Il n'y a que 50 km entre les villes. Mais quelques différences entre les clubs.
C'est la première fois dans l'histoire des Coupes d'Europe qu'un derby tient lieu de finale. Porto et Braga, qui s’affrontent mercredi soir (20h45) en finale de la Ligue Europa, à Dublin, ne sont distantes que d’une cinquantaine de kilomètres. Mais entre le géant Porto et le Petit Poucet Braga, il y a un fossé beaucoup plus grand.
Le palmarès. Le Sporting Braga ne compte qu'une Coupe du Portugal à son palmarès, obtenue en 1966. Le défi de l'entraîneur Domingos Paciencia est donc immense : apporter un deuxième trophée au club, 44 ans après. Celui d'André Villas-Boas, le coach de Porto, est tout autre : il s'agit de marcher sur les traces de son glorieux prédécesseur José Mourinho, auteur du triplé championnat-Coupe-C3 en 2003 avant de réaliser le doublé championnat-Ligue des champions en 2004. Car Porto, outre ses 25 titres de champion et ses 15 Coupes du Portugal, c'est aussi trois Coupes d'Europe remportées, les deux avec Mourinho mais aussi la Coupe des clubs champions en 1987, avec, en finale, la fameuse talonnade de Rabah Madjer face au Bayern Munich (2-1).
La saison. 38 points. C'est la différence chiffrée qu'il y a au classement final du championnat entre le FC Porto, sacré pour la 25e fois, et le Sporting Braga, quatrième. Les Dragons de Porto ont achevé l'exercice 2010-11 invaincus avec 84 points sur... 90 possibles. Leur bilan, unique en Europe, s’établit comme tel : 27 victoires et 3 nuls, 73 buts marqués et 16 encaissés. Cette saison, le FC Porto n'a connu que deux fois la défaite, en Ligue Europa : 1-0 face à Séville et 3-2 à Villareal, deux défaites sans conséquence pour la qualification. Le Sporting Braga, à la saison plus commune en Super Liga (13 v.-7 nuls-10 d.), va devoir s'inspirer du Paris-SG et de... Bordeaux, qui avait battu Porto en amical, au mois d'août, lors du Tournoi de Paris.
L'effectif. Il n'y a pas photo. Le FC Porto, au budget bien plus important que son adversaire du soir - du simple au triple environ -, dispose d'un groupe de joueurs de très haut niveau - malgré les départs à chaque intersaison -, du défenseur argentin Nicolas Otamendi à l'attaquant brésilien Hulk, en passant par le milieu de terrain et international portugais Joao Moutinho. Et devant, pour sa deuxième saison au club, l'avant-centre colombien Falcao a totalement explosé. Avec 16 buts en Ligue Europa, il a battu le record de buts inscrits sur une saison en Coupe d'Europe que détenait jusque-là Jürgen Klinsmann (Coupe UEFA 1995-96). Du côté de Braga, on ne parle de pas de star ni de record. Le joueur le plus connu de l'effectif est l'ancien international portugais Hugo Viana (25 sélections). Pour le reste, le Sporting s'appuie sur un collectif solide, en majorité brésilien, à l'image de son gardien, Artur.
Le jeu. Braga, qui ne peut s'enorgueillir des individualités du FC Porto, s'appuie avant tout sur une grande discipline collective. Les lourds revers concédés en début de saison en Ligue des champions (0-6 sur la pelouse d'Arsenal, 0-3 face au Chakthior Donetsk) ont mis en lumière ce qu'il ne fallait pas faire : partir la fleur au fusil. Avec un effectif en partie bouleversé l'hiver dernier, les Minhotos ont redressé la barre avec un socle plus solide. Depuis qu'il a été reversé en Ligue Europa, le Sporting n'a encaissé que quatre buts en huit matches et éjecté de la compétition quelques pointures (Liverpool, Dynamo Kiev, Benfica) à l’issue de rencontres, il faut le reconnaître, parfois ennuyeuses. Au contraire de Braga, Porto développe un jeu plus chatoyant, porté vers l'offensive, qui donne souvent des matches débridés (4-2 face à Genk, 5-2 à Moscou, 2-3 à Villareal, etc.). L'entraîneur de Braga, Domingos Paciencia, connaît bien le FC Porto pour y avoir évolué douze ans en tant que joueur. Il sait, plus que quiconque, que la prime à l'offensive choisie par le FC Porto peut parfois se retourner contre lui...