Parce que c'est toucher à un bout d'Amérique. Imaginez un événement qui réunisse l'apparat d'Hollywood, la rigueur du corps des Marines, le consumérisme le plus débridé et une ferveur quasi religieuse, et vous aurez une certaine idée de ce qu'est un Super Bowl. Dimanche (0h30), au Mercedes-Benz Superdome de la Nouvelle-Orléans, Baltimore rencontrera San Francisco lors de la 47e édition du "big game". Ecrivez d'ailleurs plutôt Super Bowl XLVII, en chiffres romains, comme une lointaine (vraiment ?) filiation avec les Jeux du cirque. Pendant près de quatre heures, le spectacle sera parfaitement huilé, avec la dose suffisante de bruit et de fureur. D'un côté, les Ravens (du titre d'un poème d'Edgar Allan Poe, mort à Baltimore). De l'autre, les 49ers (comme les chercheurs d'or de 1849). D'un côté, John Harbaugh. De l'autre, Jim Harbaugh. Les deux frères entraîneurs vont orchestrer ce spectacle familial autant que guerrier (ici en photo le défenseur des Ravens, Ray Lewis), une bataille de position autant que d'usure pour des joueurs dont l'uniforme est débarrassé de tout sponsor (ne vous inquiétez pas, ils sont ailleurs). Rendez-vous immuable du dimanche concluant la dernière semaine de janvier (c'est la règle calendaire), le Super Bowl a tout de la fête religieuse. Ça tombe bien, selon une étude récente menée par l'Institut de recherche sur la religion, près de 30% des Américains croient que Dieu jouent un rôle dans le résultat du match.
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Parce que le show est aussi musical. Il fait autant l'événement que le match lui-même. Le "half-time show" (sponsorisé par une célèbre marque de boisson gazeuse. Pas celle-là, l'autre) a même droit à sa propre conférence de presse. La liste des "performers" ces dernières années est impressionnante : Prince, Bruce Springsteen, The Who, The Black Eyed Peas ou Madonna. Cette année, c'est Beyoncé qui assurera le tour de chant dans un déluge de sons et de lumière. Oui, cette même Beyoncé qui a avoué avoir chanté l'hymne américain par-dessus une bande lors de l'investiture du président Obama, le 21 janvier dernier. Lors de la conférence de presse, Beyoncé a montré qu'elle en avait, du talent, en entonnant le "Star-Spangled banner" sans enregistrement. Ce sera également le cas d'Alicia Keys, qui est chargée d'ouvrir les hostilités "musicales" avec l'hymne américain avant la rencontre, main sur le cœur et larme à l'œil pour tout le monde. La chanteuse soul avait déjà chanté lors du bal présidentiel des époux Obama (photo). De là dire que le Super Bowl et l'investiture d'un président sont deux événements du même calibre, il n'y a qu'un pas que nous franchissons.
Beyoncé chante l'hymne US en conférence de presse :
Parce que le marché de la pub est en ébullition. A la télé, vous aurez le choix entre pas moins de trois chaînes pour suivre le Super Bowl et les exploits du quarterback de Baltimore, Joe Flacco (photo) : sur W9 en clair, sur BeIn Sport avec les excellents Samyr Hamoudi et Philippe Gardent (11 euros par mois), ou sur ESPN America, si vous préférez la VO intégrale (2 euros par mois). Mais, sur aucun de ces trois canaux, vous n'aurez la chance de voir les pubs. La chance, me dites-vous ? Oui. Car, étant donné l'audience pharaonique réalisée par la rencontre (112 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis l'an dernier), les pubs, qui se négocient à un prix indécent (quatre millions de dollars en 2012, soit environ 3 millions d'euros), forcent les marques à sortir le grand jeu pour se faire remarquer. Grand-messe de l'Américain moyen, le Super Bowl est aussi le rendez-vous n°1 des "pubards". Pour les frustrés de spots décalés, Internet fera l'affaire (petite sélection ci-dessous). Et, si vous avez un peu de mal à tenir pendant les (interminables ?) pauses, pensez à prévoir du café si vous voulez restés éveillés. Ou du soda et, surtout, des ailes de poulet. Pourquoi ? Parce que c'est l'encas préféré des Américains devant leur télé. Le syndicat des producteurs de poulet a ainsi estimé qu'un total de 1,23 milliards d'ailes de poulet allait être englouties dimanche. Run, chicken, run !
Le mannequin Bar Refaeli met du cœur à l’ouvrage :
L’acteur Dwayne "The Rock" Johnson cherche du lait :
Parce que le foot US est un sport à part. Si vous regardez le Super Bowl entre amis - ou avec votre petit ami(e), c'est bien aussi -, il faut d'emblée rassurer tout le monde. Non, le football américain n'est pas un sport compliqué. Il y a une seule règle à connaître : chaque équipe a quatre tentatives pour parcourir dix yards en courant ou en faisant une passe vers l'avant (via le quarterback, ici celui des 49ers, Colin Kaepernick). A partir de là, tout le reste est accessoire, il sera bien temps de découvrir les... milliers de combinaisons possibles plus tard. Le plaisir viendra progressivement. Ne soyez pas effrayés, non plus, par les dizaines de joueurs sur le banc. Il n'y en a que onze qui jouent, comme dans notre bon vieux football européen. Et sinon, oui, il faut aller au contact, comme au rugby. Petit à petit, vous allez apprécier ce sport définitivement à part, gigantesque jeu d’échecs qui associe le corps et l'esprit, souvent jusqu'à l'excès, dans une dimension cinématographique qui ne se dément jamais.