon sentiment, je connais un peu son staff, est qu'il va rester encore un an, mais après, je pense que ça va dépendre de ce qu'il va arriver à conquérir ici en France", pense Isabela Pagliari. "On sait qu'il a un contrat de cinq ans avec le PSG. C'est difficile de sortir d'ici, même quand on est Neymar. Je pense que, pour l'instant, il ne bougera pas." Compte tenu de ses émoluments, Neymar ne peut de toute façon pas partir partout. Mais il y aurait un club sur les rangs : le Real Madrid.
En 2013, le Brésilien avait failli rejoindre la "Casa Blanca" avant que ses dirigeants ne fassent machine arrière, effrayés par le montage financier que cela supposait. Neymar a atterri à Barcelone et a formé, pendant quatre ans, un incroyable trio offensif avec Lionel Messi et Luis Suarez. Cinq ans plus tard, la donne a changé, et comme le rappelle L'Équipe, le Real a beaucoup vendu ces derniers mois et dispose sans doute des liquidités pour s'offrir le successeur attendu de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo au palmarès du Ballon d'Or.
Rappelons, tout de même, que le PSG et le Real s'affrontent en huitièmes de finale de la Ligue des champions, les 14 février et 6 mars prochains. De cette double confrontation, dépend peut-être l'avenir de Neymar au PSG, mais aussi plus largement celui de… la Ligue 1. Alors que les droits de diffusion du championnat de France vont prochainement être renégociés, on ne valorise en effet pas de la même façon une compétition avec ou sans Neymar sur le terrain. Plus que jamais, Neymar est devenu une affaire nationale.