A chaque jour son souci à régler. La vie du président de l'UEFA, Michel Platini, n'est décidément pas de tout repos. Mardi, le candidat déclaré à la présidence de la Fifa avait donné son explication sur le paiement en février 2011 de 2 millions de francs suisses, soit 1,8 million d'euros, effectué en sa faveur pour une mission effectuée auprès de Sepp Blatter entre 1999 et 2002. "M. Blatter m'avait informé au début de mon travail de conseiller qu'il ne serait pas possible de payer l'intégralité de mes émoluments immédiatement, notamment à cause de la situation financière de la Fifa en ce moment", avait expliqué Platini. Or, la Fédération internationale de football avait "clôturé son cycle quadriennal 1999/2002 sur un excédent de recettes de 115 M CHF (105 millions d'euros)", selon le rapport financier publié en septembre 2003 et disponible sur le site Internet de l'instance. L'explication donnée par Blatter à Platini (ou celle de Platini tout court ?) tomberait donc à plat, si l'on se fie à ces seuls chiffres.
L'explication de Platini validée ? Mais le rapport financier peut se lire d'une autre façon. En effet, la Fifa y fait état d'une "perte totale de 134 millions de francs suisses (soit 122 millions d'euros) prévue en mai 2002" en raison de la faillite en 2001 d'ISL, société de marketing liée à la Fifa. Ces 249 millions récupérés entre mai 2002 et la fin d'année peuvent s'expliquer par les recettes liées au Mondial en Corée du Sud et au Japon. Or, mai 2002 est la date à laquelle Platini a cessé d'être simple conseiller, pour entrer au comité exécutif de la Fifa. Ce qui correspondrait à sa déclaration à l'AFP : "À cette période, la Fifa m'avait dit qu'il n'était pas possible pour eux de payer le salaire total qu'on avait convenu".
L'explication ne convainc pas tout le monde. "Même si la Fifa fonctionne sur un cycle quadriennal, avec l'essentiel des recettes tombant l'année 4, soit l'année de la Coupe du monde, 2002 en l'occurrence, la situation financière était suffisamment bonne (même avant le Mondial) pour faire face à un tel paiement", explique ainsi un bon connaisseur du dossier, interrogé par l'AFP, selon qui "la Fifa n'avait aucun problème financier". Pour garantir sa santé financière, la Fifa avait, après la faillite ISL, procédé à une titrisation, technique financière qui consiste à transférer à une banque des actifs financiers tels que des créances sur les contrats en cours, en échange d'une somme d'argent, opération soumise à intérêt.
Pas de commentaire à la Fifa. Interrogée par l'AFP sur l'explication fournie par Platini et attribuée par ce dernier à Blatter, la Fifa a répondu par la voix d'une porte-parole : "Cette question fait partie des investigations en cours menées par les autorités suisses et la Fifa, de ce fait, ne peut apporter de commentaire". Dans cette affaire de paiement différé, le président de l'UEFA a été entendu vendredi par la justice suisse en tant que "personne appelée à donner des renseignements", selon lui. D'après le ministère public suisse, il s'agit davantage d'un "statut entre celui de témoin et de prévenu".