Teddy Riner a fait le chemin des Abymes au sommet du judo mondial en un temps record. A 22 ans seulement, le Guadeloupéen possède déjà quatre titres mondiaux, dont trois consécutifs chez les lourds. Il lui reste à marquer définitivement l'histoire de son sport en décrochant un cinquième titre mondial lors des Mondiaux qui débutent ce mercredi, à Paris-Bercy. Cinq titres mondiaux, aucun autre judoka ne l'a fait dans l'histoire, pas même celui qui a été élu dimanche "meilleur judoka de l'histoire", David Douillet. Lui s'est arrêté à quatre, avec une dernière couronne décrochée à... Paris. Combattre à domicile, voilà un défi qui sied parfaitement à Teddy Riner, 22 ans et toujours l'envie de se faire plaisir chevillée au corps.
Enfant et combattant
"Déjà un championnat du monde, c'est énorme, mais en plus, quand t'es à la maison, à Paris, devant ton public, t'as envie de briller, de tout donner, t'as pas envie de décevoir le public", confie le judoka tricolore au micro d'Europe 1. Et le public sera là pour lui. Depuis son titre mondial chez les juniors, en 2006, Riner est le visage et le corps (2,03 m et 130 kg !) du judo français, enchaînant titre sur titre dans la catégorie reine, les lourds. Après quatre ans déjà passés au plus haut niveau, le beau bébé du judo français n'a rien perdu de son appétit et continue de mordre dans la vie à pleine dents.
"Il faut prendre tout ce qu'on peut prendre tout de suite", confie ce grand enfant qui n'a pas honte de dire qu'il lit "Mickey Magazine". "Quand je regarde comment le monde évolue, ce qu'il s'est passé au Japon, ce qu'il se passe un peu partout dans le monde, ce qu'il se passe dans les familles de chacun, des cancers à droite à gauche. Tu ne sais pas ce qu'il peut t'arriver. Ca va très vite. Alors, moi je profite." Et Riner profite aussi de sa notoriété pour signer quelques juteux contrats, comme avec cette marque de boissons énergisantes, dont il est l'un des visages de la dernière campagne de pub.
Une revanche à prendre
Malgré les engagements commerciaux et les sollicitations médiatiques, Riner ne fait pas partie des ces champions qui ont oublié de gagner. Chez les seniors, il n'a ainsi perdu que deux combats au niveau mondial et n'est même jamais allé au tapis. Le premier, ce fut à Pékin en 2008 où il fut privé d'une finale olympique par l'Ouzbek Abdullo Trangriev pour non-combativité. Le dernier en date, ce fut l'an dernier, à Tokyo, chez les "toutes catégories", face au Japonais Daiki Kamikawa, sur décision des arbitres. "Grâce à lui, grâce à cette défaite, je suis désormais plus fort, plus déterminé", confie-t-il mardi dans les colonnes de L'Equipe.
Ces deux défaites traumatisantes se sont aujourd'hui transformées en deux défis à relever : le cinquième titre mondial à domicile avant la médaille d'or olympique l'an prochain à Londres. "J'y pense tout le temps", révèle-t-il. "Je me fais tous les scénarios possibles ! Du mec qui me met du truc dans la bouteille, du mec qui m'empêche d'y aller, d'une technique que je "foire" ou que je glisse, l'arbitrage qui est contre moi." S'attendre au pire. Préparer le meilleur. Et prendre la médaille d'or.