L’instant est attendu. En préambule de la septième finale de la Coupe du monde de l’histoire, dimanche, les Blacks vont effectuer leur traditionnel haka. Les Bleus ont-ils réfléchi à une façon originale d’y répondre ? "On en a un peu parlé, on va voir, d'ici la fin de la semaine, s'il y a une idée qui vient spontanément parce qu'on a encore sorti des idées farfelues", a expliqué cette semaine Imanol Harinordoquy.
Lors du match de poules entre les deux équipes, le 24 septembre dernier (37-17 pour les Blacks), les Bleus s'étaient contentés de se tenir par les épaules lors du Kapa o Pango, la version du haka la plus dure (pouvant se terminer par une simulation d'égorgement) mais aussi la plus longue (de 13 secondes par rapport au Ka mate).
Les Bleus se tiennent par les épaules le 24 septembre :
Visiblement, il y a un mois, les Bleus n'avaient pas eu "la" bonne idée. Dimanche, dans un contexte bien différent - ce n'est plus un match de poules mais une finale -, le haka des Blacks, et donc leur réaction, va faire le tour du monde. Les joueurs de Marc Lièvremont pourraient donc être tentés de marquer les esprits. "Il ne faut pas se forcer à faire des choses. On l'a évoqué mais on ne s'est pas arrêté à quelque chose", a précisé l'ailier Vincent Clerc.
En 2007, lors du dernier match couperet entre les deux équipes en Coupe du monde, les joueurs de l'équipe de France l’avaient eue, cette bonne idée. Ils avaient revêtu des tee-shirts formant un drapeau tricolore bleu-blanc-rouge et s'étaient rapprochés à quelques centimètres des Blacks durant leur haka. Les regards pleins de motivation des Bleus, et notamment de Sébastien Chabal, semblaient annonçer l’exploit à venir. En effet, quatre-vingt minutes plus tard, les Bleus sortaient le favori de la compétition à l'issue d'un match haletant (20-17).
Les Bleus défient les Blacks du regard en 2007 :
Vingt ans plus tôt, lors de la finale de la première Coupe du monde de l’histoire, déjà en Nouvelle-Zélande, les Bleus avaient été les premiers à faire front au Ka mate. Le troisième ligne Eric Champ, aujourd'hui consultant pour TF1, avait alors affiché sa franche détermination en avançant vers ses adversaires à la fin du haka. L’équipe de France s'était inclinée lourdement (29-9).
Les Bleus font face aux Blacks en 1987 :
Harinordoquy explique qu'"en 2007, déjà, ça avait été très dur de trouver quelque chose. Il faut toujours que ce soit respectueux." Respectueux de la coutume, instaurée depuis 1905 et systématisée depuis le Mondial 1987, les Bleus devront aussi respecter la règle qui empêche les adversaires des Blacks de franchir la ligne médiane.
Pour éviter les rapprochements trop houleux, l'instance de régulation du rugby mondial, l'IRB, a également demandé aux joueurs néo-zélandais de reculer de dix mètres pour exécuter leur danse. Avant leur victoire en demi-finales, en 1999, les Bleus avaient décidé d'agir après le haka, en se regroupant en cercle pour entonner une Marseillaise en vase clos.
Les Bleus forment un cercle après le haka en 1999 :
Une chose est sûre : les Bleus de 2011 ne se défileront pas au moment où Piri Weepu, le demi de mêlée des Blacks d'origine maori, mènera la danse. "Il y a des grimaces qui m'énervent. En tout cas, c'est quelque chose qui me motive extrêmement", confie le pilier William Servat. "Je prends beaucoup de plaisir à les regarder et cela nous motive encore plus", ajoute le deuxième ligne Pascal Papé.
Haka, il y aura, réponse on ne sait pas, mais Harinordoquy remet les choses à leur place : "en 2007, ce n'est pas parce qu'on avait mis des tee-shirts bleu-blanc-rouge qu'on avait gagné le match". A l'instar du troisième ligne biarrot, les joueurs semblent être tous d'accord sur un point : la meilleure façon de répondre au haka, c'est une fois le coup d'envoi donné.