L'heure de leur retour en Bleu a bien sonné. Parmi les mutins de Knysna suspendus à l'issue de la Coupe du monde, Franck Ribéry et Patrice Evra retrouvent l'équipe de France pour le double affrontement programmé fin mars au Luxembourg (qualifications Euro 2012) et face à la Croatie (amical). Laurent Blanc a choisi de rappeler deux des cadres de l'époque Domenech dans une liste des 23 par ailleurs sans surprise. Un choix qui divisera l'opinion publique, évidemment. Dix mois après le mélodrame sud-africain, Franck Ribéry et Patrice Evra, considérés pour beaucoup comme les meneurs, voire les caïds, d'une équipe de France qui n'en avait que le nom, font leur grand retour en sélection. Laurent Blanc, qui s'efforce depuis le fiasco de Knysna de reconstruire sur des ruines, s'est montré fidèle, jeudi, au discours qu'il tient depuis sa prise de fonctions, à savoir que le Munichois et le Mancunien, quand ils sont en forme, ont leur place en Bleu. Le "Président" a donc joint l'acte à la parole en couchant leur nom sur sa liste des 23 joueurs appelés pour affronter le Luxembourg le 25 mars dans le cadre des éliminatoires de l'Euro 2012 et la Croatie, en amical, quatre jours plus tard au Stade de France. Le retour de Ribéry, jugé "indispensable" en équipe de France par Laurent Blanc quand le milieu de terrain évolue à son meilleur niveau, n'est absolument pas une surprise, le déplacement du sélectionneur à l'Allianz-Arena mardi soir pour le superviser contre l'Inter Milan avait déjà donné une grosse indication. Visiblement, l'ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux n'a pas été déçu parce ce qu'il a vu en Bavière. "Frank Ribéry est sur le retour, il est mieux physiquement, il a enchaîné depuis quatre, cinq matches avec aucun problème de blessure. Il est en train de retrouver certaines qualités, notamment la vitesse." Quant à un éventuel contrat passé avec le joueur, Laurent Blanc préfère parler "d'engagement moral. A lui d'avoir les bons comportements, d'assumer certaines choses. Il est conscient que le contexte sera très particulier." Blanc: "J'ai des choses à lui (Evra) dire" La convocation d'Evra, qui a purgé cinq matches de suspension après la Coupe du monde, contre trois pour Ribéry, était moins acquise. Mais le malheureux forfait d'Eric Abidal, opéré ce même jour d'une tumeur au foie, a sans doute changé la donne. Le boss des Bleus ne s'en cache pas: "Il y a eu une réflexion nouvelle", assure-t-il. Comme il ne cache pas qu'il aura une discussion au préalable avec l'ancien capitaine de l'équipe de France, un "joueur qu'il ne connaît pas". "J'attends de le voir et de discuter avec lui, parce que j'ai des choses à lui dire, je veux lui dire en face." S'il n'a jamais voulu fermer la porte de la sélection, Laurent Blanc a également toujours défendu un état d'esprit nouveau auquel devront obligatoirement se conformer les anciens bannis. "Si c'est le cas, tout le monde sera gagnant, si ce n'est pas le cas, il faudra que je prenne des décisions", affirme-t-il. En redonnant une chance à deux des joueurs qui ont attiré, bien aidé par les relais médiatiques, un désammour rejaillissant sur tout un groupe aussi mal géré qu'ingérable en Afrique du Sud, Laurent Blanc sait qu'il va s'attirer les foudres d'une partie de l'opinion publique. Si les propos de la ministre des Sports, Chantal Jouanno, ne l'empêcheront pas de dormir sur ses deux oreilles, le Gardois s'expose à plus risqué, à savoir la possibilité d'une redistribution des rôles au sein d'un collectif qui commence à peine à prendre ses repères. Un groupe que ne retrouve par ailleurs pas Jérémy Toulalan, l'un des quatre joueurs sanctionnés (un match) par la FFF suite à la «grève du bus», mais sélectionnable depuis plusieurs mois, à l'inverse de Nicolas Anelka (18 matches de suspension). Pour le reste, la liste de Laurent Blanc ne présente aucune surprise, il faut dire que les questions reposaient essentiellement, voire exclusivement, sur les cas Ribéry-Evra.