Affaire Zahia, blessures à répétition, "bus de la honte" : Franck Ribéry a connu en 2010 un "annus horribilis". Une année, c'est aussi ce qu'il a fallu à Gilles Verdez, directeur adjoint de France-Soir et à Matthieu Suc, journaliste au quotidien, pour écrire La face cachée de Franck Ribéry (Editions du Moment), une biographie non autorisée du joueur du Bayern Munich parue jeudi. Et validée par la justice, qui a rejeté, en référé, la demande d'interdiction de parution formulée par les avocats de Ribéry.
"Il s'agissait d'aller au-delà du superficiel, du discours frais pour révéler un côté plus calculateur chez Ribéry", explique à Europe1.fr Matthieu Suc, qui se défend de remettre de l'huile sur le feu alors que Ribéry retrouve actuellement la grande forme. "Il nous a fallu du temps pour mener notre enquête et coller à l'actualité", explique le co-auteur de l'ouvrage. L'actualité, c'est la décision à venir du juge d'instruction, qui doit trancher dans les semaines à venir sur un renvoi éventuel de Franck Ribéry devant le tribunal correctionnel pour "sollicitation de prostituée mineure". Car l'affaire Zahia occupe une part non négligeable de l'ouvrage, avec la publication des dépositions de Zahia et de "Shazya", les deux jeunes femmes qui ont été les "cadeaux" de l'international tricolore, le week-end de son 26e anniversaire, à Munich.
L'"affaire Zahia" dans le détail
L'ouvrage déroule les événements de ce week-end, du départ de Roissy avec Kamel, l'"organisateur", jusqu'à la fin de soirée "où tout le monde faisait l'amour dans la même pièce", selon "Shazya". "Dans les récits, on constate un décalage entre le Ribéry très cool avec les policiers lors des gardes à vue, et celui qui cherche à taire, ou minimiser son recours aux moyens du Bayern Munich. Il a vraiment eu peur de se faire taper sur les doigts par son club", explique Matthieu Suc.
Dans l'ouvrage, dont les "bonnes feuilles" ont été publiées sur France Soir.fr, on découvre en effet que Ribéry est venu chercher Zahia et "Shazya" avec la voiture mise à disposition par le club, les a installées dans l'hôtel où sont logées temporairement les nouvelles recrues du Bayern, les a emmenées dîner dans un restaurant où les joueurs bavarois ont leurs habitudes et, surtout, les a conviées à une soirée chez un masseur du club...
Cette biographie revient également sur certains éléments de la jeunesse de Franck Ribéry, et notamment son éviction du centre de formation du Losc. Les deux auteurs s'appuient sur le témoignage de Jean-Michel Vandamme, actuel conseiller de Michel Seydoux, le président du club nordiste. Ribéry a été viré "au bout de 250 avertissements et de 300 blâmes", tempête Vandamme, qui explique qu'une bagarre avec une jeune fille qui a eu le bras cassé a été l'élément de trop... Mais, cette biographie ne se veut pas "à charge". "Il y a des témoignages de gens qui l'aiment bien, des gens qu'il n'oublie pas", tempère Matthieu Suc.
De nouveaux recours en vue
La demande d'interdiction de Franck Ribéry n'a donc pas été retenue par la justice. Le joueur a même été condamné vendredi à verser 3.000 euros à la maison d'édition qu'il poursuivait, en vertu d'un principe judiciaire qui stipule que la partie perdante doit rembourser à son adversaire les frais engagés. Mais l'avocat de Franck Ribéry a décidé de ne pas en rester là annonçant le dépôt d'un recours en appel et d'une seconde procédure en référé sur un autre motif, l'atteinte à la présomption d'innocence. Par ailleurs, le footballeur a chargé son défenseur de "déposer une plainte pénale en se constituant partie civile pour violation du secret de l'instruction et recel contre tout auteur ou complice", indique Me Brusa.
Au-delà de la bagarre judiciaire, reste le titre de l'ouvrage, La face cachée de Franck Ribéry, qui peut paraître maladroit, étant donné la balafre qui marque le visage du Boulonnais, victime d'un accident de voiture dans sa jeunesse. Le co-auteur de l'ouvrage s'en défend. "Il ne s'agit en aucun cas d'un jeu de mots douteux sur sa balafre. Cet accident, qui fut source de moqueries, l'a poursuivi et l'a façonné même. En aucun cas, on a voulu jouer là-dessus", certifie le journaliste.