EQUIPE DE FRANCE - Le Munichois est l'un des piliers du collectif.Lens, Stade Felix-Bollaert, mercredi dernier. L'équipe de France dispute face au Costa-Rica le premier de ses trois matches de préparation à la Coupe du monde. Dans le Nord, Franck Ribéry est chez lui et arbore pour l'occasion, non plus le n°7 qu'il avait fini par adopter chez les Bleus et revenu à Sidney Govou, mais son maillot frappé du n°22, celui de ses débuts en sélection. Comme un symbole, devant son public, là, si proche de ses racines, Ribéry semble vouloir prendre un nouveau départ.Comme si le Bavarois avait la volonté de faire table rase d'une saison en enfer, où si le Bayern à frôlé un triplé historique, Ribéry, lui, handicapé par des pépins physiques à répétition  seulement 19 matches joués en Bundesliga, dont 10 en tant que titulaire  n'a pu distiller son talent que par intermittence. Au point de faire naître la suspicion chez ses propres dirigeants, voire même ses supporters, quant à son implication et sa motivation alors que le Real Madrid lui faisait encore les yeux doux... Un Ribéry méconnaissable, qui cire le banc et perd sa bonne humeur légendaire jusqu'à vivre l'épilogue invraisemblable que l'on connaît, l'affaire Zahia, sa relation supposée avec une mineure et le déchaînement médiatique qui l'accompagne, capables d'écorner son image et de le propulser à la veille des demi-finales de la Ligue des Champions dans un indescriptible maelstrom. Ribéry perd pied, expulsé face à Lyon, il sera suspendu pour la finale face à l'Inter Milan...Jacquet: "A la Coupe du monde, il va pouvoir se venger sur le terrain"On le croit alors perdu, sa participation au Mondial sud-africain même remise en cause par certains pour ses écarts extra-sportifs... "L'antihéros Ribéry constitue [...] un contre-exemple pour notre jeunesse", ira même jusqu'à déclarer Marine Le Pen, la présidente du groupe FN au conseil régional du Nord/Pas-de-Calais alors qu'est contestée l'installation à Boulogne-sur-Mer d'un portrait géant du joueur.Et pourtant, le pouvoir de résilience de Ribéry est impressionnant. Un mois plus tard, le milieu de terrain tricolore, dont le visage s'affiche bel et bien dans sa ville natale, s'il a tiré un trait sur un avenir madrilène, a ouvert les yeux sur la qualité de son cocon bavarois, au point de prolonger avec le Bayern. Réglant ainsi la question épineuse de son avenir, avant qu'il ne signe à Lens, face au Costa-Rica, la meilleure prestation tricolore, provoquant l'égalisation et apportant d'emblée sur ce côté gauche, dont il reste le roi, la preuve qu'il demeure indispensable à cette équipe de France, qui s'avance vers la Coupe du monde sans certitude, ni garantie. Quatre ans après sa spectaculaire éclosion aux yeux du monde lors du Mondial en Allemagne sous l'aile protectrice d'un « Zizou » livrant ses derniers feux, Ribéry s'impose de lui-même, incontestable malgré sa saison en dents de scie. En premier lieu auprès de Raymond Domenech, sélectionneur trop conscient de la valeur d'un tel joueur dans son collectif, sans doute le seul capable de faire basculer à lui tout seul un match de niveau international quand l'autre star des Bleus, Thierry Henry, est rentré dans le rang. "Il s'investit dans le groupe. Il a retrouvé de l'essence, du carburant, se félicite Domenech. Il a eu des périodes difficiles, là il revient à son meilleur niveau. Physiquement, il est bien et il est prêt à rendre service à l'équipe. Il pourrait même jouer gardien de but." Ses partenaires restent sous le charme, à commencer par le dernier venu. "Franck Ribéry ? Il faut s'en inspirer, commentait ainsi Mathieu Valbuena à Tignes. Je n'aime pas trop les comparaisons, il a ses qualités et j'ai les miennes. Mais quand on voit sa carrière, on a forcément envie d'avoir la même trajectoire."Ribéry, une source d'inspiration, encore le meilleur Tricolore dimanche, lors du décevant nul concédé par les Bleus à Tunis (1-1), ou l'étincelle sans laquelle on voit mal comment l'équipe de France pourra espérer exister en Afrique du Sud. Sans Ribéry, point de salut, comme semblait d'ailleurs l'imaginer il y a quelques semaines un autre crucifié médiatique en son temps, Aimé Jacquet en personne, interrogé dans Le Parisien. "Franck Ribéry, je ne le connais pas, mais je l'ai croisé il y a pas longtemps, il m'a spontanément salué, ça m'a fait plaisir. Il m'a parlé avec beaucoup de passion de foot, du Bayern, de l'équipe de France... Il ne mérite pas une telle chasse à l'homme, ç'a été très dur. (...) Mais à la Coupe du monde, il va pouvoir se venger sur le terrain, ce serait la plus belle des réponses." Parole de champion du monde...