Un voeu pour 2011 ? Les 14 équipages qui prendront le départ de la Barcelona World Race le 31 décembre de la cité catalane ont tous fait le même: boucler ce tour du monde en double et sans escale. Certains y ajoutent l'ambition de gagner, à l'image des duos Dick-Peyron (Virbac-Paprec 3), Desjoyeaux-Gabart (Foncia), De Pavant-Audigane (Groupe Bel), grands favoris sur le papier de cette deuxième édition. Le concept a donc survécu. Trois ans après une première édition qui avait divisé les spécialistes français du solitaire, déjà tous fixés sur le Vendée Globe 2008-2009 qui allait suivre, certains répondant à l'inconnue (Dick, Riou, Beyou, Jourdain, Wavre, Josse...), les autres privilégiant la Transat Jacques-Vabre (Desjoyeaux, Guillemot, Le Cam, Golding, De Pavant, Le Cléac'h, Eliès...) comme terrain de préparation, la Barcelona World Race a trouvé sa place dans le calendrier Imoca, décalée en cette année 2010 pour offrir aux marins un tour du monde tous les deux ans. La formule elle n'a pas changé: une boucle de 25 000 milles (46 300 kilomètres) de Barcelone à Barcelone en passant par les trois grands Caps (Bonne-Espérance, Leeuwin, Horn) mais aussi par le détroit de Cook (qui sépare le nord et le sud de la Nouvelle-Zélande), le tout en double. Départ le 31 décembre à 13 heures de la cité catalane ! Absent il y a trois ans mais régional de l'étape dans les rangs français, lui qui vient du Languedoc-Roussillon voisin, Kito de Pavant, sur place depuis plusieurs jours, découvre avec bonheur l'organisation à la catalane: "Les Espagnols prouvent, sur tous types d'événements et quelque soit la discipline, qu'ils mettent toujours des moyens adaptés avec le sens de l'organisation et de la fête ! Pour la BWR, ils ont mis les petits plats dans les grands et nous sommes extrêmement bien accueillis. Il manque peut-être encore un peu de popularité par rapport à l'engouement du public français sur nos courses. Cela viendra avec le temps, ce n'est que la deuxième édition." Une deuxième édition qui n'a pas fait le plein chez les skippers tricolores (manquent à l'appel Le Cléac'h, Riou ou encore Boissière parmi ceux qui disposent d'un bateau) mais qui peut s'enorgueillir d'avoir attiré le plus beau palmarès de la voile en solitaire, Michel Desjoyaux, pour sa dernière course dans la classe avant de se tourner vers le MOD70, mais aussi son compère de la « Vallée des Fous », Jean Le Cam, toujours mordu de Vendée, ou encore le touche-à-tout Loïck Peyron qui rêve lui de la Coupe de l'America. De beaux linges qui se mêleront à une importante armada espagnole (13 skippers sur 28) au sein d'un plateau ouvert à l'international (sept nationalités différentes représentées), l'un des paris gagnés par la Fundacio per la navegacio oceanica de Barcelona (FNOB), organisateur de la course. Les Français devant, les Espagnols derrière ? Desjoyeaux, associé sur Foncia à François Gabart, l'étoile montante de la voile française, sacré champion de France de course au large en solitaire et bientôt à la barre de son propre 60 pieds (lire : Gabart: "Un rêve depuis longtemps"), Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), le tenant du titre qui a recruté Peyron avec qui il a déjà gagné la Transat Jacques-Vabre 2005, De Pavant (Groupe Bel) accompagné de Sébastien Audigane, un marin qu'il connaît bien, tous à la barre de plans VPLP/Verdier présentés comme les plus aboutis, il ne faut pas chercher plus loin les grands favoris de ce tour du monde. Alex Pella et Pepe Ribes (Estrella Damm), Iker Martinez et Xabi Fernandez (iker-xabi.com, ex-Foncia 1), multiples médaillés olympiques en 49er formés au 60 pieds par Desjoyeaux, Le Cam, qui prendra le départ sur Président (ex-Ecover 3 de Golding) avec Bruno Garcia, cardiologue de son état mais ancien Figariste, ou encore Dominique Wavre et Michèle Paret (Mirabaud), couple à la ville et sur l'eau, seront-ils réduits au simple rang de faire-valoir ? "Ça ne sera pas une course franco-française, bien au contraire, promet De Pavant. Et s'il y a un favori pour moi qui sort du lot, c'est certainement Estrella Damm avec Alex (Pella) et Pepe (Ribes) qui ont un très bon bateau (Paprec-Virbac 2 avec lequel Jean-Pierre Dick et Damian Foxall ont remporté la première édition de la Barcelona World Race, ndlr) et qui naviguent ensemble depuis un an et demi. Ce sont les seuls qui ont fait beaucoup de milles ensemble sur leur bateau, ils ont beaucoup travaillé et ce seront des clients très sérieux." Une complémentarité avancée comme l'un des gages de réussite sur cette course qui obligera deux marins, pour la plupart des solitaires convaincus, à cohabiter pendant trois mois (Dick et Foxall ont mis 92 jours lors de la première édition) dans un espace réduit. Jean-Pierre Dick, tenant du titre et étiqueté (peut-être rapidement) spécialiste du double, résume: "Le Vendée Globe, il faut des capacités psychologiques personnelles très fortes, il faut être capable d'être fort dans sa tête, alors que sur la Barcelona World Race, il faut savoir communiquer avec son coéquipier. La clé est là." Mais comme pour toutes autres courses, la victoire se jouera "sur l'envie de gagner, de se défoncer. Au final, c'est ce qui fait la différence. Je trouve que la Route du Rhum est un bon exemple. On a senti un « Bilou » (Roland Jourdain) très motivé, il n'a pas fait d'erreur. Ça s'est joué sur la confiance en soi."