Le choc entre le Bayern Munich et le FC Barcelone en demi-finales de la Ligue des champions est aussi la rencontre explosive entre deux grands talents du football mondial. On parle bien évidemment de Lionel Messi, déclaré apte, et le frenchie Franck Ribéry. Le quotidien L'Equipe présente même le menu proposé aux spectateurs de l'Allianz Arena comme un "soir de festin", publiant une photo des deux duettistes face à face. Oui, Ribéry peut regarder Messi dans les yeux. Mieux, le Français pourrait même avoir quelques qualités supplémentaires. Mais, si.
Une volonté exemplaire. On ne va pas vous mentir : il est très difficile de trouver à Ribéry des talents purement footballistiques que Messi n'aurait pas, mis à part, peut-être, une agilité technique plus évidente sur son "mauvais pied" (le gauche pour Ribéry). Et encore... Les deux peuvent se prévaloir d'une incroyable vitesse d'exécution, d'un précision certaine dans leurs passes et d'une grande maîtrise technique. Et Messi de bien d'autres choses encore... Mais si l'Argentin a été couvé au sein de la Masia, le centre de formation du Barça, Ribéry s'est fait à la force des mollets, à Boulogne-sur-Mer, Lille, Alès, Brest... Par ailleurs, son visage porte les stigmates d'une enfance qui n'a pas été facile et il a commis moult incartades durant son adolescence, notamment lors de son passage au centre de formation du Losc. Si Ribéry peut se prévaloir d'une qualité, c'est bien la volonté. Messi, toujours protégé, rarement vilipendé, n'a pas encore pu en faire la démonstration. Voué aux gémonies après l'épisode de la grève de l'entraînement avec l'équipe de France lors du Mondial 2010, Ribéry a réussi à redevenir indispensable chez les Bleus. Le tempérament est bouillant, mais il est palpable. Messi, lui, a le côté prévisible (et donc parfois ennuyeux) de la perfection.
L'amour du risque. Même s'ils ont cinq ans d'écart (Messi a 25 ans, Ribéry 30), les deux joueurs sont passés professionnels la même année, en 2004, en raison d'un parcours bien différent. Depuis huit ans, si l'Argentin, formé au Barça, n'a pas quitté son cocon catalan, Ribéry, lui, a prouvé qu'il aimait le danger, en multipliant les contrats, les ambiances et les styles de jeu. il a d'abord quitté le FC Metz en cours de saison pour tenter sa chance en Turquie, à Galatasaray. Six mois plus tard, il est revenu en France et pas n'importe où, à Marseille, l'un des clubs les plus difficiles à apprivoiser pour un joueur. En 2007, alors que ses contemporains s'expatriaient surtout en Angleterre, lui a choisi l'Allemagne, une terre très peu visitée par les joueurs de l'Hexagone, hormis quelques exceptions, comme Bixente Lizarazu. Six ans après son arrivée, "Ch'ti Franck" s'est imposé comme une figure du Bayern Munich, l'un des clubs les plus puissants du monde, deux fois finaliste de la Ligue des champions sur les trois dernières éditions. Comme Messi, donc. Mais Ribéry, lui, a également disputé une finale de Coupe du monde, avec les Bleus, en 2006. L'Argentin ne peut pas en dire autant.
De l'humour et des aspérités. D'accord, Messi fait rêver la plupart d'entre nous. Mais posez-vous maintenant la question : Messi vous a-t-il fait rire un jour ? Non. L'avez-vous déjà vu enlever tomber le masque ? Non. Ribéry, lui, ne se cache pas et se laisse volontiers aller, y compris en allemand, un effort que les supporters bavarois apprécient forcément. Les contrôles, Ribéry les réserve au terrain. On passe volontairement sur les blagues pas drôles se terminant en "A" (Knysna, Zahia) pour retenir les images les plus insolites de sa carrière : un tour de tracteur pour saluer le public du Stade Vélodrome à Marseille, le saut d'eau sur la tête du gardien Oliver Kahn à la sortie de l'entraînement ou ce bus mis dans le décor lors d'un stage du Bayern Munich. On peut ne pas goûter cet humour potache mais on ne peut nier en tout cas à Ribéry certaines aspérités. Ce sont elles qui font aussi le charisme des personnages publics et des grands joueurs.