L'inédite association Younès Kaboul-Adil Rami en charnière centrale n'a pas pris de but vendredi soir, lors de la victoire des Bleus face à l'Albanie (3-0), en éliminatoires de l'Euro 2012 dans le groupe D. Le défenseur valencien revient sur cette performance et se projette sur la venue de la Bosnie-Herzégovine, mardi, tout en s'en prenant sévèrement à Miralem Pjanic au passage. Adil, comment jugez-vous votre performance de vendredi soir en défense centrale associé à Younès Kaboul ? Je trouve que pour une première, ça s'est plutôt bien passé. Après, il faut dire ce qui est, on n'a pas eu non plus d'opposition percutante, donc ça ne nous a pas vraiment permis d'apprendre à nous connaître. Mais durant la semaine, on avait beaucoup parlé, Eric Abidal aussi nous avait donné pas mal de conseils, notamment sur le placement. Il nous a apporté son expérience. Vous êtes-vous plus comporté comme un patron avec Younès Kaboul en l'absence d'Eric Abidal ? Ce n'est pas une question d'être un patron. Moi, je n'hésite pas à parler quand il le faut, et Younès le fait aussi. S'il peut y avoir deux, trois, voire quatre patrons, c'est toujours mieux qu'un. Mardi soir, un nul peut suffire pour la qualification pour l'Euro 2012, cela représente-t-il un danger sur le comportement à adopter ? Très franchement, je ne sais pas car c'est la première fois que je vis ça. Mais nous sommes des compétiteurs et on se doit de gagner les matches, peu importe l'équipe qu'il y a en face, et qu'on soit à la maison ou à l'extérieur. J'espère qu'on réussira à poser le jeu, à marquer. Ne surestime-t-on pas la Bosnie-Herzégovine finalement, surtout au regard du match aller (0-2) ? Non, ça reste une grande équipe, avec pas mal d'atout offensifs notamment. Et puis là-bas, nous avions fait le boulot qu'il fallait. Pour ma part, je pense que, jusque-là, j'ai réussi en Bosnie mon meilleur match en équipe de France. C'était ma première victoire en plus. Il faudra être très sérieux mardi soir, pendant 90 minutes, voire même 95. "Pjanic est une pleureuse" En face de vous, vous aller retrouver Edin Dzeko et son grand gabarit, préférez-vous vous frotter à ce type de joueurs plutôt qu'à des petits gabarits plus mobiles ? Je ne sais pas. Je ne crois pas qu'on puisse parler de préférence. En Liga par exemple, je ne croise pas la route de grands gabarits, j'ai plutôt affaire à des petits dribbleurs. Grâce à l'Espagne, je m'adapte. Et puis il n'y a pas de façon particulière de prendre un attaquant par rapport à son gabarit. Certains grands aiment la profondeur, d'autres jouent en appui. Une chose est sûre, Edin Dzeko fait partie aujourd'hui des meilleurs attaquants d'Europe. C'est moi qui devrai m'occuper de lui en principe, si je joue. C'est un joueur qui aime se déporter sur la gauche, sur la droite, alors il sera dans ma zone. Au match aller en tout cas, ca s'était passé comme ça. Il y aura également Miralem Pjanic dans le camp d'en face. C'est une pleureuse, il ne fait que tomber. C'est chiant. Je n'aime pas les joueurs comme ça, qui pleurent. Moi, je ne pleure pas. A part ça, c'est un bon joueur, doué techniquement. Il a une bonne qualité de passe et une bonne frappe de balle. Ressentez-vous de la pression avant ce premier match couperet depuis que Laurent Blanc est en poste ? Pas encore. On est tous conscient aujourd'hui que ce match face à la Bosnie-Herzégovine va être une finale mais rien ne change dans le groupe. Peut-être qu'on n'en est pas encore conscient, et c'est peut-être mieux comme ça. J'ai joué un match un peu comme ça avec Lille il y a deux saisons, face à Lorient, pour une qualification en Ligue des champions lors de la dernière journée de Ligue 1 et ça s'était mal passé. Mais à ce niveau, c'est vraiment une première pour moi, et c'est le cas pour pas mal d'entre nous. Je ne sais vraiment pas comment je vais aborder ce match. A votre poste, quelle latitude vous donne Laurent Blanc au niveau de l'apport offensif ? Zéro risque. Une fois dans le match, je tente une montée balle au pied, mais vendredi soir par exemple, contre l'Albanie, je ne l'ai pas fait car je n'ai pas trouvé le "trou". C'est un risque que je prends mais si je peux apporter quelque chose offensivement, je le fais. Après, ça fonctionne ou pas. Mais je sais que je n'ai pas le droit à l'erreur, sinon... En Roumanie par exemple, je suis monté deux ou trois fois mais je n'ai pas perdu le ballon. Si je le perds et qu'il y a contre, je me fais tuer. Mais le football est fait de risques, et tant que ça passe... J'ai conscience de tout ça.