Paris-Roubaix : le dernier défi de Wiggins

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Le vainqueur du Tour de France 2012 va disputer sa dernière course sur route, dimanche.

Oubliez l'image du dandy à rouflaquettes au physique filiforme. Bradley Wiggins ne ressemble plus au premier vainqueur britannique du Tour de France, à l'été 2012. Le coureur de l'équipe Team Sky affiche désormais facilement dix kilos de plus sur la balance et une barbe rousse bien fournie. Dimanche, le coureur britannique, qui n'a jamais aimé faire comme les autres, va mettre fin à sa carrière sur route avec une ultime participation à Paris-Roubaix. Oui, une course d'un jour infernale pour celui qui s'est révélé sur la piste avant de régner sur la plus belle épreuve de trois semaines. Pourtant, cette victoire sur le Tour, Wiggins l'échangerait bien contre l'Enfer du Nord, confie-t-il samedi au quotidien L'Equipe. "Quand j'étais gamin, à Londres, j'avais l'habitude d'enregistrer tous les Paris-Roubaix sur des VHS, sur lesquelles je collais de petites étiquettes", raconte le coureur britannique, bientôt 35 ans. "Je les ai toujours, donc je les regarde, encore et encore."

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Avec les meilleurs l'an dernier. Dimanche, "Wiggo" espère que ce sera lui qui crèvera l'écran. Après une année 2013 passée à digérer sa victoire sur le Tour, sa médaille d'or olympique à domicile (sur le chrono) et son nouveau titre de Sir (il a été anobli par la reine Elizabeth après son succès sur le Tour, le premier d'un Britannique), Wiggins a resserré ses envies sur ses deux amours : le contre-la-montre (il est champion du monde en titre) et "Roubaix".

Jusqu'à présent, en sept participations à la classique nordiste, le Britannique n'a réussi à rallier l'arrivée qu'à quatre reprises (2006, 2009, 2011 et 2014). Mais l'an dernier, il a terminé dans le Top 10 (9e) et fait taire les sceptiques, qui doutait de sa réussite sur les pavés du Nord. Wiggins avoue avoir été "pétrifié", quand il a pris conscience qu'il se trouvait avec Tom Boonen et Fabian Cancellara après le Carrefour de l'Arbre, là où se font et se défont toutes les ambitions sur Paris-Roubaix, à moins de 20 kilomètres du but. "Si je pouvais avoir la garantie d'être dans la même position que l'an dernier au Carrefour, alors je pourrais avoir une chance", estime "Wiggo".

"Il n'est pas 'le' favori mais il en est capable." Depuis le début de la saison, Wiggins s'est montré discret. Mais il a terminé troisième des Trois Jours de la Panne, au début du mois, et s'est mis au service, plutôt efficacement, de Geraint Thomas, sur le Tour des Flandres, où il a pris la 32e place au classement général. Avant de tenter d'améliorer le record de l'heure, sans doute cet été, Sir Wiggins s'est donné les moyens de réussir sa dernière sortie sur route. Et le Team Sky, dont Chris Froome a pris le leadership sur les courses à étapes, a décidé de construire une équipe taillé pour lui, avec ses compatriotes Geraint Thomas et Ian Stannard, l'Autrichien Bernhard Eisel et l'Allemand Christian Knees.

"Il n'est pas 'favori' mais il en est capable (de gagner)", considère Marc Madiot, qui connaît bien "l'animal" pour l'avoir fait débuter au haut niveau en 2002. Tous les suiveurs sont en tout cas ravis de retrouver Wiggins sur cette course si singulière, rarement disputée par les meilleurs coureurs par étapes.

"Pour un coureur comme moi, spécialiste des flandriennes, c'est un honneur que Wiggins s'attaque à Paris-Roubaix et en fasse son dernier objectif sur la route", a insisté Johan Museeuw, triple vainqueur de l'épreuve (1996, 2000 et 2002), dans un entretien au quotidien belge Sudpresse. "Pour l'histoire du vélo tout court, c'est une chance, un grand moment à vivre." L'histoire du vélo, Wiggins la marquerait assurément s'il parvenait à s'imposer à Roubaix. Le dernier vainqueur du Tour à avoir gagné "l'Enfer du Nord" s'appelle Bernard Hinault. C'était en 1981.

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