Rappelé en équipe de France par Laurent Blanc pour la double confrontation face au Luxembourg puis contre la Croatie les 25 et 29 mars, Franck Ribéry se verra-t-il pour autant offrir une place de titulaire ? A entendre Laurent Blanc longuement évoquer le cas du Munichois lundi, la tendance est à l'affirmative, reste à savoir sur quel côté. Si l'intéressé penche pour la gauche, le sélectionneur semble préférer la droite. A droite ou gauche ? En cette période d'élections cantonales, le sujet est également à la une de l'actualité footballistique, concernant Franck Ribéry. Un débat d'ailleurs récurrent depuis les débuts en équipe de France de "Ti Franck" en mai 2006. Si, dans un premier temps, l'intéressé, petit nouveau dans un groupe dominé par les figures tutélaires de Zidane ou Thuram, n'avait rien revendiqué, se contentant de jouer là où Raymond Domenech le lui demandait, sa progressive montée en puissance au sein du groupe tricolore a peu à peu modifier la donne, atteignant son "climax" avant la Coupe du monde 2010, Ribéry réclamant et obtenant finalement du sélectionneur de jouer à gauche. On sait ce qu'il est advenu du piteux parcours des Bleus en Afrique du Sud, et notamment de celui d'un Ribéry devenu l'ombre du feu follet qu'il fut quatre ans plus tôt et finalement écarté momentanément de l'équipe de France pour son rôle actif dans la "mutinerie de Knysna". Depuis sa prise de fonctions, Laurent Blanc n'avait pas eu à se pencher sur la question du positionnement de l'intéressé, c'est désormais le cas et visiblement, le "Président" y a bien réfléchi. Si, lundi, lors de sa première conférence de presse depuis la Coupe du monde, le joueur a une nouvelle fois réitéré sa préférence pour le côté gauche - "Jean-Louis (Gasset, l'adjoint de Laurent Blanc, ndlr) m'a demandé ma préférence. Je préfère être à gauche, c'est là où je me sens le mieux" -, pas sûr qu'il ne trouve gain de cause auprès de Laurent Blanc. Sagna: "Des joueurs comme lui, il n'y en a pas énormément""Il y aura une discussion, même si elle a déjà eu lieu. Après il me faut tenir compte de l'état actuel de forme de chacun. Il ne faut pas oublier que Franck a aussi joué à droite, il a même débuté à ce poste où il a été plutôt bon, voire même très bon. Après, c'est vrai qu'il a une préférence à gauche, c'est logique parce que c'est le poste qu'il occupe avec son club, il a forcément plus de repères à gauche, mais c'est quelqu'un qui est capable de jouer sur tous les fronts de l'attaque. Quand il est bien physiquement, il est capable d'éliminer dans n'importe quelle zone du terrain un adversaire direct." Et ça, c'est apparemment un élément décisif dans la réflexion de Laurent Blanc, qui voit en Ribéry un joueur capable de débloquer un match à lui tout seul, notamment face à des défenses regroupées comme le sera vendredi celle du Luxembourg: "Tu peux avoir le meilleur collectif possible comme Barcelone, car c'est la référence, mais à un moment donné, si tu n'arrives pas à mettre en difficulté l'adversaire car il est regroupé ou ultra défensif, qu'est-ce qui fait la différence ? C'est toujours les joueurs qui sont capables d'éliminer quelqu'un et ça, ça ne s'invente pas. On va affronter une équipe très, très, très regroupée, ce match est important car il nous faut le gagner." Des propos qui font écho à ceux tenus lundi par Bacary Sagna, le défenseur d'Arsenal: "Franck est un joueur important qui peut changer le cours d'un match. Des joueurs comme lui, il n'y en a pas énormément dans le championnat de France et en Europe, il fait partie des grands talents français. On a besoin de joueurs comme ça." Gourcuff sacrifié ? A écouter Laurent Blanc, Franck Ribéry devrait honorer vendredi sa 49e sélection face au Luxembourg, le sélectionneur se gardant sans doute encore le temps de la réflexion quant au positionnement. Car titulariser Ribéry revient forcément à sacrifier un partenaire. A gauche ? On voit mal Laurent Blanc se passer de Florent Malouda, au risque de profondément mécontenter le Guyanais, devenu un cadre des Bleus, et qui, dans une position plus en retrait, a montré ses limites en Afrique du Sud. A droite ? La victime se nommerait alors Jérémy Ménez, sans doute plus facile à remplacer que Malouda du fait de son statut de débutant en Bleu. Reste que ce dernier, après des débuts difficiles face à la Biélorusssie, a montré le 9 février dernier face au Brésil qu'il pouvait lui aussi être un sacré détonateur du jeu offensif des Bleus en offrant la balle du but vainqueur à Benzema. "Pour tout donner, j'ai besoin de me sentir en confiance", confiait d'ailleurs dans L'Equipe de samedi dernier le Romain. Et si c'était au centre dans un rôle d'électron libre à la place de Yoann Gourcuff dont le rendement, tant avec Lyon qu'avec l'équipe de France, prête à discussion ? L'hypothèse tient la route et n'a pas été démentie lundi par Laurent Blanc qui, interrogé sur la question, a botté en touche: "Il peut offrir certaines solutions, mais les solutions qu'il peut offrir, c'est en attaque." Quelle que soit sa place, Franck Ribéry sera en tout cas attendu au tournant par le public français, auprès duquel il a beaucoup à se faire pardonner, mais également par Laurent Blanc qui prévient cependant: "Déjà, s'il amène les qualités qu'il est en train de démontrer avec son club, ce serait une bonne chose pour lui et pour l'équipe de France. On attend beaucoup de lui, mais comme des autres, il ne faut pas aussi qu'il se mette une pression supplémentaire en pensant qu'à lui tout seul, il va être capable de gagner un match, c'est l'équipe de France qui doit gagner ces deux matches." Ribéry doit, lui, gagner le match de la rédemption...