Si le président des Girondins de Bordeaux, Jean-Louis Triaud, est monté au créneau, mercredi, sur Europe 1, pour défendre son entraîneur, les propos de Willy Sagnol sur le "joueur typique africain" continuent d'alimenter la chronique. Après les réactions outrées des associations de lutte contre le racisme et les discriminations, une autre voix s'est élevée jeudi pour critiquer les raccourcis utilisés par le technicien des Girondins : Pape Diouf. Ecoeuré par le discours de Sagnol, le Franco-Sénégalais, premier Noir à avoir occuper le poste de président d'un grand club français, l'Olympique de Marseille, entre 2005 et 2009, appelle ni plus ni moins les joueurs africains au boycott, afin de "casser la routine" des stéréotypes racialistes ou racistes. "Que tous les joueurs issus d'Afrique se donnent le mot et décident de ne pas prendre part à une prochaine journée de championnat. L'impression sera merveilleuse et instructive", indique-t-il dans une tribune publiée sur le site du quotidien Le Monde.
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"Ces joueurs doivent-ils continuer à faire la sourde oreille ?" Si Pape Diouf réagit aujourd'hui au discours de Sagnol, c'est qu'il s'inscrit selon lui dans une triste normalité. "Dans la France d'aujourd'hui, la parole dite libérée et l'attitude de plus en plus désinvolte ou franchement provocante sont les prétextes nouveaux autour desquels les refoulés et les embusqués de l'idéologie brune s'agitent et jettent le masque. En quoi, par conséquent, la sortie de Willy Sagnol étonne-t-elle ?", fait-il ainsi mine de s'interroger. "Ces joueurs doivent-ils continuer à faire la sourde oreille, à courber l'échine ou doivent-ils, au contraire, en finir avec cette routine qui, à la fin de leur carrière, les exclut de toute forme de responsabilité et donc de présence au sein des instances ? De cette routine, qui, à l'examen, se révèle prise dans un réseau de turpitudes et de similitudes, reliant entre elles cette affaire et celle des quotas ?"
"Il faut qu'ils fassent en sorte d'être respectés." Interrogé sur son idée de boycott sur Europe 1, Pape Diouf a tenu à expliciter sa position. "J'ai simplement dit qu'il était temps que les joueurs issus d'Afrique ou les joueurs africains fassent enfin en sorte d'être respectés", a-t-il insisté. "Pour être respectés, il faut d'abord montrer de quel poids on pèse. Et pour montrer ce poids-là, il faut simplement peut-être montrer qu'on n'a pas envie de jouer un match de championnat pour montrer qui nous sommes. Et on verrait dans cette situation-là que le championnat de France, que ce soit la la Ligue 1, la Ligue 2, le National ou le CFA, que tous ces championnats perdraient de leur crédit et ne pourraient pas être joués de manière sereine." Pape Diouf conclut en regrettant le faible nombre de décideurs de couleur dans le football français : "si vous prenez en proportion le nombre de joueurs africains ou d'origine africaine qui jouent dans le championnat de France, et si vous regardez, ceux qui, parmi eux, à la fin de leur carrière, ont des positions de management, ceux qui ont des positions de décision ou ceux qui sont dans les instances ou les directions, vous constatez qu'il n'y en a quasiment pas."
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