Un nombre d'occasions de but rachitique, des stars impuissantes ou transparentes (Messi et Robben en tête), un manque d'engagement latent et une séance de buts qui a rapidement paru inexorable : comment se fait-il que la deuxième demi-finale entre les Pays-Bas et l'Argentine (0-0, 2-4 aux tab) a débouché sur une rencontre aussi terne, sur le plan du jeu comme du suspense ? La pression, la tension, les dispositifs tactiques ? Le sélectionneur de l'Argentine, Alejandro Sabella, a convenu que la rencontre avait été "très fermée", avant d'enchaîner rapidement sur la joie de se retrouver en finale, 24 ans après...
Son homologue, Louis van Gaal, a balayé les critiques d'un revers de la main ("En général, ce que disent les gens sur mon équipe ou moi ne m'intéressent pas") avant, lui, de jeter un coup d’œil dans le rétro : "nous avons réalisé un tournoi fantastique. Personne ne s'attendait à ce que nous sortions de notre groupe." OK, d'accord.
"Nous avons produit du jeu." Mais le présent, là, la demi-finale de mercredi, comment l'expliquer ? Parole aux joueurs. "Les Argentins misaient sur les tirs au but, ce qui n'était pas notre cas", a insisté Wesley Sneijder, qui a vu son tir détourné par Sergio Romero. "Nous avons produit du jeu." Du jeu, peut-être, mais pas beaucoup de tirs cadrés en tout cas : un seul, en tout et pour tout, par Arjen Robben... lors de la prolongation.
Du côté argentin, l'avis est évidemment opposé. "Ce ne fut pas un match très ouvert? même si je pense que l'Argentine a proposé davantage de jeu que les Pays-Bas", a ainsi souligné Ezequiel Lavezzi, orphelin, comme ses compères d'attaque, d'Angel Di Maria, qui pourrait disputer la finale dimanche. Bref, tout le monde a proposé du jeu. Ou pensé, ou rêvé. "Nous aurions pu gagner avant la séance de tirs au but. Nous avons eu des occasions et nous aurions pu conclure de cette façon. Mais Dieu est juste et nous sommes en finale."
N'en déplaise au milieu de terrain argentin Lucas Biglia, cité par le quotidien espagnol Marca, si les Pays-Bas n'ont effectivement eu aucune occasion nette, l'Argentine n'en a eu guère plus. Une tête d'Ezequiel Garay largement au-dessus (24e), une frappe dans le petit filet de Gonzalo Higuain, signalé hors-jeu (75e). Mouais. Non, les deux meilleures occasions de la partie sont survenues aux 115e et 117e minutes, avec cette tête lobée trop molle de Rodrigo Palacio et cette reprise mal ajustée de Maxi Rodriguez. Très peu, très tard.
Les 28 acteurs - on inclut les remplaçants - étaient-ils fatigués ou tout simplement inhibés par l'enjeu ? Dans les deux cas, c'est une bonne nouvelle, non pas pour les spectateurs, mais pour l'Allemagne qui, si elle aborde la finale avec le même appétit et la même application que sa demi-finale face au Brésil, n'a vraiment rien à craindre d'une Argentine qui, plus que du jeu, a surtout produit beaucoup d'ennui...
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