Shane Victorino à la batte (4 points produits) et John Lackey au lancer (un seul point concédé) ont mis les Boston Red Sox sur la voie de la victoire, mercredi, lors du match 6 des World Series face aux Saint-Louis Cardinals (6-1). La franchise du Massachusetts a remporté la série 4 à 2 et décroché le 8e titre de son histoire. Ce succès est d'autant plus remarquable que les Red Sox avaient terminé derniers de leur division la saison dernière. Mais il y a plus fort encore : les Red Sox ont en effet été sacrés dans leur antre de Fenway Park pour la première fois depuis 1918 ! Cette victoire à domicile fera date, d'autant plus qu'elle a été obtenue au bout d'une saison marquée par l'attentat sur le marathon de Boston...
Les Red Sox remportent les World Series 2013 :
Les Red Sox avaient débuté leur saison depuis deux semaines seulement quand Boston a été frappé par cet attentat, qui a fait trois morts et 260 blessés, le 15 avril. Un officier de police avait également été tué lors de la chasse à l'homme qui avait suivi pour retrouver les frères Tsarnaev.
Journaliste à ESPN, Jayson Stark raconte que les événements survenus lors du marathon ont permis de souder le groupe. "Le lien entre la ville et l'équipe a pris une toute autre dimension ce jour-là", explique-t-il. "Et ce lien n'a jamais paru aussi ténu que lors de cette nuit où les Red Sox ont remporté les World Series." Et, comme un symbole, des fans sont allés fêter cette victoire près de la ligne d'arrivée du marathon…
"Boston Strong"
Dès les premiers instants après l'attentat, les joueurs des Red Sox s'étaient rendus d'eux-mêmes dans les hôpitaux pour apporter leur soutien aux victimes et avaient popularisé le hashtag "Boston strong". Cette expression, réduite à "B Strong" (avec le "B" de la franchise), avait également été taillée dans la pelouse de Fenway Park à l'entame des play-offs. "Je pense que ce fut un instant qui nous a permis de nous galvaniser d'une certaine manière", avait expliqué à ESPN l'heureux manager des Red Sox, John Farrell, avant le début des World Series. "Cela a permis à mes joueurs de comprendre leur importance pour la ville et ce que signifient les Red Sox pour cette région." Contrairement à certaines régions des Etats-Unis, le Massachusetts, et Boston en particulier, sont férus de sport, dont la dimension dépasse le simple divertissement pour servir de lien social.
"Je ne pense pas que le bilan d'une saison puisse résumer à quel point nous tenons à cette ville et que que nous avons réalisé", a insisté le voltigeur Jonny Gomes qui, comme la plupart de ses coéquipiers, s'est laissé pousser la barbe. "Je vais vous dire une chose : je ne pense pas que nous avions Boston dans notre dos, je pense que c'est nous qui étions sur le dos des habitants de Boston. Et ils ne nous auraient lâchés sous aucun prétexte."
38.447 spectateurs et une ambiance unique
Mercredi soir, ils étaient 38.447 spectateurs à remplir Fenway Park pour cette nuit qui restera évidemment dans l'histoire de la ville. Plus qu'un stade, Fenway Park est une "cathédrale", comme l'a dit Victorino à l'issue de la rencontre, une "cathédrale" qui sert de lien entre les Bostoniens, comme pourrait le faire un édifice religieux.
"D'entendre ces gens toute la soirée, c'était incroyable", a reconnu le champ intérieur John McDonald. "Je suis allé sur le terrain avant le match, avant l'hymne (américain, joué avant chaque rencontre de Major League tout au long de l'année), et vous pouviez sentir l'énergie dans l'enceinte." Plus que jamais, les Red Sox ont permis aux Bostoniens d'effectuer le travail de résilience nécessaire après un attentat. Car le marathon visé en avril dernier n'est pas qu'une simple manifestation sportive, c'est aussi un événement populaire, qui a lieu lors du Patriots' Day, qui commémore la première bataille de la Révolution américaine.
"Cette équipe possède beaucoup de joueurs avec du coeur", souligne le Dominicain David Ortiz, au club depuis 2003 et élu meilleur joueurs de ces World Series. "Nous n'avions sans doute pas autant de talent qu'en 2004 et 2007 (les deux derniers titres en date, ndlr) mais nous avions des gars capables d'être concentrés sur les petits détails." Et aujourd'hui, ce sont ces "petits détails" qui ont permis d'écrire l'une des plus belles pages de la grande histoire de Boston.