Loïck Peyron vient d’ajouter une prestigieuse ligne à son palmarès, déjà très fourni. Le navigateur, aidés de ses 13 équipiers, ont battu à bord du maxi trimaran Banque Populaire V le record du Tour du monde en équipage et sans escale. Pour s’emparer ainsi du Trophée Jules-Verne, les 14 marins ont fait le tour du Globe en 45 jours 13 heures et 42 minutes. Soit 2 jours 18 heures et 01 minute de mieux que le record établi en mars 2010 par Franck Cammas et ses neuf équipiers sur un autre trimaran, Groupama 3 (48 j 07 h 44 min).
Parti le 22 novembre dernier d'Ouessant, au large de Brest, Banque Populaire V y est revenu vendredi soir, passant la ligne "tracée" entre l'île bretonne et le cap Lizard, au sud-ouest de l'Angleterre, à 23h14, heure française. Le maxi trimaran bleu et blanc a effectué un total de 29.009 milles (environ 52.220 km) autour du globe à la vitesse moyenne de 26,5 noeuds (48 km/h). Ces données, pour devenir officielles, doivent encore être homologuées par la World Sailing Speed Record Council (WSSRC).
Des milliers de personnes à Brest
Loïck Peyron et son équipage ont débarqué samedi en fin de matinée au Port du Château à Brest, où ils ont été accueillis par des milliers de personnes. Auparavant, le multicoques avait été escorté dans la Rade de Brest par une cinquantaine d'embarcations de toutes tailles; allant du jet-ski au puissant remorqueur de haute-mer "Abeille Bourdon".
Long de 40 mètres et large de 23, "Banque Pop V" est le plus grand trimaran de course au monde. Dessiné par le cabinet VPLP, spécialiste des multicoques, le bateau a fait tomber une demi-douzaine de records (Ouessant-Equateur, Ouessant-Le Cap, Ouessant-cap Horn et Equateur-Equateur notamment) et atteint des vitesses proches de 50 noeuds. Pour rappel, le premier Trophée Jules-Verne avait été décroché en 1993 par Bruno Peyron, frère de Loïck, dans le temps désormais totalement dépassé de 79 jours et 6 heures.
Prochain défi : la Coupe de l’America
La plus grosse difficulté, a observé Loïck Peyron, aura finalement peut-être été de maîtriser toute la puissance de l'engin. Pour réaliser cet exploit, un tour du monde "no limits" sur les traces de Phileas Fogg, le marin a eu la sagesse de garder la plupart des équipiers de l'ancien skipper du trimaran, Pascal Bidégorry, remercié il y a sept mois. Connaissant parfaitement le bateau, cette "dream team" l’a mené avec brio et sagesse, profitant de conditions météo globalement favorables - à l'exception du Pacifique sud, truffé d'icebergs et de growlers - et des excellents conseils de leur routeur (à terre), le Néerlandais Marcel van Triest.
Touche-à-tout génial, ayant un sens hors pair de la communication et aussi à l'aise sur une coque que sur deux ou trois, Loïck Peyron signe là l'un de ses plus beaux exploits, neuf mois après avoir remporté un autre tour du monde - en double, celui-là, et en monocoque - dans la Barcelona World Race avec Jean-Pierre Dick.
Loïck Peyron s'est parallèlement lancé dans la Coupe de l'America - le Graal de tous les marins -, avec le défi Energy Team. Profitant du passage de la Cup au multicoque (catamarans AC45 puis AC72), les frères Peyron espèrent trouver le budget pour financer une campagne en vue de la prochaine édition de la Coupe, en septembre 2013 à San Francisco.