En rejetant son appel fort tardivement, mercredi, la Fifa n'a pas facilité la vie de Michel Platini. Et c'est un euphémisme. L'actuel président de l'UEFA, candidat à la présidence de la plus haute instance du football mondial, reste donc suspendu jusqu'au 5 janvier prochain dans l'affaire du paiement controversé de 1,8 millions d'euros reçu du président démissionnaire de la Fifa, Sepp Blatter, en 2011, pour un travail de conseiller achevé en 2002. L'élection à la présidence, elle, est toujours prévue le 26 février à Zurich. Le timing est serré. Peut-être trop.
"Michel Platini a été sanctionné en deux jours. Il a dû faire appel en deux jours et la commission des recours a mis elle un mois et dix jours pour statuer sur son cas", s'irrite au micro d'Europe 1 son avocat, Me Thibaud d'Alès. "L'effet de tout cela, quel est-il ? Il retarde la possibilité matérielle pour M.Platini de saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS). Cela retarde le fait que le tribunal tranche ce dossier, qu'il rende sa décision et qu'évidemment, M.Platini puisse concourir dans des conditions normales pour la présidence de la Fifa."
Platini va faire appel devant le TAS :
Le TAS, le dernier espoir. Dans les faits, Michel Platini attend encore que la commission d'éthique de la Fifa, qui l'a sanctionné, se prononce sur le fond du dossier et valide ou non sa candidature à la présidence de la Fifa. A priori, il ne devrait pas y avoir de surprise. "Ce sont les mêmes juges qui ont pris la décision sur la suspension provisoire qui vont trancher sur le fond", signale son avocat. En résumé : la Fifa ne permettra pas à Michel Platini de se présenter. "La Fifa n'a plus aucune crédibilité dans ce dossier", souligne Me Thibaud d'Alès. "En ce qui concerne les instances qui ont sanctionné Michel Platini, les masques sont tombés." Le président de l'UEFA et son avocat, membre du cabinet Clifford Chance à Paris, se tournent donc désormais vers d'autres instances, celles du TAS.
"Une vraie juridiction." "C'est la première fois que son cas va être débattu par une vraie juridiction", relève Me Mathieu Maisonneuve, spécialiste dans le droit du sport. "Jusque-là, il n'a été jugé uniquement que par des organes internes à la Fifa qui sont quelque part juge et partie. Là, enfin, des juges vont statuer sur son recours. Mais si son appel devait être rejeté devant le Tribunal arbitral du sport, ça en serait fini pour ses chances d'être élu à la présidence de la Fifa (si, comme c'est probable, la commission d'éthique estime de son côté que la candidature de Michel Platini n'est pas recevable, ndlr). Le temps que le tribunal fédéral suisse annule la sentence du TAS, le temps que la cour européenne des droits de l'homme se prononce sur la question, l'élection sera passée depuis bien longtemps..."
Pendant que Michel Platini attend - son conseil espère que le TAS tranchera avant fin novembre -, son actuel bras droit à l'UEFA, Gianni Infantino, lui, bat campagne. Mardi, l'un des cinq candidats en lice a ainsi posté une photo de lui avec le président de la Fédération algérienne de foot, l'une des 54 fédérations africaines à convaincre. Si Platini pouvait finalement se présenter, Infantino a promis qu'il se retirerait de la course à la présidence.